Le Château dans le Ciel (analyse)
Laputa (Hayao Miyazaki - 1986)
Le Château dans le ciel est un film d’animation japonais du Studio Ghibli, écrit et réalisé par Hayao Miyazaki. Sorti en 1986 au Japon, le long-métrage fantastique conte les aventures de Sheeta, jeune fille cherchant à rejoindre son ancien royaume flottant Laputa, en compagnie de Pazu.
Laputa : de Gulliver à Miyazaki
Les origines du Château 🏯 dans le Ciel remontent notamment aux célèbres Voyages de Gulliver écrits en 1721 par l’Irlandais Jonathan Swift. Dans la troisième des quatre parties, intitulée Voyage à Laputa, l’île éponyme flotte dans les cieux (proche du Japon) ; elle est notamment une représentation de la perte du sens commun des hommes ayant abusé de philosophie spéculative. Mais selon le récit, son rôle dominateur est très fort, à tel point que le placement de Laputa permettrait de priver les habitants de la Terre de soleil ou de pluie ☔️, pouvant aller jusqu’à écraser totalement les villes rebelles pour asseoir sa domination. Hayao Miyazaki n’aurait pas lu cette partie des Voyages de Gulliver mais l’idée d’une île céleste l’avait séduit dans sa jeunesse.
Les robots gardiens du château seraient une référence à celui imaginé pour la série animée Lupin III. On les rapproche également de la machine du Roi et l’Oiseau, film d’animation de 1980 réalisé par Paul Grimault (et écrit avec Jacques Prévert), dont Miyazaki n’a jamais caché être un admirateur. On peut retrouver une représentation en taille réelle d’un de ces robots, sur le toit du Musée Ghibli à Tokyo. Miyazaki fait également un clin d’œil à Nausicaä en montrant quatre renards 🦊/écureuils qui jouent sur le robot, dans le jardin de Laputa. Ces petites bêtes sont graphiquement identiques à Teto, l’animal de compagnie de Nausicaä.
L’autre inspiration provient du manga Sabaku no Maô (« Satan du Désert ») publié par Tetsuji Fukushima entre 1949 et 1956, et que Miyazaki lut pendant son adolescence. L’une des intrigues de ce manga tourne autour d’un bijou qui permet de voler. C’est ce que l’on retrouvera dans le film à travers, évidemment, les cristaux de Laputa et la pierre de Sheeta.
Partant de ces deux bases, Miyazaki voulait toutefois imaginer un monde terrestre qui lui soit propre, situé autour de la Révolution Industrielle à la fin du XIXè, début du XXè siècle. A l’initiative du producteur Isao Takahata, une partie de l’équipe du film a donc effectué un voyage dans la vallée de Rhondda au sud du Pays de Galles, dont seront inspirés les décors de la ville minière où travaille Pazu. Lors de ce voyage, Miyazaki a été touché par le mouvement de grève initié par les mineurs, face aux difficultés du métier et sa mort lente. L’auteur étant lui-même un ancien syndicaliste, il a voulu retranscrire les difficultés rencontrées, mais aussi la sympathie et le courage des mineurs dans le film.
Pour ce qui est du jeune couple de héros, Miyazaki souhaitait que son film puisse être vu et accessible à des spectateurs plus jeunes que Nausicaä. En revenant à un cinéma d’action moins spirituel, il donne un âge plus jeune à ses protagonistes. Ce couple de préadolescents rappelle sa propre série Conan le Fils du Futur, et inspirera également son idée originale dans Nadia le Secret de l’Eau Bleue en 1990 avec le studio Gainax.
Un des frères de Hayao Miyazaki aurait également confié que les pirates sont une représentation de la fratrie du réalisateur, et que leur cheffe, Dora, serait inspirée de leur propre mère.
Avant de s’appeler Laputa Le Château dans le Ciel, le film a eu plusieurs titres au cours de la production : Pazu et le Mystère de la Pierre volante, Pazu et la Prisonnière dans le Château du Ciel puis Pazu et l'Empire Volant. Le titre de la version internationale par Disney devient seulement Le Château dans le Ciel car en espagnol, « Laputa » peut vouloir dire « la prostituée » de manière vulgaire.
Laputa fera 140.000 entrées de moins que Nausicaä au Japon (soit -16%), c’est d’ailleurs le film qui aura le moins rapporté au Studio Ghibli dans les cinémas de l’archipel nippon. Il reste cependant très apprécié du public japonais, et Miyazaki l’aurait cité comme son Ghibli préféré.
Pour sa treizième diffusion à la télévision japonaise, le 9 décembre 2011, le réseau social Twitter a battu son record de tweets par seconde avec le chiffre impressionnant de 25.088, au moment où Pazu et Sheeta prononcent le mot « Balse » (l’incantation à la fin du film). Le record précédent, établi au moment de l’annonce de la grossesse de la chanteuse américaine Beyonce, était de 8.868 tweets par seconde !
Pour la petite anecdote, Mayumi Tanaka, la doubleuse de la voix japonaise de Pazu, est également celle qui prête sa voix à Luffy, héros de la série animée à succès One Piece.
Cet article, désormais caduc, a servit de base de travail pour rédiger un chapitre très largement étoffé dans le livre L'œuvre de Hayao Miyazaki - Le maître de l'animation japonaise rédigé par Gael :