Princesse Mononoké (analyse)
Mononoke Hime (Hayao Miyazaki - 1997)
Princesse Mononoké est un film d'animation japonais produit par le studio Ghibli. Sorti en 1997 au Japon, ce long-métrage fantastique permet à son scénariste et réalisateur Hayao Miyazaki de connaître une renommée mondiale. Le film conte les aventures du jeune guerrier Ashitaka qui, pour se défaire de la malédiction d'un démon, part à la recherche des dieux de la forêt.
L’œuvre d’un Miyazaki en désillusion
Depuis le diptyque Mon Voisin Totoro / Le Tombeau des Lucioles, le Studio Ghibli jouit d’une popularité importante au Japon, ainsi que d’une trésorerie confortable renforcée notamment par le succès du Pompoko de Takahata. Cinq ans après un Porco Rosso mélancolique, Hayao Miyazaki souhaite explorer une facette plus sombre de son talent de conteur. Sur les bases de Nausicaä, il imagine un rapport de force épique et guerrier entre les hommes et la nature.
Le projet, ambitieux, aura demandé trois ans de travail de production. Mais ses origines remontent bien avant, à commencer par le manga éponyme de 1980, Mononoke Hime réalisé par Miyazaki lui-même, inspiré du conte de la Belle et la Bête. Ce livre unique d'une centaine de pages narre les aventures d’une jeune princesse forcée d’épouser un monstre, Mononoke, aux allures de Totoro mais bien plus cruel. L’histoire diffère nettement de ce que sera le film au final. Pour l’anecdote, l’adaptation du manga original Mononoke Hime a failli se faire après le succès de Nausicaä, mais les producteurs de Tokuma Shoten lui préférèrent à l’époque Le Château 🏯 dans le Ciel.
Si dans la version manga, le titre de « princesse Mononoké » tombe sous le sens, celui du long-métrage peut surprendre, puisque le long-métrage se place du point de vue d’Ashitaka et non de San. Pendant un moment, le film devait d’ailleurs s’appeler Ashitaka Sekki, ce qui signifie « la légende d’Ashitaka ». Il en fut décidé autrement, vraisemblablement puisque San est le seul personnage qui n’appartienne pleinement à aucun des deux mondes : physiquement humaine, elle est rattachée viscéralement à la forêt.
Princesse Mononoke marque également pour Hayao Miyazaki le premier de ses films commencé sans que lui-même n’ait écrit la fin du story-board. Cette situation inédite, qui a tendance à stresser l’équipe de réalisation, s’explique par le fait que Miyazaki souhaite faire évoluer son rapport aux personnages au fur et à mesure de la production. Par exemple, Eboshi devait initialement être tuée à la fin, mais le réalisateur ne put s’y résoudre, ce qui explique qu’elle se fait finalement « seulement » arracher le bras par Moro.
Usé par son travail de directeur sur le film (le réalisateur aura 56 ans au moment de sa sortie), Hayao Miyazaki annonce en interview, peu avant l’arrivée en salle, que Princesse Mononoke serait son dernier film réalisé « à cette manière ». Il sous-entendait la vérification personnelle de 80.000 cellulos (ceux d’animation-clé) sur les 144.000 que compte Mononoke au total. Les raccourcis journalistiques aidant, il fut rapporté dans la presse qu’il s’agissait de son dernier film.
Pour être tout à fait complet, une information peu connue a tout de même son importance. Six mois après la sortie du film, Miyazaki quitta le Studio Ghibli (le 14 janvier 1998) pour fonder un nouveau studio plus au calme, mais très proche géographiquement de Ghibli. Ce studio fut nommé Butaya, ce qui signifie « maison des cochons ». Toutefois dans l’année, Yoshifumi Kondo (réalisateur de Si tu tends l'Oreille) qui devait lui succéder, mourut tragiquement d’un cancer. Le 16 janvier 1999, le réalisateur fit son retour officiel auprès de Ghibli, en tant que directeur.
Cet article, désormais caduc, a servit de base de travail pour rédiger un chapitre très largement étoffé dans le livre L'œuvre de Hayao Miyazaki - Le maître de l'animation japonaise rédigé par Gael :