Parc Ueno (Tokyo), poubelles et tri sélectif en période de sakura

La propreté au Japon

⏱ 9 minutes

Avec le Covid depuis début 2020 et les mesures de distanciation physique, l'hygiène du quotidien (à commencer par le lavage des mains) a été remise sur le devant de la scène. Si nous avons évidemment abordé à de nombreuses reprises la propreté bien connue des Japonais, aucun article ne lui était dédié sur Kanpai et c'est désormais chose corrigée, dans le détail, à travers les 20 points d'attention suivants.

Parc Suigo Sawara Ayame (Chiba), batelier avec masque, gants et en chaussettes

L'hygiène des Japonais

💋 Pas de contact pour se saluer

L'absence de bise ou de serrage de mains pour effectuer les salutations au Japon, remplacée par la courbette, est bien connue.

Mais l'évitement du contact passe par d'autres gestes du quotidien :

  • à la caisse des magasins, on ne touche pas directement les pièces de monnaie, elles ne transitent pas de la main à la main mais par un petit plateau ;
  • dans les boulangeries / pâtisseries, les employés déplacent les produits avec des pinces sur un plateau, et jamais à la main comme en France ou ailleurs ;
  • les chauffeurs de taxi sont équipés de gants blancs, bien que les portes arrières s'ouvrent et se ferment automatiquement ;
  • ...

😷 Le port du masque est la "norme"

Cela a été dit et répété depuis l'arrivée du Covid-19 : les Japonais et d'autres Asiatiques étaient, pendant un siècle, des précurseurs de l'utilisation du masque sanitaire 😷.

Outre le contexte pandémique, ses bienfaits sont reconnus depuis bien longtemps pour éviter la propagation des germes, notamment ceux des virus saisonniers en hiver.

🥢 Oshibori avant de manger

Au restaurant ou à l'izakaya, chaque client qui s'assoit à table se voit remettre un oshibori, une petite serviette chaude qui fait office de rince-doigts : on s'y essuie les mains avant de commencer à manger.

Bien que cela ne soit pas l'usage, certains Japonais en profitent pour également se la passer sur le visage, le cou et la nuque.

Kennin-ji (Kyoto), visite intérieure du temple en chaussettes

👞 Pas de chaussures à l'intérieur

À travers le concept de soto / uchi, les Japonais marquent une vraie différence entre l'extérieur et l'intérieur. Sur un plan physique, elle se matérialise par le genkan : un vestibule d'un ou plusieurs mètres carrés que l'on trouve à l'entrée des maisons et appartements, ryokan, temples ou encore les izakaya (bars-restaurants).

Il est impensable de marcher en chaussures dans un intérieur nippon, chez soi ou dans un espace partagé. On les y retire donc pour marcher à l'intérieur en chaussettes ou en slippers, des sortes de chaussons en plastique (et non pied-nus, toujours par mesure d'hygiène). Il est donc important d'avoir toujours sur soi une paire de chaussettes propre et non trouée !

🚽 Les toilettes japonaises

Avant de s'essuyer, les toilettes japonaises 🚽 proposent des jets : pour le derrière de tous, et pour le devant de ces dames (appelé "bidet"). Chez ces dernières, un son d'ambiance est proposé pour masquer les éventuelles inélégances. Nous expliquons longuement tout cela, par le menu, dans notre article dédié :

Des toilettes gratuites sont accessibles à de très nombreux endroits (gares, konbini, grands magasins, lieux touristiques...), ce qui évite les "épanchements" au coin des rues.

Il semble également que les Japonais hommes soient plus nombreux que d'autres nationalités à faire la petite commission assise et non debout, évitant ainsi les "projections" malencontreuses dans les toilettes.

🧒🏻 Un apprentissage dès l'école

Dès l'enfance, les petits Japonais apprennent naturellement les règles d'hygiène basiques, comme le lavage des mains obligatoire dès le retour à la maison.

Mais la société va plus loin dans l'éducation, notamment à l'école. Ainsi les classes, les parties communes et les toilettes sont nettoyées par les élèves (dépoussiérées, serpillées et récurées) qui forment des petits groupes et tournent pour effectuer les corvées.

Dès la crèche, certains établissement demandent aux tout petits de débarrasser leurs plateaux repas ou participer symboliquement aux tâches ménagères.

Ise-jingu (Mie), balayage des allées du sanctuaire chaque matin 2

🏡 L'entretien devant sa maison

Pour les habitants de maisons dans les quartiers résidentiels, le nettoyage ne s'arrête pas aux limites du terrain dont on est propriétaire.

Ainsi, chacun balaye et entretient au quotidien la portion de trottoir (voire de route) située devant sa maison : on balaye les feuilles mortes ou les saletés éventuelles, on désherbe ses bas-côtés, on déneige... De cette manière, les zones partagées sont préservées et plus agréables à parcourir.

🧹 Osoji : le grand ménage de printemps du nouvel an

C'est une tradition de la nouvelle année : osoji implique de tout nettoyer chez soi, comme un rite de purification.

Ce rituel de ménage complet ne s'arrête pas à la maison ; au travail par exemple, une journée est souvent consacrée au grand nettoyage avant le mois de janvier, offrant de mettre la saleté derrière soi et passer un moment différent avec ses collègues de bureau.

Ryokan Atsumi Onsen Bankokuya (Tsuruoka), bain commun onsen avec douche individuelle

🛁 Se laver avant de prendre un bain

De nos jours, les salles de bains japonaises sont entièrement étanches et l'on se douche avant d'entrer se prélasser dans la baignoire, qui sera partagée avec les autres membres de la famille.

Cette habitude japonaise remonte à l'époque où les logements ne disposaient pas de salle de bains 🛁 individuelle et elle se retrouve encore aujourd'hui dans les onsen ♨️ (source thermale). Historiquement, les sento (bains publics) étaient communs et l'on devait naturellement se laver individuellement avant de rentrer dans les bassins communs.

🚰 Ugai : le gargarisme japonais

En plus du brossage de dents, les Américains ont leur fil dentaire ; les Japonais, eux, ont ugai. Cette routine, bien plus qu'un simple gargarisme, fait partie du processus d'hygiène bucco-dentaire des Japonais, qui permet en outre de garder l'haleine fraîche.

Mais ugai ne s'effectue pas seulement matin et soir ("bukubuku") : les Nippons ont l'habitude de le faire également en rentrant à la maison ("garagara"), après s'être lavés les mains ! Elle vide la gorge des poussières et permettrait notamment de prévenir des caries et des petits virus.

Parc Yoyogi (Tokyo), sac personnel à déchets après pique-nique sous les cerisiers

Dans l'espace public

🗑 Peu de poubelles dans la rue ou les bâtiments

Depuis l'attentat au gaz sarin du métro 🚇 de Tokyo en 1995 (le dernier acte terroriste en date au Japon), avec ses 13 morts et plus de 6.000 blessés, on ne trouve quasiment plus de poubelles dans l'espace public japonais. En conséquence, chacun garde ses déchets avec soi (dans sa poche ou dans un sac) pour les jeter plus tard, par exemple chez soi ou devant certaines chaînes de konbini.

Les détritus ne traînent pas par terre mais il existe de nombreuses associations de nettoyage, qui officient par exemple après la fête de Halloween 🎃 à Shibuya.

👣 Le sol et les façades impeccables à l'extérieur

Dans l'écrasante majorité des rues au Japon, les surfaces sont extrêmement propres, parfois même immaculées. À cela plusieurs raisons :

  • nombreux sont les personnels nettoyants qui officient sur les grandes et moyennes artères, dans les gares, etc ;
  • les véhicules diesel sont interdits depuis 1990 à Tokyo, réduisant les particules fines et les dépôts de pollution visible ;
  • les tags et graffitis sont en quantité infiniment moindres que dans de nombreuses autres grandes villes du monde.

En conséquence, tout est souvent nickel : sols, panneaux, rampes et autres matériels partagés.

Il y a quelques années, nous publiions un article comparant Tokyo à Paris et cela faisait évidemment partie des points de divergence entre les deux capitales :

Train au Japon, nettoyage d'un Shinkansen entre deux trajets

🚄 Le nettoyage fréquent des trains

On appelle cela le "miracle des 7 minutes". C'est en effet le temps qu'il faut aux équipes de nettoyage de Japan Railways pour faire briller un Shinkansen arrivé à chaque terminus de son trajet (remise des sièges dans le sens de la marche compris !).

L'ensemble des trains japonais 🚅 étant gérés par des compagnies privées, on ne badine pas avec la propreté dans les transports en commun.

⚽️ Le comportement dans le sport

L'image fait le tour des médias et réseaux sociaux à chaque Coupe du monde, par exemple ces dernières années avec le rugby (à l'automne 🍁 2019) et le football (en début d'été 2018) : à la fin des matches, les supporters nippons ramassent tous leurs détritus, laissant des gradins presque immaculés qui tranchent largement avec ceux d'autres nationalités. Leurs joueurs leur emboîtent le pas en nettoyant eux-mêmes leurs vestiaires.

Les Japonais se font ainsi involontairement une belle publicité de leurs civisme et propreté face au monde entier ébahi, alors que le geste semble finalement si évident.

🚬 Fumer uniquement dans des lieux définis et clos

Au Japon, il est interdit de fumer dans la rue. Les accros à la cigarette doivent chercher des "smoking areas", ces espaces vitrés hermétiques munis d'extracteurs. Les non-fumeurs sont donc protégés à la fois des odeurs, mais également des cendres et des mégots par terre.

Sur des zones plus vastes comme les plages 🏖, beaucoup de Japonais sont munis de cendriers de poche pour ne pas polluer.

Ces dernières années, les interdictions se multiplient au sujet des lieux où il était encore possible de fumer, notamment les restaurants, rattrapant ainsi un des derniers petits retards.

Futarasan (Nikko), bassin de purification chozuya

Temizu : se purifier avant d'entrer au sanctuaire

Le rituel est sans doute aussi voire plus spirituel qu'hygiénique, mais on doit se purifier les mains et la bouche à l'eau claire avant de fouler le sol d'un sanctuaire shinto, en passant par un pavillon cérémoniel appelé chozuya.

Et même si la pratique est ici et là bannie en 2020 avec le Coronavirus 🦠, gageons qu'elle reviendra une fois que la situation sera éclaircie.

👗 Les cabines d'essayage

Dans les boutiques de mode japonaise, on commence par enlever ses chaussures pour accéder aux cabines d'essayage.

Pour passer un vêtement, l'on doit porter un masque spécial pour éviter de tacher les pièces avec du fond de teint, de sorte à ce que les vêtement puissent être utilisés dès le client suivant sans avoir été souillés, s'ils ne sont pas achetés immédiatement.

🤧 La distribution de mouchoirs

Dans les quartiers les plus courus, généralement autour des gares, parfois des employés en baito (intérim) distribuent gratuitement des petits paquets de mouchoirs. Au dos se trouvera une publicité pour un restaurant local ou encore service en ligne.

Si l'étiquette veut qu'on ne se mouche pas en public au Japon, le mouchoir reste un accessoire utile à bien d'autres fins. La contrepartie : on entend renifler à tout bout de champ au Japon, en particulier en hiver lorsque le rhume saisonnier fait rage.

🏘 Les déménagements

Loin de l'image du casting de Brutus écervelés, les sociétés de déménagement au Japon portent une attention toute particulière à ne pas souiller les logements ni leurs extérieurs. Ainsi, les sols et les murs notamment des parties communes dans les immeubles sont tapissés et couverts pour ne pas les abîmer.

À l'intérieur des maisons ou appartements, les déménageurs se déplacent en chaussettes et, comble du détail, en changent entre le logement de départ et celui d'arrivée !

Parapluie au Japon, sac en plastique de protection pour parapluie mouillé

🌂 Le sac à parapluie

Outre le bac commun où l'on pose son parapluie mouillé en entrant dans un commerce, certaines grandes chaînes ou centres commerciaux proposent une solution alternative qui permet non seulement de ne pas l'égoutter, mais en plus d'éviter de se faire "emprunter" malencontreusement son parapluie.

Il s'agit d'un petit sac en plastique, comme une sorte de préservatif qu'on enfile au parapluie d'une seule main.

Bien que peu écologique, le concept résumerait presque à lui seul toute l'idée de la propreté japonaise.

Mis à jour le 10 décembre 2020 - Cleanliness in Japan