De l'apprentissage difficile du japonais
Langue japonaise, dure à parler et écrire ?
L'apprentissage du japonais commence, pour beaucoup j'imagine, entre 16 et 20 ans. La voie dite « royale » est de se le faire enseigner à l'université, de passer le JLPT puis d'aller faire un plus ou moins long séjour au Japon pour compléter son apprentissage.
Autour de moi, je ressens une forte curiosité des non-japanophiles à propos de la supposée difficulté d'apprentissage de la langue japonaise. Tous ces signes étranges (des quoi ? des kanji ?), ça intrigue, parfois même ça inquiète...
Le cerveau humain est fait de telle sorte qu'à partir de très tôt, il ressent un besoin de communiquer. Et qu'à cet âge là, il est encore vierge de tout formatage linguistique (l'hérédité peut faire débat, mais je ne prétends pas rentrer là-dedans). C'est la raison pour laquelle on précise à raison que le meilleur apprentissage bilingue est celui où chacun des parents d'un enfant lui parle dans sa propre langue maternelle.
Justement, avez-vous déjà remarqué à quel point les enfants, jusqu'à l'adolescence, épongent le savoir qui leur est transmis et intègrent avec facilité les apprentissages : langue, sport, connaissance, etc. C'est parce que leur corps et leur esprit ne sont pas encore fixés sur des routines d'utilisation permanente, et que leur ouverture à de nouvelles paternes est encore presque intacte. Le passage à l'âge adulte referme souvent cette faculté.
Faites commencer l'apprentissage du japonais à deux individus de capacité intellectuelle équivalente, l'un à 5-10 ans, l'autre à 45-50 ans. Même programme, même volume horaire, mêmes objectifs. Je prends le pari que le gamin progressera n fois plus vite que son aïeul.
Je mets de côté les facilités et affinités de chacun sur la capacité d'appréhension et l'intérêt pour un domaine en particulier. Personnellement, je crois aux cerveaux linguistes comme on peut reconnaître les scientifiques.
Un ami m'avait raconté une anecdote passionnante : une Chinoise de ses connaissances, quadrilingue, ne réfléchissait plus en mots mais en idées, ce qui lui permettait de faire un gymkhana plus que facile entre ses langues. La réflexion en forme de phrases, c'est l'écueil numéro 1 du thème (par opposition à la version) qui reste discret dans les langues latines comme l'espagnol, un peu moins vers l'anglo-saxon, et carrément pénible pour des langues lointaines du français comme le chinois ou le japonais.
Très tôt dans l'apprentissage de ces idiomes, donc, il faut chercher à s'émanciper de nos habitudes de formulation pour absorber une approche plus idéelle et moins fonctionnelle.
Plus tard, il pourra être intéressant de remarquer que les schémas de fonctionnement et d'articulation d'une langue, à l'écrit comme à l'oral, façonnent l'inconscient collectif et s'articulent dans la vie sociale des groupes de population.
Mais si ça peut vous rassurer, et parce qu'on ne le dit certainement pas assez : la langue japonaise est une langue relativement facile à intégrer. L'oral est d'une logique souvent bluffante, avec son absence de conjugaison, sa prononciation évidente, ses rares déclinaisons et son articulation de l'ordre des expressions via les particules. Et pour l'écrit, mes amis, ne cherchez pas midi à quatorze heures et faites chauffer le par-cœur !