Metroid Prime
Après quelques gros titres de grande qualité, la GameCube semble enfin se doter d'un jeu qualitativement incontestable et incontesté. Un de ceux qui se taillent la part du lion dans la race tant adorée des killer-aps. Respectés pour leur sérieux, leur homogénéité, leur aspect technique ou bien ludique, ils appartiennent à la catégorie des titres archétypaux.
Metroid Prime est de ceux-là. Il explose, dans un tourbillon technique d'effets visuels servis par un gameplay sans faille et instinctif au possible, sur une bande sonore parfaite dans l'appréciation de son ambiance.
Pour une séquelle espérée huit longues années, Nintendô n'aura pas déçu les amoureux de la série en confiant le projet à Retro Studios, jeune développeur et récent second party que l'on n'aurait jamais soupçonné si talentueux. Pourtant, Metroid Prime a dû affronter, au long de son développement, une foule de critiques. Après l'euphorie due à la présence de Samus dans la vidéo promotionnelle de la GameCube au Space World '00, les adorations aveugles se sont vites montrées plus discrètes à l'annonce d'une vue à la première personne. C'est con, un fan. Il veut tout, sauf que l'on dénature sa série. En l'occurrence, effectivement, on aurait pu croire à un tel massacre. C'est sans compter le talent d'un Retro Studios encore quasiment inconnu au bataillon.
Les premiers hands-on ont eu tôt fait de renverser la pression. Comment ? Un Metroid aux allures de FPS, jouable et fidèle aux anciens épisodes ? Rares furent ceux à y croire. Il a pourtant fallu se rendre à l'évidence. Preuve irréfutable : la moue amère à l'allumage de la console, feignant de n'être bluffée par l'aspect technique éblouissant, se mue immédiatement en sourire impressionné, ébahi voire heureux dès les premiers pas de Samus. Tout y est. Enfin. La saga Metroid retrouve ses lettres de noblesse à travers une aventure épique de vingt bonnes heures, signifié du terme aux faux airs mercantiles "FPA", mais pourtant si juste.
Le synopsis de ce Prime prend place sur Tallon IV, peu après que Samus a commencé sa nouvelle investigation sur une étrange station orbitale. Au cours de celle-ci, les cadavres et autres pirates de l'espace mourants, les créatures étranges, et surtout la surprise de retrouver subrepticement son nemesis Ridley interpellent notre héroïne. Après cette courte mise en bouche de deux petites dizaines de minutes, au cours de laquelle Retro Studios se paye l'outrecuidance de nous proposer pour cette même durée la quasi intégralité de l'armement de Samus, la véritable aventure démarre sur Tallon IV avec une nymphette de l'espace équipée seulement de son simple tir. Au joueur de recouper les éléments de scénario au long de Metroid Prime, tout en récupérant son équipement à travers cinq environnements principaux de Tallon IV.
Techniquement, au risque de me répéter, il s'agit là d'un des titres les plus impressionnants disponibles sur le marché à l'heure actuelle. Le Metroid GC ne joue pas à contre-courant, il s'impose presque nonchalamment en démonstration technique classique diablement efficace. Précis et détaillé à l'extrême, non sans conserver une clarté et une homogénéité constantes, le jeu impressionne par tant de maîtrise. Les compositions sonores, quant à elles, touchent juste et participent plus encore de la création de cette ambiance tour à tour intrigante, pesante ou suffocante, mais toujours passionnante.
Pourtant, c'est encore dans sa maniabilité que Metroid Prime fait la différence… La célèbre "Nintendô difference", à n'en point douter. Retro Studios a été superbement briefé par les équipes internes de la firme de Kyôto, cela ne fait aucun doute. Utilisant génialement une manette GameCube déjà idéale en prolongation des deux mains humaines, le gameplay du titre pose tout simplement un nouveau genre : le First Person Adventure, en rapport au First Person Shooter traditionnel. Pour expliquer le FPA selon Retro Studios, pas besoin de chercher loin : il s'agit du portage avec brio du gameplay Metroid dans un univers tridimensionnel en vue à la première personne. Tout y est, et même plus. Idéalement.
Metroid Prime illumine la GameCube, s'offre sans tambours ni trompettes en tant que digne représentant d'une machine qui en a décidément dans le ventre, et rabaisse six pieds sous terre tout ce qui a pu se faire auparavant en matière de jeu en 3D vu à la première personne. Nintendô possède son nouveau titre phare, ainsi qu'un nouveau développeur dans son arsenal exclusif. Pour un coup d'essai, ou apparenté, c'est bel et bien un véritable coup de maître qui sera, n'en doutons pas, encore largement amélioré avec le nouvel épisode de cette saga que l'on attend déjà avec force impatience.
Analyse
Proposée par Julien
Ca y est ! La légende renaît ! Après huit ans d'absence, Samus est enfin de retour pour une grande aventure, en 3D, sur Gamecube. Les premières impressions sur ce titre déjà considéré comme meilleur jeu de l'année 2002 aux Etats-Unis.
Peur, oui, on peut dire que ce Metroid Prime m'aura fait peur. De l'annonce du développement du titre à sa sortie, de nombreuses sueurs froides se seront succédées. Tout commence par un Nintendô qui annonce déléguer le titre à une toute jeune équipe, Retro Studio. Difficile de ne pas s'inquiéter de voir une licence de cette envergure partir chez un développeur qui a tout à prouver. Et les premiers mois de développement ont tendu à confirmer cette inquiétude. Surtout le jour où les lettres FPS ont été utilisées pour décrire le style du jeu. Le déroulement du projet aura été plus que chaotique.
Heureusement, Nintendô y a toujours cru, et en plus de racheter la totalité de Retro Studio, ils ont aidé autant qu'il le fallait le jeune second party pour que le jeu soit à la hauteur des attentes des fans.
Et heureusement, aujourd'hui, en mettant la main sur ce titre, je peux enfin souffler, car ce Metroid Prime est une franche réussite ! Dès le démarrage, on sent la grosse production bien finie, avec une page de titre et des menus sublimes (dans les plus beaux faits à ce jour). Tout en image synthèse, le jeu en jette déjà avant de commencer. Et dès que l'on démarre la partie, immédiatement, on retrouve ses marques. Comme pour tout bon Metroid, le jeu ne s'encombre pas trop en cinématiques inutiles et présente donc le minimum de scénario, ne faisant pas attendre plus longtemps le joueur impatient de diriger à nouveau Samus.
L'on sort du vaisseau, et tout de suite, bien que le jeu soit représenté à la première personne, on retrouve les marques des précédents Metroid, grâce à une jouabilité aussi précise qu'instinctive. Contrairement aux FPS, Metroid Prime ne gère pas les deux sticks pour les déplacements. On dirige donc Samus avec le stick gauche pour avancer, reculer et tourner à gauche et à droite. Pour regarder autour de soi, il suffit d'appuyer sur R. Avec L, on locke les ennemis pour leur tourner autour ou straffer à gauche et à droite. Bien pratique pour les phases de shoot ! Côté boutons d'action, A sert à tirer avec l'arme de base, B sert à sauter, Y permet d'utiliser les missiles, X transforme Samus en boule et Z affiche la carte. Restent la croix directionnelle et le C-Stick, qui servent à changer de viseur pour la croix, et à changer d'arme de base pour le C-Stick. Tout se fait donc depuis le pad, sans avoir recours en permanence à l'inventaire. Bien pratique ! Une petite inquiétude liée aux FPS venait de la gestion des sauts. Les Metroid sont réputés pour être des jeux avec de nombreuses phases de plate-forme verticales et horizontales, et l'on pouvait craindre que la vue à la première personne rende ces phases problématiques. Heureusement, il n'en est rien. Avec le contrôle à un stick, les sauts sont précis et ne donnent pas le mal de mer. Excellent !
Graphiquement, le jeu est juste superbe. On retrouve le classique mélange de technologie et de nature propre à la saga Metroid, représenté cette fois dans une 3D de très haut niveau. Les textures sont fines et les décors composés de très nombreux polygones, le tout ponctué de nombreux effets de lumière. Enfin le tout tourne à 60 images/secondes permanentes, ce qui est vraiment appréciable pour la fluidité de l'animation. Vraiment, techniquement, Metroid Prime en jette et vient carrément détrôner un certain Halo sur Xbox.
La bande son est également excellente, puisqu'elle reprend quelques thèmes des précédents Metroid, bien remixés, tout en y ajoutant des nouveaux, et n'oublie pas non plus de reprendre les traditionnels "jingles" et sons inoubliables de la saga. La bande son change également en temps réel, ce qui est vraiment agréable pour l'immersion.
Côté gameplay, on pouvait craindre le pire avec la vue à la première personne. J'imaginais d'ailleurs que de nombreux éléments seraient passés à la trappe une fois le jeu en 3D à la première personne. Cependant, il n'en est rien, et mieux, ce Metroid reprend tout ce qui a fait le succès de la série, tout en ajoutant de nouveaux éléments. Par exemple, l'on peut changer de viseur et ainsi à la place d'attaquer scanner les environs à la recherche d'informations. Vraiment très utile ! En dehors de ceci, tout se déroule vraiment comme un Super Metroid en 3D. Le jeu fait donc honneur à ses origines.
Après quelques heures de jeu, je suis vraiment conquis. Moi qui me faisais un sang d'encre face au passage en 3D de la saga Metroid, je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Pour tout vous dire, depuis que j'y joue, je ressens encore plus d'excitation face à ce jeu que pour Super Mario Sunshine. Et pourtant, en temps normal, rien ne me procure plus de plaisir qu'un Mario. Metroid Prime est donc un très grand jeu, pour ne pas dire LE jeu de l'année, et je ne peux que féliciter Retro Studio pour son travail. Le développement aura été difficile, mais ils peuvent être très fiers du résultat.