No Bra
Salut, moi c’est Masato. Je suis lycéen, et si vous lisez trop de shônen, pour vous les francophones, nous autres Japonais le sommes tous ou presque. Je ne suis pas particulièrement une belle gueule, en revanche je suis assez débile et pervers sur les bords. Mes amis sont un peu dérangés, et n’ont pas franchement de succès. Le scénariste a décidé que mes parents avaient miraculeusement disparu, sans doute parce qu’ils n’auraient servi à rien dans mon histoire. Il a plutôt rendu toutes les filles canon, et miraculeusement amoureuses de moi. Personnellement, je m’en tape : je préfère amplifier des quiproquos créés par mon colocataire qui ressemble et vit comme une nana. Comment ça, vous avez l’impression de m’avoir déjà lu ?
De toute façon, je me lis très vite. KAWATSU Kenjirô, mon papa pinceau, ne fait durer mes aventures que cinq volumes. En un millier de pages, il a sûrement jugé qu’il avait suffisamment pompé I’’s comme ça. Le problème, c’est que non seulement il n’invente rien, mais il glisse encore sur des situations pourtant intéressantes, au lieu d’utiliser pleinement leur potentiel. Car même s’il m’a flanqué d’un homosexuel déguisé en fille canon, et qu’il me fait douter de mes sentiments à son égard, il reste très limité et superficiel dans sa réflexion. Comme si tout était prétexte pour faire du romantico-débile et montrer des petites culottes.
Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que KAWATSU ne se pose pas les bonnes questions, s’il s’en est jamais posé. L’homosexualité n’est pas souvent évoquée dans les manga en-dehors du yaoi de qualité très inégale, et je sais bien que No Bra n’arrive pas à la cheville de Family Compo. Même graphiquement, ce n’est pas exceptionnel. Quand je me regarde, je trouve le trait fin et précis, mais je me rends bien compte que les sentiments ne sont pas très détaillés, et que les décors sont tout simplement inexistants.
Alors pour vendre son produit, je pense qu’on a demandé à mon auteur de mettre un peu d’érotisme dans le manga. Du coup, on voit bien de temps en temps une petite culotte ou un soutien-gorge (anéantissant par la même occasion le titre du manga). Mais guère rien de plus. En revanche, si vous ne connaissez pas bien les lieux-clé des manga du genre, je les revisite tous pour vous : lycée, chambre d’étudiant, piscine, plage 🏖, chalet à la neige ❄️, et bien sûr onsen ♨️. Il ne s’y passe rien d’original, mais bon, c’est déjà ça. Non ? Ah bon, tant pis. On repassera alors ?
Non, merci.