Phoenix Wright Ace Attorney
Gyakuten Saiban Yomigaeru
Une simulation d’avocat, il fallait oser, Capcom l’a fait. Depuis 2001, les enquêtes de Naruhodo (rebaptisé Phoenix Wright en occident) connaissent un succès sans précédent sur GBA au Japon. Il aura fallu attendre cette semi reprise sur DS pour que le titre s’exporte internationalement et puisse être découvert par le plus grand nombre. Car sous des airs fantasques, Gyakuten Saiban vous propose bel et bien de résoudre des affaires de meurtre. Il demande donc une certaine attention aux détails et, bien entendu, une très bonne compréhension de la langue.
Cette version DS contient cinq enquêtes : quatre issues des volets GBA et une spécialement développée pour la dernière portable de Nintendô. Les quatre premières n’ont absolument pas été modifiées, du coup l’écran du bas ne sert à rien ou presque. Seules quelques compatibilités avec les fonctionnalités tactiles ou vocales ont été implémentées, pour pouvoir naviguer plus rapidement et crier « Hold it ! », « Objection ! » ou « Take That ! » au lieu d’appuyer sur un bouton. Hormis ces petits plaisirs non feints, 80% du jeu peut donc se faire intégralement aux boutons et à la croix.
Le portage GBA ne passe donc pas inaperçu. L’impression de figé n’est pas seulement graphique, elle est aussi présente dans le gameplay. L’impression de vieux dôkyûsei prend parfois le pas, lors des moments les plus dirigistes et linéaires. De plus, les décors et personnages en bitmap, à l’ancienne, n’ont pas beaucoup de variantes et le tout paraît parfois un peu limité. Tout est plus ou moins à l’image des bruits de foules lors des séances au tribunal : cela rappelle ce bon vieux Track & Field, avec son aspect désuet mais délicieusement rétro.
Heureusement, la cinquième enquête vient mettre un peu de fraîcheur dans ce Gyakuten qui nous paraissait un poil redondant dans sa jouabilité jusqu’à lors. Toutes les fonctionnalités particulières de la DS sont mises à contribution : de l’écran tactile pour y poser ses empreintes au micro pour souffler dessus, et une meilleure utilisation du double écran. Ces nouvelles possibilités viennent s’ajouter aux améliorations DS sensibles dans les premières enquêtes pour un résultat détonnant. Vivement un nouvel épisode entièrement réalisé de cette manière !
Mais reprocher tous ces petits détails inhérents au portage, c’est également contrebalancer une mise en scène audacieuse et un humour omniprésent. Capcom a un lourd héritage en matière de jeu de baston et entend bien l'utiliser pour rajouter du punch à nos enquêtes. Le titre est donc bourré de provocations, de notes d’humour et de rivalités bien senties entre les protagonistes. Malgré ces quelques reproches concernant la linéarité, l’IA ou les baisses de rythme, ce Phoenix Wright est à saluer pour son audace et son bon esprit, qui vous feront passer de longues heures devant la DS.