Real (Kiyoshi Kurosawa)
On connaissait le réalisateur Kurosawa (Kiyoshi, pas Akira) notamment pour Cure, Kairo ou encore Tokyo Sonata. Fleuron prolixe du cinéma japonais moderne, son dernier film en date est sorti en France en mars au cinéma, puis en cette fin d'été en Blu-Ray et DVD. Real est en fait une libre adaptation du roman de l'écrivain Rokuro Inui, Un jour parfait pour le plésiosaure.
Le long-métrage met en scène Takeru Sato (Koichi) et Haruka Ayase (Atsumi), connus respectivement pour l'adaptation de Kenshin et dans le milieu du drama. Après la tentative de suicide d'Atsumi, son compagnon participe à un programme neurologique lui permettant de rejoindre son subconscient, alors qu'elle est coincée dans un coma. Real retrouve donc l'appétence de Kurosawa pour le couple, après avoir largement mis en scène la famille.
Sans dévoiler le scénario, le film emprunte à la fois à Inception, Shutter island ou encore à Eternal sunshine of the spotless mind. Par-là même, il s'attaque à des poids lourds du sujet et n'apporte malheureusement ni le talent d'angle dans l'écriture, ni les compétences techniques pour le mettre en scène. Ainsi, malgré un scénario original intéressant, le déroulé et le rythme s'avèrent extrêmement mal inspirés, du coup plusieurs bonnes idées retombent comme des soufflés.
Deux twists en particulier, qui pouvaient renverser le film et largement abonder pour son intérêt, se révèlent étrangement mal gérés et témoignent d'un vrai gros problème de montage qui dessert totalement le film.
C'est d'autant plus dommage que Real est emprunt d'une certaine esthétique qui semble témoigner d'un budget élevé et d'un bon travail de recherche. À ce titre, la plupart des décors s'avèrent bien construits et de bonne facture, à l'image des plans sur l'île fictive tournés au sud de Fukushima, sur une île terrassée par le tsunami de mars 2011.
Pour autant, on ne pourra que s'étonner à la vue de cascades complètement à la ramasse et surtout d'effets spéciaux d'un autre âge ; l'intégration, en particulier, est absolument catastrophique comme le montrent par exemple les passages en voiture 🚙, ou encore toute la dernière séquence. Pour couronner le tout, l'interprétation est affreusement surjouée dans la plupart des séquences.
Du coup, il devient quasiment impossible de rentrer dans le film dès la fin de son premier tiers. La seconde moitié interminable s'entête à déconstruire maladroitement les bases de la première partie, sans jamais parvenir à maîtriser sa problématique qui ne cesse de se diluer en circonvolutions inutiles. Quant au final, on ne trouve pas d'autre mot que "grotesque" pour le définir.
Real offre donc un résultat très en demi-teinte et sonne à nos yeux comme un "réel" gâchis.