Starfox Adventures
L'avis de Julien
Avant de quitter définitivement Nintendô pour Microsoft, Rare nous offre, en guise d'adieux, ce jeu tant attendu et maintes fois repoussé. C'est donc avec une certaine nostalgie du passé que j'insère le disque orange et violet (choix de couleur assez étrange d'ailleurs) dans ma NGC.
Cependant, les premières secondes sont plus décevantes qu'émouvantes. Alors qu'à son habitude, Rare soignait les logos avec des animations toujours rigolotes (on se souviendra notamment de Conker massacrant le logo N64 à la tronçonneuse), dans SFA, on retrouve un banal logo Nintendô rouge, statique, sur fond noir, suivi du logo Rare, lui aussi dépourvu d'animation et posé au milieu d'un écran noir. Mais le plus étonnant se situe plus loin. Après les logos, on pouvait s'attendre à une petite introduction, et oui, il y en a une. Mais pas le genre d'introduction auquel ont pouvait s'attendre. En fait, il s'agit d'un trailer dans l'esprit de ce que l'on trouve sur internet 📶, moyennement bien compressé et même pas en plein écran balancé comme ça, comme si il n'y avait rien eu d'autre à mettre. Assez décevant, car cela donne d'entrée l'impression que le jeu a été fini en vitesse, alors qu'il est tout de même en développement depuis bien quatre ans. Mais bon, ce ne sont encore que des détails. Passée cette "intro", pas de page de titre non plus, mais ça n'est pas trop étonnant, vu que de nombreux jeux Rare n'en avaient pas non plus. On se retrouve donc directement dans le menu, superbement réalisé d'ailleurs. Enfin, on retrouve les marques de Rare ! Comme prévu, ce SFA est donc un jeu d'aventure-action se jouant à la manière des épisodes de Zelda sur N64 entrecoupé de quelques phases de shoot. Les deux phases s'enchaînent bien, leur jouabilité est pour toutes les deux parfaites. Cependant, on sent quand même que les phases de shoot auraient pu être plus poussées. Elles ne sont là que pour rappeler les origines de Fox, et ne sont donc pas toujours très intéressantes et malheureusement assez répétitives.
Techniquement, ça sent bon le jeu Rare. Décors soignés aux nombreux détails, persos modélisés à la perfection et expressifs et surtout ralentissements. Certes, ils sont nettement moins présents dans SFA que dans leurs anciens titres sur N64, mais tout de même, sur une machine comme la NGC, ça ne devrait pas exister. Cependant, vu que Super Mario Sunshine ralentit aussi de temps en temps, on ne va pas trop leur en vouloir pour ça, mais tout de même, là encore, pour un jeu en développement depuis si longtemps, c'est limite inacceptable. Mais cela ne gâche tout de même en rien les environnements tout simplement sublimes, faisant d'ailleurs de ce SFA le plus beau jeu en 3D temps réel sur NGC. Un autre détail technique assez énervant vient de la trop forte présence de bugs de collision. On a l'impression que, pour sortir impérativement le jeu avant l'annonce du X02, les "debuggers" de chez Rare ont fait l'impasse sur ces problèmes. Du coup, il n'est pas rare que Fox passe à travers de nombreux objets. Dommage !
L'ambiance sonore est, quant à elle, comme d'habitude chez Rare : parfaite ! Elle colle toujours à l'action, les compositions sont superbes et comme sur N64, il n'y a pas de coupure de son lorsque l'on passe d'un endroit à l'autre, mais la musique se transforme. De plus, les dialogues sont doublés en anglais, même si au départ, certains personnages parlent le "dinosaure", une langue tout sauf compréhensible.
Un autre point qui montre la "précipitation" de la sortie est tout simplement la durée de vie. Contrairement aux autres jeux Rare, SFA n'offre qu'une durée de vie de moins de 20 heures. On est très loin des 40 annoncées. De plus, une fois le jeu fini, il est fini. On ne peut plus revenir en arrière, et il n'y a plus rien à collecter. Pas le moindre petit bonus, rien. Donc après quelques heures certes intenses, le jeu peut repartir prendre la poussière sur votre étagère, ou rejoindre les rayons des jeux d'occasion des boutiques. Vraiment dommage ! Rare nous avait habitués à mieux à ce niveau-là.
En lisant ma critique, vous constaterez sans doute que j'évoque plus les détails négatifs de ce jeu que les réels points positif. Mais ne vous y méprenez pas, SFA est un excellent titre, très bien réalisé, et j'ai pris énormément de plaisir à le faire. Cependant, il n'atteint pas le degré de perfection que l'on était en droit d'attendre d'un jeu en développement depuis si longtemps. Mais il reste malgré tout, avec son gameplay agréable, ses graphismes sublimes, son ambiance envoûtante et son scénario intéressant, un bien beau dernier cadeau de la part de Rare, que l'on regrette déjà sur Gamecube.
L'avis de Gael
Star Fox Adventures possède deux caractéristiques majeures qui le classent dans les jeux à part. Son développement a bénéficié de multiples retards, l'inscrivant d'office dans le haut du classement des jeux les plus attendus de l'histoire du jeu vidéo 🎮 ; il s'agit en outre du dernier jeu Rare sur une console de salon Nintendô. Au cours des quatre longues années qui ont précédé sa sortie, Star Fox Adventures a (trop ?) souvent subi les affres redoutables des fans en tous genres. Pro et anti s'en sont donnés à cœur joie pour vanter ses mérites ou au contraire le rabaisser. La tâche s'annonce rude, mais il va nous falloir critiquer le titre avec la plus stricte objectivité. Verdict.
Les premières minutes de jeu nous surprennent agréablement. Rare a su en effet, pour son premier et unique développement GameCube, tirer parti de la puissance tranquille de la machine. La constatation est évidente : SFA se hisse sans problème au rang des titres les plus aboutis techniquement sur GC, voire tous supports confondus. Graphiquement, d'une part, le jeu assoit nettement son potentiel : décors, personnages, effets de lumière et profondeur de champ, tout dans SFA respire le haut de gamme. Musicalement, d'autre part, Rare a su créer une quantité de compositions superbes et variées, compatibles DPLII. Seul petit reproche à souligner : l'animation, pourtant à 60fps, montre quelques signes de faiblesse lors des rotations et affichages importants, ou au cours du chargement des thèmes musicaux à venir. Contreparties non négligeables : la bande sonore ne se coupe jamais, et le rythme du jeu ne saura être altéré à aucun moment par des temps de chargement.
Si l'aspect technique de SFA ne peut guère faire l'objet de critiques, sa jouabilité me cause plus de soucis. Les déplacement, navigation dans les menus et autre utilisation des items s'avèrent parfaits. Mais autant le système des Zelda 64 reste parfaitement adapté aux jeux d'aventure, autant Rare a négligé certains points inhérents à cette maniabilité. Les combats, par exemple, s'ils restent agréables à regarder, deviennent vite insipides à jouer. Entre les ennemis (peu variés) qui défilent un par un bien sagement, et les rares combos réalisables uniquement avec le bouton A, les affrontements vous ennuieront rapidement. De même, ne pas avoir mis plus en avant les superbes et intéressantes phases de shoot en Arwing s'avère une grosse déception. Plus globalement, l'un des plus gros défauts de ce nouveau Star Fox reste sa linéarité, écueil pourtant bien connu des jeux d'aventure. L'on pourrait presque résumer SFA à une suite d'énigmes entrecoupées de combats et de mini-jeux. Dommage que la sensation de liberté n'ait été plus importante.
Hormis ces quelques regrets concernant la jouabilité, force est de constater que le titre a fait l'objet de trop nombreuses critiques de mauvaises foi en regard de sa qualité globale. On pourra toujours, bien entendu, lui reprocher sa durée de vie relativement courte ou des choix criticables dans le gameplay. Toutefois, Star Fox Adventures restera malgré tout un jeu d'aventure excellent, dans la lignée des plus grands titres du développeur anglais, et surtout le dernier beau cadeau de Rare à Nintendô. En cela, il serait fort dommage de passer à côté.