Surclassement en avion et légendes urbaines
Classe affaire, sur-réservation et Miles
On entend régulièrement des histoires ou des conseils expliquant comment se faire surclasser plus ou moins à coup sûr lors de votre prochain vol. Sauf que l'aviation civile ne fonctionne pas sur ce principe, a fortiori dans les longs-courriers souvent pleins à craquer qui décollent et atterrissent au Japon.
Que ce soit votre anniversaire, votre voyage de noces ou que vous ayez une jambe dans le plâtre, le personnel au sol ne va certainement pas venir vous chercher avec le champagne pour vous caler gracieusement en première classe avec une hôtesse privée à vos petits soins. Quoi qu'on en dise, vous êtes un passager comme tous ceux qui montent à bord d'un avion ✈️ et on vous offrira le même service (plus ou moins bon selon les compagnies) qu'aux centaines d'autres qui font le trajet en même temps que vous. Même enceinte, stressé(e) ou malade, on vous surveillera sans doute plus que les autres mais vous ne bénéficierez d'aucun traitement de faveur supplémentaire.
Bien souvent, les vols sont prévus avec une sur-réservation, ce qu'on appelle également le surbooking. C'est une pratique tout à fait légale utilisée par la plupart des compagnies aériennes, qui répond à des besoins de remplissages évidents (en particulier en temps de crise) et qui fonctionnent sur la base de statistiques empiriques et prévisionnelles très précises. Car pour chaque aéroport et chaque vol, il y a un certain pourcentage ou volume de passagers qui ne se présenteront pas. Peut-être parce qu'ils ont manqué leur correspondance (par exemple à cause d'une autre compagnie aérienne ou de la SNCF) ou encore parce qu'ils ont une incapacité liée à leur santé, entre autres causes.
Quoiqu'il en soit, c'est ce qui explique que la plupart des vols vers le Japon, en particulier les directs avec les compagnies japonaises (JAL / ANA) et française (AirFrance), soient pleins ou à quelques sièges près. C'est principalement le cas en cabine économique, naturellement, mais également parfois en business (classe affaires). Oubliez donc le costume ou l'enregistrement volontaire au dernier moment ; si le vol est déjà plein, vous risquez surtout de voir votre départ reporté au prochain départ sans autre forme de procès, peu importe le motif de votre cravate ou votre rasage au poil (!). Tout au plus vous remboursera-t-on la nuit dans une chambre riquiqui du Formule 1 à côté et les trajets en bus pour vous y rendre.
Pousser la chance et le hasard
Il nous est arrivé une anecdote intéressante un soir en salle d'embarquement pour un Air France Roissy-Narita. Une petite heure avant le départ, le personnel au sol a fait une annonce indiquant qu'il y avait cinq personnes en trop sur le vol qui allait décoller. La compagnie cherchait des volontaires pour reporter leur trajet au lendemain, contre 600€ en cash ou 800€ en bons d'achat Air France, ainsi que la nuit d'attente en hôtel 🏨 et les repas. À titre d'information, la loi prévoit effectivement un tel dispositif.
En discutant de manière informelle avec l'équipage, il apparaît très clairement que dans ce genre de cas, il s'avère facile de négocier en plus de cette offre (une classe affaires, des Miles sur un programme de fidélité, etc.). Car sans volontaire, les cinq derniers enregistrés seraient reportés au lendemain sans marge de compensation et, dans ce cas, l'image de la compagnie en pâtit sensiblement. De notre côté, nous n'avons pas pu en profiter car nous avions deux rendez-vous non modifiables calés dès notre premier jour d'arrivée au Japon. Mais imaginez que vous ayez payé 800€ votre Paris-Tokyo, il y a donc tout à fait la possibilité de vous offrir le luxe d'un aller-retour gratuit en business, contre un seul jour en moins sur votre voyage au Japon ! Ce genre de situation reste relativement peu courant, donc ne comptez de toute façon pas dessus.
L'idée n'est pas d'affirmer ici qu'on ne surclasse jamais les voyageurs, mais pour ce qui nous concerne en majorité, c'est à dire des longs-courriers pleins vers Tokyo, n'espérez pas trop fort ou vous risquez d'être déçu(e). Il existe toutefois plusieurs façons de s'approcher d'une possibilité de surclassement sur de plus en plus de compagnies aériennes. La plus sûre étant de posséder leur carte de fidélité. Le réseau informatique connaît à tout moment votre nombre de Miles cumulés et les plus fournis sont ceux servis en priorité en cas de cabine remplie.
Il arrive également que peu avant un vol (quelques jours), la compagnie vous contacte directement pour vous proposer un surclassement à un tarif préférentiel, pour remplir ses cabines supérieures. N'oubliez pas non plus que depuis l'arrivée de l'intermédiaire "premium economy", le surclassement rime moins souvent avec siège qui s'allonge à plat et cabines individuelles.