Sur les toits de Tokyo
Si la verticalité de Tokyo n'est peut-être pas son trait de caractère le plus reconnu, la propension des Japonais à tout raser pour reconstruire, couplé à l'exode rural de ces dernières décennies, a conduit sûrement la capitale japonaise à se parer de nombreux bâtiments de mi-hauteur.
À l'horizon et hormis ses quelques immenses poumons verts, seuls le quartier des affaires de Shinjuku à l'ouest et la fameuse Tokyo SkyTree au nord-est, semblent flotter dans une infinie mer grisâtre au charme finalement peu accrocheur. Mais à y regarder de plus près, et hormis la vaste gamme d'observatoires de la capitale, c'est encore dans les immeubles d'habitation que s'offrent les vues les plus insiders.
On découvre alors le gigantisme de Tokyo d'une toute autre manière : ni opprimés par ce nivellement gravitationnel coincés au sol, ni surnageant sans réelle connexion avec la vie réelle depuis un mirador. À ce niveau intermédiaire, lorsque le vis-à-vis est réellement dégagé (soit à partir du vingtième étage environ), c'est la véritable capitale qui se révèle.
Sans ligne d'horizon franche, les salary-men prennent leur sacro-sainte pause cigarette, les bleus de travail viennent réparer des fermes de climatisation parfois sans âge, les jeunes branchés sortent le soir sur les rares rooftops. Parfois, quelque chanceux souvent âgé profite du raffinement inattendu d'un jardin suspendu. Ailleurs, les grues s'affairent dans un brouhaha permanent pour toujours plus (re)construire.
D'en haut, le bal des Tokyoïtes ne lassera sans doute jamais. Et quand le soleil se couche, les grandes artères prennent leur fameuse teinte orangée pour quadriller une géométrie sans fin de noir et blanc. Pour s'offrir un tel luxe, le résidentiel de choix ou l'hôtellerie (généralement haut de la gamme) s'imposent une fois de plus comme vecteurs les plus pertinents.