Kanpai n'est pas un blog
J'en entends ou lis parfois certains définir Kanpai comme un blog, parfois par méconnaissance des limites de sa définition mais surtout par abus de langage. Ce n'est pas le cas. Appelez cela un site ou un portail, mais cet espace sur lequel vous naviguez a été créé avant même que le concept de blog ne voie le jour. Je trouve cela trop réducteur de l'y cantonner comme si seule la parole d'un blogueur faisait référence ; cela va à l'encontre de ce comment je perçois Kanpai et ce que vous en avez effectivement fait, notamment au cours de ces dernières années.
Pour être précis, il y a seulement deux espaces spécifiques qui profitent de cette terminologie sur Kanpai :
- la catégorie "blog" où se trouve d'ailleurs cet article, dans laquelle je publie les annonces de service du site ainsi que des réflexions et coulisses sur notre gestion au quotidien ;
- l'espace membre Kakikomi sur lequel vous pouvez publier vos articles, comme sur une plateforme de blog classique ou presque.
J'ai pu moi-même utiliser ce terme par convenance, par exemple ici, mais il ne rend pas hommage à la...
Ligne éditoriale et conscience de Kanpai
À titre personnel, j'ai déjà expliqué ici à plusieurs reprises que je ne me considerais pas comme un blogueur. Certes il s'agit d'un terme rapidement compréhensible et désormais explicite, en particulier pour un public moins connaisseur des arcanes du web, mais je ne pense pas avoir orienté Kanpai dans cette tangente ces dix dernières années, depuis la naissance de ce terme. C'est même plutôt l'inverse qui s'est produit. Car dans le cœur même de la notion parfois galvaudée de "blog" repose l'idée qu'une seule personne soit au centre de l'information livrée sur un support web.
Bien sûr, je profite du site pour y livrer ma propre vision du Japon. Pour autant, il me semble que l'orientation-clé de Kanpai donne tout autant, sinon encore plus de poids et de valeur à la voix de la communauté qu'à la mienne. Mes articles sont souvent une base de discussion pour aborder les sujets de manière plus riche et plus discutable en commentaires. Kotaete et Kakikomi, avec leurs succès respectifs depuis le lancement, le prouvent plus encore et une nouvelle fois, je ne peux que vous remercier de constituer un lectorat aussi expert et prolixe pour aborder des sujets que je suis très loin de maitriser.
À l'encontre du blog qui favorise forcément le personal branding, notre site cherche avant tout à partager et échanger de l'information pour constituer une base documentaire vivante sur le Japon : c'est évidemment le cœur de notre volonté. Les prochaines évolutions du site, dévoilées en temps utile, tendront à prouver en ce sens que Kanpai n'est certainement pas un blog et qu'il ne partage absolument pas de tels objectifs et fonctionnement.
Dans toutes les thématiques plus ou moins niches, il y a bien entendu de nombreux sites, ainsi qu'une masse presqu'infinie de blogs plus ou moins récents qui viennent chercher à se positionner sur le créneau. Parfois, c'est simplement pour partager et proposer humblement leur approche des choses, ou comme une fonction sociale tel que le partage d'une expérience de voyage notamment à destination des proches. En parallèle, il y en a parfois d'autres qui visent des ambitions parfois moins saines et avouables.
Après tout, on continue de rabâcher sans fondement que de nombreux "blogueurs" (encore et toujours ce terme) vivent rubis sur l'ongle de leur prose en un savant calcul de constitution d'audience. J'ai déjà montré que ça n'avait souvent ni sens ni pertinence mais les idées reçues ont la vie dure, presque autant que l'attrait irraisonné de l'argent facile et le fantasme qu'il suscite.
Quoi qu'il en soit, tant que cela fonctionne dans le respect de ses utilisateurs, qu'un site soit rentable n'est pas incompatible avec la volonté de partager et d'échanger sur un sujet. Penser l'inverse trahit souvent une aigreur parfois très franco-française.
J(a)uger de la qualité d'un site
Des indicateurs évidents dressent le cadre d'une première approche de perception qualitative : aspect graphique, fraîcheur et sérieux du contenu, ancienneté et expérience du (nom de) domaine, innovation des services proposés, force de la communauté ou encore transparence des objectifs du site. De l'autre côté, il y a des techniques moins honnêtes qui permettent de pousser plus rapidement en terme de référencement, de mettre un coup de vernis sur son image ou de déstabiliser ses "concurrents". On citera ainsi sans ordre précis :
- l'achat de followers (abonnés) et de backlinks (liens retour vers son site) ;
- le spinning (création automatique de contenu) ou keywords stuffing (bourrage de mots-clés) ;
- la paraphrase, ou encore la copie de stratégies externes ;
- la suppression du moindre contenu qui pourrait mettre en défaut ;
- ou encore les concours à répétition avec obligation de suivi et/ou de partage pour participer.
Hors site, on peut noter également une palette plus inique comme le dénigrement, la diffamation gratuite et sans preuve (ou créées de toutes pièces) voire l'intimidation simplement pour nuire à la réputation de supposés concurrents... La liste est longue et toujours borderline voire répréhensible par la courtoisie élémentaire, la déontologie du web voire la toute-puissance des moteurs de recherche qui est pourtant trop souvent (et malheureusement) au cœur des stratégies web. Oui ça arrive, oui c'est moche et souvent plus qu'on ne le croit.
La constitution d'un site éditorial sérieux et à forte autorité prend un temps fou, chaque jour et sur la longueur des années : depuis plus de quatorze ans dans notre cas. Cela peut expliquer pourquoi certains impatients cherchent parfois à passer outre ces obligations, quitte à enfreindre les règles du jeu et de la correction. Car on ne peut résumer une stratégie de fond à long terme à quelques rapides techniques d'acquisition de trafic peu scrupuleuses. Même si elles peuvent flouer les néophytes, beaucoup d'autres connaissent ces petites ficelles pour grossir plus vite et satisfaire les besoins de chiffres en tout genre (audience, Pagerank et autres aberrations souvent stériles).
Factuellement, Kanpai s'est positionné comme l'un des sites francophones les plus fréquentés traitant du voyage au Japon et de sa culture, sans utiliser ces méthodes. Nous devons cela à notre investissement sans relâche depuis si longtemps (Seb sur l'architecture technique et votre serviteur sur la partie éditoriale) mais aussi et surtout à vous : grâce à votre présence et votre participation fidèles. Même si comme je l'ai déjà expliqué, les chiffres de trafic ne sont pas un objectif, ils restent malgré tout un indicateur fort.
L'impossible concurrence
Il y a bien entendu d'autres sites qui gravitent dans cette galaxie et qui font un travail tout aussi honnête et qualitatif. En francophone, je pense par exemple aux excellents Ici-Japon, Japon-Infos ou encore Issekinicho dont j'apprécie beaucoup les travaux, ce qui explique pourquoi j'apprécie tant échanger avec leurs rédacteurs en chef respectifs. Il en ressort toujours une émulsion, une alchimie, un tirage vers le haut et on ne peut certainement pas parler de compétition (même fraternelle) tant nos sites sont complémentaires et leurs responsables des gestionnaires sereins.
Car c'est bien la toute la clé : ne pas voir le rédac' chef d'en face comme un concurrent ou une menace, mais comme une source de motivation. Le web éditorial n'est pas comme l'e-commerce et encore moins comme le brick & mortar : nos lectorats sont en majorité des visiteurs de plusieurs sites en parallèle. Il est donc illusoire d'imaginer et plus encore de chercher quelconque exclusivité sur le web ; il faut encore moins en avoir peur.
Comme d'autres, Kanpai est régulièrement attaqué et copié par des jaloux et/ou des aigris, généralement les mêmes qui utilisent les techniques répréhensibles citées plus haut. Parfois c'est fait en sous-marin, en privé directement, ou encore cela revient à nos oreilles d'une manière ou d'une autre. Parfois c'est un peu plus frontal et on se dit alors que l'outrecuidance et le culot n'ont pas de limite ; deux notions pourtant fort incompatibles avec la société japonaise que les inquisiteurs bourrés de certitudes, plus ôsamistes que l'ôsama (王様), prétendent connaître et comprendre. C'est un lot récurent, parfois écœurant de par son injustice, que l'on s'efforce de vous épargner pour ne pas pourrir notre ligne éditoriale ni les mettre en lumière (car cela fait souvent partie d'une stratégie de "buzz"). Quand on n'a pas grand chose à apporter, c'est bien connu, on fait écran et vendre du vent ou de la contrefaçon est parfois tout un art !
Un équilibre nécessaire
Mon avis est parfois affirmé mais jamais tranché, il y a tant de sujets que je ne maîtrise pas et pour lesquels la discussion avec vous me permettra d'avancer que j'ai infiniment plus de volonté à me consacrer à cela.
J'ai déjà expliqué que Kanpai n'est pas l'unique source de production ni de revenu de notre activité et je souhaite laisser cet équilibre comme tel tant que possible. En l'espèce, il est ainsi le garant de ma bonne gestion de sa ligne éditoriale : le chiffre n'est pas une fin en soi, quoi qu'en pensent quelques butés ou bien-pensants.
Cet article n'a pas pour but de régler des comptes (je m'y autorise parfois plutôt en privé lorsque Kanpai est attaqué injustement) mais plutôt de préciser un point de vue qu'on n'imagine pas forcément en tant que lecteur de sites web.
Dans un autre article et si cela vous intéresse, je prendrai le temps de m'étendre sur la structure qui chapeaute Kanpai, ainsi que comment cela fonctionne et impacte nos choix administratifs et éditoriaux.