Avalon
Film Mamoru Oshii / Kenji Kawai
Avalon...
Il en aura fait couler, de l’encre. Réalisé par OSHII (l’homme derrière les Ghost in the Shell, entre autres), tourné en sépia, en Pologne et en polonais (avec Malgorzata Foremniak qui interprète Ash), il avait tout pour effrayer les amateurs de japanimation bien ancrés dans leurs clichés confortables. Pourtant, le film se présente comme une revisite intéressante des paradoxes à la Matrix. S’inspirant sans vergogne des idées de la licence en question (bien que les frères WACHOWSKI soient fans d’OSHII, paraît-il), il se place toutefois sur un plan différent puisque, diront les –vrais– fans, non mercantile. Si les ambitions d’Avalon n’arrivent pas à la cheville de celles de Matrix, le script antinomique du premier n’oublie pas de singer jusqu’à l’utilisation abusive des effets spéciaux du second. Dans le film d’OSHII, c’est certes plus discret et pour des raisons que certains jugeront plus nobles (esthétique froide et angoissante de l’image onirique, évincement des battements de cils, etc.), mais l’idée est la même.
D’où mon dilemme : Avalon vaut-il tellement mieux que Matrix qu’on veut bien le penser ? Certains essais sont de franches réussites dans le film. Je pense au filmage et au montage d’un réalisateur peu habitué à la caméra, à certaines prises de risques esthétiques bien senties et au rendu finalement intéressant, ou encore bien entendu aux partitions de KAWAI Kenji qui rythme avec un bonheur sans fin la pellicule. Mais, malgré toute la bonne volonté du monde, Avalon a malheureusement oublié un point très important : le scénario. Car le film raconte l’histoire chiante d’un MMORPG plus libertaire que la vie elle-même, avec un dernier niveau plus vivant que le monde réel, blabla qu’on a vu et revu cent fois ailleurs. En-dehors de son esthétique particulière, qu’offre donc Avalon de plus que ses concurrents ? La présence du chien d’OSHII qu’il essaye de placer un maximum de fois au cours du film ? La romance de WoW ou FFXI pour geeks qui n’en auraient pas encore assez ? Ou tout simplement un beau film contemplatif, désespérément long, auquel on aurait tout simplement oublié d’expliquer les tenants et aboutissants ?