Beck
Adolescent, je pensais qu’écouter Rage Against The Machine, crapoter et hurler « mother fucker » faisait de moi un rebelle. Je n’en étais pas moins ridicule. Beck raconte une histoire plus ou moins similaire, la clope en moins : celle d’un Japonais de quatorze ans, pas stylé ni débrouillard pour un sou, qui rêve d’un américanisme déguisé derrière une guitare et des « shut the fuck up » dont il ne pipe mot. Mais sous cette rebelle attitude apparente, qui ne trompera que son public de collégiens, se cache un animé plutôt mou du genou et très plan-plan.
Techniquement déjà, Beck se révèle très limité : sur des décors vides et inamovibles glissent des plans longs et redondants, un design assez simpliste et des personnages qui prennent racine. Quelques courts plans 3D assez réussis viennent souffler sur les toiles d'araignée, mais il restent beaucoup trop sporadiques. La musique, pourtant point plus ou moins central de l’animé si je ne loupe rien, intervient peu souvent et, c’est un comble, a du mal à poser l’ambiance. Les riffs sont gras, le son pas clair, la pêche totalement absente. L’accent anglais ridicule des doubleurs, pourtant censés interpréter des jeunes à double nationalité, ne participe pas de la crédibilité de l’ensemble.
Pour ajouter aux déceptions, l’animé reprend un par un tous les poncifs du genre, et notamment deux figures très ancrées : la parentalité absente, sauf pour le fameux « fiston, téléphone 📱 ! », et l’image de la jeune femme amoureuse libérée. Si, dans le fond, il reste sympathique, accroche éventuellement et cache quelques petites choses sympathiques tout le long, Beck donne tellement la désagréable impression qu’il ne s’y passe rien qu’il pourra fatiguer le spectateur. À l’image de ses accords, il se veut tellement minimaliste qu’il semble s’être trahi lui-même. Dommage car le thème, bien qu’un poil utopiste sur les bords, était plutôt original et aurait pu conduire à un bon animé avec quelques coups de collier bien placés.