Ichi Rittoru no Namida
Ichi Littoru no Namida a le cahier des charges idéal pour cartonner : une ado mignonette est atteinte d’une maladie incurable qui l’affaiblira jusqu’à la mort. Je te prends deux/trois stars du moment (Erika Sawajiri et Ryo Nishikido), je te saupoudre ça du tampon « tiré d’une histoire vraie » et l’affaire est dans le sac. Le drama a cartonné et continue de figurer haut dans les classements du cœur (les meilleurs, c’est bien connu).
La maladie, c’est une dégénérescence spinocérébrale, logiquement bien aimée des producteurs car elle prend petit à petit le contrôle du corps. Votre acteur jouera donc le malade qui marche de moins en moins bien, qui a de plus en plus de mal à écrire, qui va au lycée en fauteuil roulant puis qui a même du mal à parler et manger. Du pain béni qu’ils n’hésitent pas à servir sur des tirades pleines de bons sentiments et de phrases tirées du journal intime de la véritable Aya Kitô… vendu à 18 millions d’exemplaires au Japon.
La version écran prend évidemment des largesses sur l’histoire vraie. Le drama rajoute donc des amours (platoniques, je vous rassure), utilisant le joli minois d’une Sawajiri Erika abonnée aux rôles de malades, après Taiyô no Uta. Bien sûr, pour un programme familial diffusé sur une chaine aussi grand public que peut l’être Fuji 🗻 TV, on imagine le traitement global appliqué, très attendrissant justement, voire qui vire sans remords dans le pathos.
Ichi Littoru no Namida remplit son quota de clichés dans la galerie de personnages et le déroulement de l’intrigue. La moralisation est assez grossière et c’est à peine si les leçons de vies à tirer du visionnage ne sont pas expliquées par un prof de bien-pensance. Pour une fois, ça va oser faire mourir dans un drama mais au service, justement, de la dramatisation et du mielleux. Ce n’est pas voir le mal partout, puisqu’effectivement, la vraie Aya est décédée des suites de sa maladie, mais ici on sent que cela sert un objectif, sur un concert de violons, de piano et de tirades larmoyantes.
C’est également l’occasion de pointer du doigt, souvent avec hypocrisie, le côté « groupe » sociétal très fort, probablement encore plus prégnant au Japon, et la perte de repères due à la marginalisation d’un individu. Si l’idée est louable, le traitement reste très timide et plante le drama dans un ensemble de clichés, notamment du point de vue du casting et des situations rencontrées par chaque membre de la famille. C’est rapidement assez lourdingue.
Jiminy Cricket me souffre que cet Ichi Littoru no Namida a le mérite de parler de la maladie et de l’exposer aux yeux des téléspectateurs. Mais rien à faire, le traitement m’empêche d’y voir une démarche non-mercantile. Et faire du fric sur le dos des handicapés, surtout quand on pouvait s’en servir intelligemment et ouvrir des pistes de réflexion, c’est quand même un peu sale.