Mémoires d'une Geisha
Le film
A priori, je n’étais pas franchement favorable à ce Memoirs of a Geisha (Sayuri). La bande-annonce, matraquée depuis des semaines, m’avait franchement refroidi. Un film américain basé sur un roman en anglais, mettant en scène trois Chinoises pour interpréter un point culturel japonais… Avec le respect historique que l’on prête généralement aux yankees, il y avait de quoi s’inquiéter.
Il y a peu, j’ai été invité pour l’avant-première du film, malheureusement en version française. Pas encore assez bobo blasé pour refuser, je m’y suis donc intéressé un minimum. Le film, réalisé par Rob MARSHALL (Chicago), a été produit par Steven SPIELBERG, sur une bande originale de John WILLIAMS. Les prises de vue en mer du Japon ont été réalisées dans la baie de San Francisco, la Hanamachi du film a été reproduite (?) au Sud de la Californie, et beaucoup de scènes en intérieur ont été tournées dans un restaurant à Hollywood. Niveau dépaysement, avouez-le, on a fait mieux.
Mais le plus grand tollé est à venir. Alors qu’une majorité du casting est interprété par des Japonais, trois des rôles principaux du film (trois geisha) ont été confiés à de célèbres Chinoises : Gong LI, Michelle YEOH et la plus jeune Ziyi ZHANG. Le choix a d’abord fait râler autant les Chinois (choqués que des actrices Chinoises aient accepté des rôles de Japonaises) que les Japonais (choqués du choix d’actrices Chinoises pour des rôles de Japonaises). La connerie n’a ni limites ni frontières, au point qu’aujourd’hui encore, le film n’a pas droit de cité en Chine.
Bande-annonce du film :
Reste que finalement, dans ce Mémoires d'une Geisha calibré pour le public occidental, combien feront vraiment la différence ? Le film offre tellement d’approximations sur de nombreux points (notamment historiques et culturels, faisant ici presque passer les geisha pour des prostituées) que le choix des actrices reste mineur. De même, le script vire tellement au téléphoné qu’il ferait passer un épisode des Feux 🔥 de l’Amour pour du grand scénario. Reste une pellicule et un filmage impeccables, pour un ravissement esthétique constant au long de ces cent-cinquante minutes.
Comme The Last Samurai, on n’ira pas voir Mémoires d'une Geisha pour la fidélité du scénario à une page de l’histoire. Le film ne s’adresse définitivement pas aux japonisants râleurs qui ne profiteront pas du spectacle. En revanche, pour cette audience visée qui ne fait pas la différence entre un Japonais et un Chinois, le film remplit parfaitement son contrat. Il suffit d'intégrer ça avant d’acheter sa place de cinéma.