The Last (critique) : la fin de Naruto avant la suite
Une constante des grosses séries animées japonaises, sans que l'on sache absolument classer cela comme une qualité ou un défaut, c'est qu'elles ne savent pas se terminer. À intervalles réguliers Eiichiro Oda, le créateur de One Piece, nous explique qu'il dépasse à peine la moitié de son scénario. Quant à Dragon Ball, sa récente renaissance via Super se fait à travers une qualité aussi bien scénaristique que technique encore largement discutable.
Si l'annonce de la fin du manga Naruto a pu surprendre à l'automne 🍁 dernier, elle était pourtant attendue de pied ferme par de nombreux fans que l'empêtrement de la quatrième grande guerre et ses réapparitions de vieilles gloires ennuyait déjà depuis des dizaines (voire des centaines ?) de chapitres. Ce film The Last, sorti en décembre 2014 au cinéma au Japon soit juste après la fin de la publication, fait ainsi le lien elliptique entre ses deux derniers hebdomadaires ; il est donc logique que des spoilers jonchent le présent article.
Après une magnifique introduction en 3D sepia comme tirée des adaptations en jeux vidéo 🎮, le film redémarre deux ans après la fin de la guerre. En filigrane d'une intrigue somme toute très convenue, c'est surtout le chaînon manquant qui sert ici à être dévoilé : le rapprochement (enfin) entre Naruto et Hinata. Le film livre au final une avancée scénaristique très pauvre, concentrée sur sa fin, et en profite d'ailleurs pour éluder quasi intégralement celui de Sakura 🌸 et Sasuke (l'occasion de le décliner plus tard, sans doute...).
Au menu, donc, un déroulement un peu poussif dans des considérations sentimentales souvent longuettes, bien qu'elles fussent supervisées par Masashi Kishimoto en personne, et que l'on pourrait presque résumer à une banale histoire de tricot. Si l'on élude suffisamment l'horrible palette de couleurs choisie pour ses décors lunaires et la bande originale épouvantable, The Last se laisse doucement regarder pour un intérêt finalement trop limité.
Boruto / Naruto Gaiden : on prend les mêmes et...
Car Naruto The Last est avant tout le dernier film avant le prochain, la fin d'une ère plutôt que celle d'un univers, la poule aux œufs d'or n'ayant certainement pas fini de pondre pour ses ayants droit. Septième et ultime long-métrage de l'arc Shippuden, il précède ainsi Boruto, onzième film au total et déjà sorti (il y a quelques jours à peine) au Japon !
L'astuce est facile et avait d'ailleurs déjà été utilisée spécialement pour l'animé, alors grevé par des fillers de remplissage insipides. Ainsi avait vu le jour en 2007 Naruto Shippuden, deuxième série terminologique qui reprenait pourtant le cours normal (et une nouvelle fois, attendu) de son manga originel.
La fin de Naruto, sur son 700è chapitre, ouvre directement sur le "one-shot" Naruto Gaiden, la redite avec les clones enfants des protagonistes, dont la publication en manga préalable à Boruto s'étale sur dix chapitres. Sans en avoir l'air, elle ressuce pourtant en accéléré une bonne partie des ficelles vues et revues dans ce monde des ninjas. De là à penser que les aventures de Boruto et Sarada (ça ne s'invente pas !) ne sont qu'un nouveau départ...
En attendant, après la pièce de théâtre au Japon, une adaptation en film live américain de Naruto vient d'être annoncée par Asahi, avec Michael Gracey à la réalisation et Avi Arad à la production. Sortie prévue en mars 2017.