Ni d’Ève ni d’Adam d’Amélie Nothomb
« Stupeur et tremblements pourrait donner l’impression qu’au Japon, à l’âge adulte, j’ai seulement été la plus désastreuse des employés. Ni d’Ève ni d’Adam révélera qu’à la même époque et dans le même lieu, j’ai aussi été la fiancée d’un Tokyoïte très singulier. » Amélie Nothomb
Le quatrième de couverture offre un bon résumé de ce qui attend le lecteur avant d’entrer dans cette « autofiction » qu’est Ni d’Ève ni d’Adam. Difficile, dans ce cas, de l’aborder sans s’être au préalable délecté de Stupeurs et Tremblements. Et par pitié, le bouquin, pas le film !
Amélie-san nous propose donc une vision du Japon moins corporatiste, plus sentimentale et plus fraîche, au final très autobiographique. À travers l’expression de son amour pour un jeune Japonais, l’écrivain nous propose surtout de disserter sur son amour pour le Japon. Un Japon qu’elle aime et qu’elle respecte, qu’elle honore tant dans les étranges soirées avec les amis de son amoureux, que lorsqu’elle gravit le Fuji-san 🗻 pour acquérir symboliquement l’essence de la nationalité japonaise. Grâce à son style très précis bien que léger, Nothomb nous emmène dans son voyage ethnologique, parfois émouvant, souvent amusant et presque toujours passionnant.
Le texte est plein d'allant et les remarques tout à fait justes (à part peut-être une ou deux petites approximations). Du coup, Ni d’Ève ni d’Adam se dévore en deux à trois soirées. Après tant de petits moments captés et un long final émotionnellement si juste, je n’avais qu’une envie, c’est que le livre ne s’arrête plus. Nothomb accouche là d’un carnet de voyage délicieux, et fait montre d’une étonnante facilité à parler d’amour ou, plus largement, des sentiments. Elle vulgarise ses ressentis avec humilité, simplicité et ironie, pour notre plus grand bonheur. Et démontre par-là même qu’elle a bien fait d’attendre dix ans pour aborder ce parallèle préalable à Stupeurs et Tremblements : son style a gagné en fraîcheur et en vivacité, ce qu’il a perdu en fioritures.
(bon, les mauvaises langues diront qu'il a aussi gagné en tarif…)
L’auteure sait parler d’elle. Elle le fait bien, avec retenue, avec poésie, avec beaucoup de justesse et de courage. Ni d’Ève ni d’Adam est bien un petit plaisir comme l’aiment les Amélie !