Street Fighter : Legend of Chun-Li
Évidemment, tout le monde se souvient du film Street Fighter de 1995. Avec Super Mario Bros. le Film et Mortal Kombat, c’était l’une des premières adaptations de jeu vidéo au cinéma. Et comme pour les deux autres, on y tutoyait l’essence du grotesque. Pour rappel, c’est Jean-Claude Van Damme qui interprétait Guile, le protagoniste. Mais on y retrouvait aussi Kylie Minogue en Cammy, Raul Julia en M.Bison (dont ce fut le dernier rôle), ou encore Ming-Na Wen dans le rôle de Chun-Li. Il faut croire que cette interprétation lui a servi car on l’a longtemps retrouvée dans Urgences, mais aussi dans l'excellent Two and a Half Men et, plus proche de notre éditorial, c’est elle qui doublait la protagoniste Aki dans Final Fantasy les Créatures de l’Esprit.
La nouvelle actrice qui joue Chun-Li est la jeune et jolie Kristin Kreuk, déjà vue dans Smallville. A priori, on peut se demander pourquoi ce choix pour interpréter la combattante chinoise, en-dehors de raisons esthétiques évidentes. Car si le personnage virtuel est une femme très musclée (rappelez-vous ses cuisses) et aux attributs proéminents, Kristin Kreuk est bien plus frêle. On mettra ça sur le compte du scénario qui nous la rapporte à un âge encore presqu’adolescent. Le reste du casting tient à peu près la route : Neal McDonough (le vindicatif David Williams de Desperate Housewives saison 5) est assez crédible en M.Bison malgré son absence de pouvoirs, Michael Clarke Duncan (la masse black de La LigneVerte) fait un Balrog bien bourrin, et Vega est campé par Taboo Nawasha, l’Indo-Mexicain du groupe Black Eyed Peas. Mention spéciale au duo caricaturé de flics hype-ringards : Charlie Nash et Maya, interprétés respectivement par Chris Klein (le beau gosse du premier American Pie) et Moon Bloodgood (vue récemment dans Terminator Salvation, mais plus connue pour poser en petite tenue que pour interpréter du Shakespeare). Et petit clin d’œil enfin sur le personnage de Gen, joué par Robin Shou, qui interprétait Liu Kang dans les films Mortal Kombat.
Bref, dans l’ensemble, ça se tient, pourvu qu’on ne soit pas trop premier degré. C'est-à-dire comme d’habitude avec les adaptations de jeux vidéo 🎮 sur grand écran. Reste que le scénario n’est pas si farfelu que cela, en tout cas il s'avère assez fidèle à l’histoire de Chun-Li telle qu’expliquée dans les jeux Street Fighter. Son père se fait enlever par Bison dans le cadre de son organisation Shadaloo, donc elle se rend à Bangkok en Thaïlande, où elle se forme physiquement au combat et psychologiquement, à la sérénité de l’âme. On reste donc dans sa jeunesse, avant qu’elle ne rejoigne Interpol ou même qu’elle participe au tournoi Street Fighter. Le fait que ce soit un spin-off centré sur Chun-Li évite le syndrome de film chorale, qui part dans tous les sens à force de vouloir caser tout le monde. Ici, on a donc de la série B plus classique, mais qui sait mieux se tenir que son illustre aîné Street Fighter The Movie.
Et puis le réalisateur, Andrzej Bartkowiak, n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà réalisé, en 2005, l’adaptation au cinéma de la franchise Doom avec The Rock. Son tournage et le montage sont efficaces, malgré des combats relativement courts et certaines chorégraphies un peu confuses. Pour synthétiser mon avis, ce film Street Fighter : the Legend of Chun-Li est sensiblement du même acabit que Dragon Ball Evolution ou Dead or Alive The Movie : vous saurez l’apprécier pour ce qu’il est si vous n’êtes pas pro-fatwa dans votre fanatisme, ou alors vous crierez au scandale à tous les coins du net. Les puristes n’auront qu’à retourner passer leur dimanche soir sur Street Fighter 4 s’ils sont trop choqués par ce Legend of Chun-Li.
Ou ils peuvent toujours retourner à l'adaptation live de Nicky Larson, où Jackie Chan campe une Chun-Li... moins sexy 🔞, dirons-nous !