Suspect X (film Galileo)
Yôgisha X no Kenshin
Ce n’est pas que le drama Galileo se finissait en eau de boudin, mais la fin du dernier épisode était, disons, un peu abrupte. Pas de conclusion, d’explication particulière ni même d’ouverture… Le film étant annoncé depuis déjà le 2è ou 3è épisode, je pense que l’info était passée auprès de tous, de manière inconsciente, comme quoi la conclusion se jouerait dans ce long-métrage.
Je m’attendais donc au package classique du film de ce genre : intro de 10-15 minutes avec mise en scène des protagonistes et de leurs traits de caractère identifiables, puis nouvelle et dernière enquête plus longue et plus corsée qui permettrait de retrouver l’équilibre du drama et ses schémas de construction, et enfin conclusion à l’enquête ainsi qu’à la série avec, pourquoi pas, la petite romance qui va bien pour faire rêver le quota de midinettes. En plus, ça tombe bien pour nos héros : le physicien est aussi classe (« kakkoii », en l’occurrence) que la fliquette est mignonne.
Eh bien, rien de tout cela n’est au programme. Pour le coup, le réalisateur, le producteur et le scénariste nous ont bien eus, puisqu’on a affaire à un film légèrement décalé par rapport au drama original. C’est pourtant plus ou moins la même équipe technique qui est derrière, avec évidemment des moyens plus conséquents et un rapport à l’habillage moins formaté. Du coup, le film est plus lent, plus descriptif, plus beau et plus artistique que la série. De ce côté-là, aucun souci.
L’enquête mène cette fois notre duo autour d’un nouveau meurtre, dont le voisin de la principale suspecte est un vieil ami de Galileo, mathématicien de génie au talent gâché. L’intrigue est soignée, avec des personnages très travaillés, notamment Shinichi Tsutsumi (déjà vu dans Good Luck !!) dont le caractère et l’interprétation sont d’une qualité exceptionnelle. On ne s’ennuie pas dans le film, grâce à un rythme bien emmené, quoi que plus posé qu’à l’accoutumée.
En revanche, là où Suspect X surprend, c’est qu’il n’y a plus rien de paranormal ni même presque de physique dans la résolution. On est face à une enquête policière pur jus voire très classique, dans laquelle Yukawa fait simplement appel à sa réflexion et non à ses connaissances scientifiques. D’ailleurs, on aperçoit enfin le côté émotionnel de Galileo qui a du coup beaucoup moins de ses gimmicks légers, à part les inévitables « sappari wakaranai » (« je n’en ai aucune idée ») et « hontôni omoshiroi » (« c’est vraiment intéressant »).
Et puis, bien qu’il fût attendu, on ne note toujours aucun rapprochement entre les deux protagonistes. Mais rien de rien, même pas après le petit bisou manqué le soir de Noël qui, je le rappelle, est la fête des amoureux au Japon. D’ailleurs, finalement, on ne voit finalement pas beaucoup Kou Shibasaki dans le film. Elle est assez effacée au profit du couple de scientifiques pas si rivaux, dont la relation est un modèle d’efficacité toute en non-dits.
Cela signifie-t-il pour autant que Suspect X trahisse l’histoire originale de Galileo ? Fidèle au bouquin, il s’éloigne par contre un peu du drama et finalement, ce n’est peut-être pas plus mal tant son résultat est bon. On ne joue pas dans la même cour entre les deux produits, et chacun se retrouvera peut-être plutôt dans l’un ou l’autre. Pour ma part, j’ai préféré l’ambiance du film.