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Tenshi no Koi, un film sur l'enjo-kosai

My Rainy Days avec Nozomi Sasaki

⏱ 2 minutes

Avec son titre qui signifie "l'amour de l'ange" en japonais, on était en droit d'attendre de Tenshi no Koi un traitement au moins pudique, sinon habile du sujet qu'il aborde. Car le film est présenté comme évoquant une thématique difficile : celle de l'enjo-kôsai (ou enkô), c'est à dire la prostitution des adolescentes japonaises. Ce phénomène se fonde sur des rouages communicants de la société japonaise :

  • la déculpabilisation de l'érotisme dans de nombreux pans de la vie quotidienne nippone
  • l'élégance de beaucoup de jeunes japonaises et leur intérêt immodéré pour tout ce qui brille (et qui coûte cher)
  • la libéralisation sociale du rapport sexuel avant la vie maritale

Le scénario du film s'organise autour de Rio, une jeune femme de 17 ans, lycéenne populaire et bien dans sa peau, au moins en apparence. Elle profite d'une vie de pacha dans son studio de 100m² surplombant Odaiba, grâce à celui qu'elle appelle "papa", son sugar-daddy (un homme d'âge mur qui l'entretient). Mais sa routine est mise à mal lorsqu'elle tombe amoureuse d'un homme de deux fois son âge.

Même si Tenshi no Koi parvient à trouver son rythme au long de ses deux heures, il pêche par son traitement trop inspiré des codes du drama. Ainsi, le film ne rentre jamais dans le cœur du sujet et se contente parfois même de survoler les crises avec détachement, malgré un prisme sentimental (mais pas sentimentaliste) souvent assez mièvre.

La prostitution ? Un moyen facile de mener grand train 🚅 puisque, de l'aveu même d'une des filles avec leur grand sourire, c'est "juste du sexe" ! La relation entre un professeur de 35 ans et une lycéenne de 17 ans ? Pourquoi se soucier de la loi lorsque les sentiments sont là... Ce n'est pas le contenu que je condamne, mais l'absence presque totale de contrepoids qui livre quasiment un message de dédramatisation. Seul le suicide de Naoko vient contrebalancer, quoique bien rapidement, un traitement somme toute très Bisounours.

En réalité, Tenshi no Koi n'a aucune once de poésie ni de recul sur la thématique. Il ne manque pas de pudeur mais effleure tellement son créneau qu'il aurait tout à fait pu parler d'un autre sujet sans que ça ne change rien au traitement livré. Le scénario se déroule à la lumière du visage cristallin de Nozomi Sasaki : avec force fond de tein pour cacher les imperfections, on en oublierait presque que la nature est souvent beaucoup plus cruelle...

Mis à jour le 05 septembre 2014