Tokyo Eyes
A mi-chemin entre fiction et documentaire, Jean-Pierre Limosin nous sert un film empreint de poésie et de tendresse, une œuvre qui n'a pas eu besoin de compréhension linguistique pour être mise au monde.
Tôkyô Eyes est avant tout un concentré de charme fou, et pas seulement celui de l'encore juvénile Yoshikawa Hinano, mais plutôt de l'ensemble délicat d'un film qui se laisse porter par une douce aventure d'un amour naissant.
L'intérêt infini que porte Limosin au Japon transparaît formidablement dans son bébé, à tel point qu'il arrachera sans mal des sentiments forts de mélancolie aux connaisseurs, et ne manquera pas d'attiser la curiosité des néophytes du pays.
A travers un rythme délicieusement pondéré, c'est la délicatesse des mouvements (voire de l'immobilité) des caméras, la douceur des couleurs, le discret et éclectique choix de l'accompagnement sonore, et peut-être surtout l'amour que nous portons tous à la toute jeune femme, qui créent la qualité de ce film.
Ne pas y chercher une histoire ou un but, l'auteur nous le suggère probablement, nous proposant de nous laisser seulement porter par le doux contraste d'un faux tueur au cœur tendre, et la pureté sibylline de la sublime Hinano.
Cette alchimie laisse place sur la fin au jeu de gros nounours simplet que maîtrise Kitano, presque aussi charmant que nos deux tourtereaux, mais en tout cas pas moins touchant.
Tôkyô Eyes entrouve peut-être la porte d'une réflexion sur la schyzophrénie et le clivage des mondes réel / virtuel, il ne prétend toutefois qu'à l'envergure d'une tendresse délicate qu'il transmet avec brio.