Utada Hikaru
First Love - Distance
J'ai découvert UTADA Hikaru presque par hasard, en surfant sur des sites de musique japonaise. Il faut dire que "Hikki", telle qu'on la surnomme au Japon, est particulièrement connue sur l'archipel, où sa cote de popularité n'a cessé de croître depuis l'explosion des records de ventes détenus jusqu'alors par la décriée AMURO Namie. Records battus dès la sortie du premier single de Hikaru : Automatic le 09 Décembre '98. Depuis, ce ne sont que sept singles et seulement deux albums qui sont parus dans les bacs japonais... chose surprenante lorsqu'on connaît l'habitude japonaise d'"accélérer" les sorties dès qu'un artiste se trouve sous les feux 🔥 de la rampe. Ici, c'est le contraire qui se produit, et cela est peut-être lié au fait que UTADA Hikaru a passé une partie de son enfance aux States, étant née à New York. Elle grandit sous l'égide protectrice de ses paternels et non moins artistes, son père travaillant comme producteur. Quant à sa mère, FUJI 🗻 Keiko, elle est une chanteuse reconnue de enka (chanson sentimentale) et de blues des années '70. Ces "origines" se ressentent fortement dans la majeure partie de ses chansons, qui possèdent bien souvent des consonances américaines, ou même parfois un style propre à cette culture.
Toutefois, Hikki ne se contente pas de chanter du R'n'B (et ce même si Time Limit, avec en featuring le rappeur US Joe, rappelle fortement des titres américains). Car sa discographie reste avant tout très éclectique, si bien qu'il est assez difficile de la classer dans un genre particulier ; Utada passe du slow tendre (First Love) aux rythmes rapides de la pop (Movin' on without you) en un seul single. Elle chante même intégralement en anglais, dans Fly me to the moon.
Malgré son âge (elle est née en '83, huit jours seulement avant moi), il n'a pas fallu longtemps à UTADA Hikaru pour provoquer les incroyables débordements inhérents aux phénomènes de jeux vidéo 🎮 ou aux "idoles" japonais : ruptures de stock interminables, places de concert vendues en une heure à peine (!)... Mais le plus impressionnant reste quand même le chiffre de vente de l'album First Love : 5 millions d'exemplaires écoulés en 2 mois ! Hikki remplace donc haut la main AMURO, qui commençait à se répéter avec sa "dance" un peu pénible - malgré le déjà meilleur Never End, plus récemment. Comme un signe du destin, le single révélateur d'Hikki est paru quelque temps à peine avant le break d'AMURO - qui s'est retirée du marché pendant un peu plus d'un an.
La force d'UTADA Hikaru, c'est sans conteste sa voix superbe, mais aussi les arrangements exceptionnels réalisés pour ses chansons, et a fortiori dans les remix (écoutez un peu le up in heaven mix de Addicted to you et vous comprendrez...). Aujourd'hui, UTADA est devenue l'idole des jeunes japonaises, et est entrée au début de l'année dans la prestigieuse université de Columbia, aux States of course. On lui souhaite bon courage dans ses études, tout en espérant bien sûr qu'elle pourra nous servir très prochainement des nouveaux singles et -soyons fous- pourquoi pas un troisième album !
Deep River
Mise à jour du 31.10.2002
Au risque de ne pas plaire à certains, je dois avouer avoir été particulièrement déçu par ce troisième album. La recette qui a fait fureur pour les deux premiers disques (et pour celui-ci également au niveau des ventes) ne prend plus à présent. UTADA Hikaru nous laisse désormais la vague impression que ses chansons ont perdu rapidement toute la fraîcheur et le rythme qui les rendaient pêchues, pour sombrer peu à peu dans une soupe "mollassonne" de chansons aussi inodores et sans saveur que toutes celles de ses compatriotes idoles d'un jour.
Si le bon esprit et les qualités physiques de Hikaru sont toujours présentes, le registre dans lequel elle évolue n'a pas non plus bougé. Mais les affres du marketing à la japonaise sont telles qu'autant UTADA a pu cartonner à vitesse fulgurante avec son troisième album comme avec les deux autres, autant elle pourra retourner à l'anonymat aussi vite qu'elle est apparue. Pour l'instant, sa musique plaît encore ; pourtant, si elle continue à offrir aux fans des titres de cette qualité, elle risque vite de se faire supplanter (et pour de bon cette fois) par HAMASAKI Ayumi ou autre BoA.
Alors, Hikki, il vaudrait mieux pour toi que tu choisisses tes compositeurs avec autant de jugeote que tes producteurs, et que tes cours de chant danse suivent la même courbe exponentielle que tes passages réussis chez les visagistes. Il en est encore temps...
Exodus
Mise à jour du 31.08.2004
Après une relative absence du devant de la scène pendant presque deux ans, notre petite Hikki s'impose à nouveau, prête à tout écraser sur son passage au Japon avec ce quatrième album. Un simple échauffement d'un mois pour la renommée Utada, le temps d'en vendre quelques millions (une misère, que dis-je !) avant d'aller tenter sa chance aux États-Unis. Mais l'American Dream est-il à la portée d'une Japonaise d'1m58 ?
La première constatation portera sur l'allure de Hikaru qui a été refaçonnée pour passer la douane 🛂 US en se faisant remarquer. Le parallèle du style porté par la donzelle me paraît très intéressant : si elle conserve son attitude encore jeunette et godiche pour l'écrasement médiatique nippon, c'est clairement une femme qui vend son produit aux États-Unis. Beaucoup plus ancrée dans nos codes et canons d'occidentaux, la belle sera ainsi au choix sexy 🔞, branchée ou sportive.
Et l'ensemble du produit Utada a d'ailleurs subi ce lifting, passée à la moulinette marketing US qu'elle a dû être, à terme pour le meilleur comme pour le pire. Si cette opération peut agir comme un coup de pompe dans le fion d'une greluche lolipop qui claque des doigts chez les nippons pour engranger du Yen 💴 en pagaille, il ne faut pas non plus qu'elle y perde son identité. Utada est clairement le maillon fort de la manche précédente, certes, mais elle a un sacré boulot devant elle pour séduire un public américain culturellement étanche.
Car malgré la spiritualité yankee qui coule dans ses veines (le dossier de presse insiste lourdement là-dessus, ah bon ?), malgré tous les efforts fournis par Utada en chantant exclusivement en Anglais, en suivant des études aux États-Unis, en étouffant les risibles débuts de Cubic U, ou en allant même jusqu'à décrédibiliser sa langue dans Easy Breezy (au demeurant forte agréable à écouter), pour beaucoup d'Américains Utada reste un produit out of (b)order.
Risque majeur encouru à mon goût : le formatage "disque + marché US = clonage", voire l'enfermement dans cette base la "p'tiote de l'est qui tente sa chance" qui constitue plus ou moins la seule porte d'entrée vers le disque américain, lorsque le patronyme diffère du Smith local. Gageons que la batterie de managers l'aient bien compris avant nous, afin de procéder à un positionnement adéquat sur la durée. Et puis Tôshiba Emi doit veiller, je n'en doute pas...
Restons plus terre à terre. Musicalement, Exodus s'inscrit comme un album plus posé et moins naïf. Loin des samples éculés de la japanese pop, il apparaît comme l'album de la maturité selon certains. Il révèle toutefois de grosses disparités dans la qualité de ses pistes : s'il commence très fort avec des titres percutants et rodés à fins mercantiles, l'Exode perd de son entrain dans sa deuxième moitié, à travers plusieurs pistes médiocres ou plutôt transparentes sans être imbuvables.
Il n'en reste pas moins que, pour les allergiques à la j-pop, Exodus est beaucoup plus écoutable et passe-partout. Les amateurs de longue date risquant bien de la suivre, Hikki peut donc s'ouvrir tranquillement à l'occident. J'ai en tout cas hâte de voir l'accueil que lui réserve le public États-Unien, à l'heure où la promotion semble se passer pour le mieux. Souhaitons-lui le meilleur, et surtout de ne pas se fourvoyer.