Zelda Breath of the Wild (critique)
À raison d'un épisode par génération en moyenne, Zelda fait figure de porte-étendard solide de l'image de marque de Nintendo. Grâce à Eiji Aonuma qui en a repris les rênes depuis Majora's Mask, la saga peut explorer des pistes architecturales plus osées tout en conservant une filiation forte et un respect de ses fondamentaux.
L'exemple le plus marquant, c'est l'excellent dernier opus 3DS (A Link Between Worlds) qui s'émancipait de la structure canonique exploration-donjon-objet en ouvrant l'accès dès le départ au choix de n'importe quel item, cassant ainsi une linéarité classique et confortable.
Breath of the Wild pousse encore plus loin ce concept sur une base open-world encore jamais aussi bien explorée dans un Zelda. L'exemple le plus marquant consiste tout simplement dans le fait que, prologue effectué (environ trois heures de jeu), il est techniquement possible d'aller affronter immédiatement le dernier boss... certes sans grande chance d'y parvenir !
À vrai dire, cet épisode Switch respecte ainsi la structure substantifique du tout premier Zelda de la NES en y apposant une dimension 3D et, naturellement, un ensemble de relectures contemporaines aux imbrications rappelant parfois The Witness. Le résultat, c'est ce même sentiment étourdissant qui envahit le joueur à l'image d'un GTA V, alors qu'on n'aurait jamais imaginé le vivre dans un épisode des aventures de l'Hylien.
En situation de jeu on mesure, presque abasourdis, la qualité d'un gameplay multiplicatif aux intrications fabuleuses, lorsqu'on se perd sans s'en apercevoir dans mille curiosités alors qu'on partait sur un trajet initial d'un point A à un point B, finalement passé par toutes les autres lettres ! Et puis il y a cette carte, qui redéfinit encore une fois l'idée du gigantisme...
On a beaucoup entendu jaser sur les limites graphiques de ce dernier Zelda. Plus agréable à jouer techniquement sur tablette que sur télé, il souffre certes d'un downgrade relativement décevant par rapport aux premières annonces. Pas si Ghibli qu'attendue, la direction artistique relève cependant tellement bien le niveau, dans une étonnante cohérence d'ensemble, qu'elle fait immédiatement oublier ces petits reproches techniques.
Instillant le meilleur de ce que sait faire le jeu vidéo made in Nintendo et renouvelant la série avec un talent tout en modestie, extrêmement addictif, Breath of the Wild sait envelopper le joueur et le récompenser à tout moment par ses détails et sa profondeur, rendant au jeu d'aventure à la japonaise ses lettres de noblesse.
À ne surtout pas rater, pour les fans de la première heure ou les nouveaux venus !