Kakurinbo (avis)
L'excellente auberge Shukubo près du mont Fuji
Kakurinbo est une auberge bouddhiste classée 2 étoiles et située dans le village de montagne de Minobu, sur le versant ouest du mont Fuji, dans la préfecture de Yamanashi au Japon. Elle permet de faire l'expérience d'un authentique hébergement de temple shukubo, accessible en train depuis Tokyo.
Pour celles et ceux qui recherchent l'expérience dépaysante d'un hébergement traditionnel japonais, on ne peut que recommander de passer une nuit dans un temple bouddhiste (shukubo en japonais). Si le mont Koya, dans la région du Kansai, attire la majorité des voyageurs étrangers pour séjourner 1 nuit en shukubo, il existe de nombreuses autres adresses à travers l'archipel, toutes aussi authentiques et préservées du tourisme de masse.
Niché dans le petit village de montagne de Minobu dans la préfecture de Yamanashi, Kakurinbo appartient au Gyogaku-in, un sous-temple du Kuon-ji, le centre spirituel principal de la secte bouddhiste Nichiren Shu. Géré par la famille Higuchi depuis plusieurs générations, dont certains membres sont également moines, cette maison d'hôtes accueille des voyageurs en quête d'un séjour spirituel, traditionnel et au calme. À l'écart de l'agitation des grands pôles urbains, Kakurinbo présente les avantages d'être :
- accessible en moins de 3h de train 🚅 depuis Tokyo ;
- situé non loin du mont Fuji 🗻, sur le versant ouest.
On profite ainsi d'un séjour dans une auberge bouddhiste unique et charmante, au sein de l'un des paysages naturels les plus emblématiques du Japon.
Un hébergement de temple authentique et familial
Kakurinbo respecte les codes authentiques d'un hébergement de temple shukubo, c'est-à-dire :
- Les visiteurs logent dans une chambre japonaise traditionnelle avec un sol en tatami, des lits en futon, une alcôve tokonoma décorée selon les saisons et des cloisons opaques fusuma ou shoji pour délimiter les espaces. Le mobilier et les équipements sont simples et pratiques : table basse et chaises adaptées, purificateur d’air, TV, service à thé et couverture chauffante kotatsu en hiver. Certaines chambres bénéficient d'une jolie vue sur le jardin intérieur du temple.
- La salle de bains 🛁 et les toilettes 🚽 sont communs à tous les résidents, avec un plus pour les 2 sento de l'établissement qui peuvent s'utiliser de manière privative ; chacun son tour, on inscrit son nom à l'entrée pour bénéficier de 30 minutes de bain chaud en individuel, couple ou famille. La couleur rouge de l'eau provient du vin de Koshu (spécialité locale) qui est dilué et proposé en soins du corps.
- Les repas servis sont kaisekei et végétariens suivant la cuisine dite shojin ryori qui est le régime habituel des moines. Comme dans toute auberge japonaise, on goûte avec curiosité et délices aux spécialités locales de saison. Kakurinbo est réputé pour ses plats au yuba (peau de tofu) élaborés avec du soja Akebono issu d'une production régionale unique au Japon.
- La prière du matin a lieu à l'aube, chaque jour entre 5 et 6h et avant le petit-déjeuner. On s'habille suffisamment selon la météo et l'on participe à cette séance spirituelle qui permet de commencer la journée de façon apaisée.
On recommande particulièrement cet hébergement shukubo pour l'accueil chaleureux réservé par la famille Higuchi à leurs résidents, notamment Mme Higuchi Junko qui est l'actuelle maîtresse des lieux. Le concept de maison d'hôtes n'est absolument pas galvaudé et l'on vient à Kakurinbo partager pendant quelques instants le quotidien d'une famille de moines bouddhistes.
Des activités spirituelles et variées
En plus du logis et du couvert, Kakurinbo organise plusieurs activités ou spectacles qui permettent de continuer la méditation et de découvrir différents aspects de la culture et des arts locaux.
Voici notre retour d'expérience sur les activités réalisées au cours de notre séjour sur place :
- Les ateliers de calligraphie sur papier ou sur une étiquette de bouteille de vin sont bien animés. On s'exerce à l'écriture de kanji avec un pinceau et de l'encre sur du papier washi local, que l'on garde ensuite en souvenir.
- La séance d'essayage de kimono 👘 à manches longues furisode se montre particulièrement intéressante pour les femmes. Le furisode est un kimono de mariage qui est, à cette occasion, porté de 2 façons : classique à la japonaise ou plus originale à l'occidentale, avec les épaules dévoilées. Une séance de photos est ensuite organisée où chaque participante prend la pose. Les hommes peuvent également participer à cet atelier et revêtir un kimono masculin formel qui ne se porte pas à l'occidentale.
- L'activité du maniement du matoi (纏) est assurée par le fils de la propriétaire dans une atmosphère enthousiaste, au rythme des tambours uchiwadaiko et du chant populaire Sore ! Sore ! On assiste puis on s'essaye au porté du matoi tel qu'il s'effectue pendant les matsuri.
- Le spectacle de gagaku (雅楽) assure l'ambiance sonore du dîner. L'harmonie des sons qui sort des instruments traditionnels joués par les 3 moines (orgue à bouche shô, hautbois hichiriki et flûte ryuteki) s'avère assez inhabituelle et en même temps apaisante. Le gagaku, qui fait référence aux anciennes musique et danse pratiquées à la cour impériale depuis l'Antiquité, est inscrit depuis 2009 à l'Unesco en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
D'autres activités comme des excursions guidées, la confection de chapelets bouddhistes, la teinture indigo sur tissu avec la créatrice Fumiko Sato ou encore la récitation chantée de sutra sont également proposées ; on peut se renseigner en amont sur leur site Internet 📶 (ici) puis réserver à son arrivée sur place.
Kakurinbo offre une escapade dépaysante à la fois traditionnelle, spirituelle et rurale au pied du mont Fuji. Depuis son hébergement, on visite facilement le mont Minobu, le temple Kuon-ji ainsi que le mausolée de Nichiren Shonin (moine influent du XIIIe siècle) puis, on rayonne jusqu'aux villes de Kofu au nord ou bien Fujinomiya et Fuji au sud.