Tatouages : le Japon plus strict
Tattoo japonais (yakuza) : modèles et dessins interdits
Comme chacun le sait, la société japonaise a ce rapport délicat avec le tatouage. Au Japon, arborer des tatouages a longtemps été, et est encore pour beaucoup, un signe d'appartenance aux yakuza, la mafia locale. Mais cela tend à évoluer (doucement), comme nous avons pu le démontrer il y a quelques années dans notre article "Au sentô, une anecdote pleine de tatouages" . Il faut dire que les jeunes Japonais se font faire de plus en plus de petits tatouages, souvent discrets.
En tant qu'étrangers, il y a de fortes chances pour que l'on soit clément avec vous si l'on aperçoit un bout de tatouage, par exemple sur votre bas ou jambe. Difficile d'imaginer un yakuza aux yeux non bridés, avec sac à dos et appareil photos ! Si votre tatouage est caché, nous vous incitons très fortement à le signaler à l'entrée d'un onsen ♨️ ou d'une piscine, et à respecter le choix de l'établissement si l'on vous refuse.
Les Japonais, en revanche, doivent faire face à plus de rigueur en particulier dans le cadre du travail. C'est le cas très officiellement en 2012 dans la fonction publique à Osaka, lorsque la maire de l'époque, Toru Hashimoto, a fait distribuer un document à remplir par chacun des 38.000 employés de la municipalité. Quelque mois avant, l'un d'entre eux avait montré son tatouage à un enfant dans un centre d'aide sociale, ce qui avait provoqué un petit incident.
Chaque salarié doit donc remplir le document nominatif ci-contre (via), en précisant s'ils possèdent ou non un tatouage et si oui, à quel endroit du corps et de quelle taille. Les membres concernés sont : les bras des épaules aux doigts, les jambes des genoux aux pieds, ainsi que le cou, la nuque et la tête.
Le département juridique de la mairie précise que cette enquête n'entre pas en conflit avec la légalité. Les instructions du document précisent qu' "il est inapproprié [pour les fonctionnaires] de travailler dans des tenues qui dévoilent vos tatouages" et que les informations seront d'abord traitées lors d'entretiens individuels avec les personnels.
Une autre affaire de tatouage, toujours à Osaka et démarrée en 2015, concerne le procès de Taiki Masuda, tatoueur japonais poursuivi pour avoir pratiquer son art sans licence médicale sur trois femmes entre juillet 2014 et Mars 2015. D'abord condamné à payer 300.000¥ (~1.827€), il fait une première fois appel, ce qui divise son amende par deux. Finalement, la Haute Court de justice l'acquitte totalement en novembre 2018 en statuant que son acte ne relève pas de la pratique médicale. Masuda a profité de cette médiatisation pour co-fonder une ONG baptisée "Save Tattooing in Japan" toujours active aujourd'hui.
Un petit point de langue japonaise pour finir : il ne faut pas confondre タトゥー tatoo, les tatouages sur le corps, avec 落書き rakugaki, les tags / graffitis.
Et vous, avez-vous une anecdote à raconter autour de vos tatouages lors d'un voyage au Japon ?