Les 8 personnages de jeux vidéo japonais qui m'ont marqué
Meilleurs protagonistes de l'histoire du JV
Poursuivons notre tour d'horizon des classements de la culture populaire japonaise, après les manga, les films d'animation et les films japonais.
Pour ne pas établir un classement des meilleurs jeux vidéo de l'histoire (vu, revu et surtout trop illusoire), j'ai choisi d'aborder plutôt la facette des personnalités. Pas des personnages excuses ou seuls avatars du gameplay (par exemple Mario), mais des véritables figures et individualités marquantes croisées dans le jeu vidéo 🎮.
Trois petites remarques avant de commencer :
- les paragraphes d'explication pour chaque personnage contiennent évidemment des spoilers (à éviter si vous n'avez pas terminé le jeu en question) ;
- la liste suivante est ordonnée alphabétiquement ;
- naturellement, ces choix restent purement subjectifs, donc inutile de me signaler que j'ai "oublié" untel ; en revanche votre propre classement est le bienvenu en commentaires !
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Amaterasu
Okami | PlayStation 2 (2006)
Du point de vue du gameplay dans Okami, on passe trente heures à diriger un "simple" loup. Ce que l'histoire nous apprend en revanche, c'est qu'il est la réincarnation d'Amaterasu, déesse du soleil en partie à l'origine de la création du Japon, aspirée dans une mythologie moderne qui y mêle le conte de la princesse Kaguya. La grande louve est belle, valeureuse, noble et déterminée, et elle n'aura jamais besoin de bavarder pour asseoir son charisme.
Bayonetta
Bayonetta | PlayStation 3 / Xbox 360 (2009)
Il y a quelque chose de très fin et d'éminemment japonais chez Bayonetta : construite comme un objet de fantasmes un peu cruche, elle représente en réalité l'archétype de la femme forte à qui on ne la fait pas. Et prouve par la même occasion, dans un milieu qui a parfois tendance à l'oublier, qu'une femme peut à la fois être agréable à regarder et crever l'écran par sa présence et son autorité. La sorcière à la main de fer dans un gant de velours nous cache certainement de bonnes choses pour la suite sur Wii U.
Elhaym Van Houten
Xenogears | PSone (1998)
En terme de constructions de personnages, Tetsuya Takahashi a atteint le sommet de son art avec Xenogears. Elly, pierre angulaire du jeu dans sa relation d'antitype avec Fei et leurs filiations respectives, a autant d'histoires que d'incarnations. À cela il faut encore rajouter sa dualité passionnante avec Miang, la mère originelle. On lui trouve un écho plus moderne, mais sensiblement moins consistant car moins absolu, en Fiora de Xenoblade.
J'analyse tout cela en détails dans l'article Xenogears : explications du scénario.
Harman Smith
Killer 7 | GameCube (2005)
Je ne suis généralement pas très réceptif aux essais de Suda 51, mais la figure déictique de son Harman Smith attire car elle contient les sept personnalités d'assassins du jeu. Ce n'est qu'à la fin de Killer 7 que l'on apprend la mise en abîme : Harman appartient lui-même au conscient d'Emir Parkreiner, personnalité originelle et seul véritable protagoniste de l'histoire. Difficile de faire plus global !
Kefka Palazzo
Final Fantasy VI | Super Nintendo (1994)
Bouffon sociopathe, Kefka rappelle le Joker de Batman dans la cruauté de son caractère et une omnipotence charismatique. On retrouvera une forme de son nihilisme et du plaisir qui en découle, ainsi que sa volonté de tutoyer la déité, dans les différentes itérations des Xeno. Sephiroth (FF7) mis à part, et c'est encore aujourd'hui matière à débat, aucun autre antagoniste de Final Fantasy ne lui arrivera plus à la cheville.
Link
Zelda Link's Awakening | GameBoy (1993)
Sachant que les développeurs de chez Nintendo délaissent volontairement la partie scénaristique de leurs productions maison pour se concentrer sur le gameplay (ce qu'ils font avec un talent inattaquable), l'idée de retrouver une des leurs figures narratives peut surprendre dans cette liste. Si Link est une idée plutôt qu'un protagoniste récurrent, son incarnation dans l'épisode GameBoy apparaît sans doute la plus étonnante. À la fois acteur et prisonnier du rêve qu'il construit, cet Hylien-là découvre qu'une alternative à Zelda est possible en Marine.
Samus Aran
Metroid | consoles Nintendo (1986-)
Pour sa première incarnation, le protagoniste de Metroid apparaît aux yeux de tous comme un avatar guerrier masculin. Ce n'est qu'en finissant le jeu que Samus Aran dévoile une longue chevelure blonde (et, sous conditions, un bikini !). Malgré une tentative en demi-teinte de background dans Other M sur Wii, c'est la sérénité, l'abnégation et peut-être encore l'instinct maternel d'une Samus isolée qui forcent son respect quelle que soit sa mission, dans ces environnements hostiles et délétères. De Ripley (Alien) à Ridley, il n'y a qu'un pas.
Wanda
Shadow of the Colossus | PlayStation 2 (2005)
Plus encore qu'Ico, Wanda ne laissera aucun obstacle lui barrer le chemin vers son objectif, aussi colossal soit-il. Pour ressusciter sa promise, le jeune guerrier est prêt à tous les sacrifices, même l'ultime. Les stigmates progressives de sa transformation physique témoignent du mal-fondé de ses actes. Mais l'amour rend aveugle, et l'acmé de l'histoire témoignera de cette impasse aussi vieille que les temps : nul n'est plus fort que la mort, même dans le jeu vidéo.
J’analyse tout cela en détails dans l’article Shadow of the Colossus : réflexions sur la fin.
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Ils ont manqué de peu le classement
Les boss
Metal Gear | MSX / PlayStations (1987-)
Et par "les boss", j'entends autant The Boss que les différents antagonistes-étapes de Snake aux passés douloureux. Et parce que pour une fois, la mise en scène de MGS ne sert pas de cache-misère.
Catherine / Katherine
Catherine | PS3 / Xbox 360 (2011)
C/Katherine : deux faces d'une même pièce, la maman et la putain, la femme dans sa complétion, et le doute corollaire du trentenaire veule face à ce choix.
Nozomi Harasaki
Shenmue | Dreamcast (1999)
Dès les premières heures, elle se confesse à Ryo qui, trop occupé par sa mission, ne lui retourne pas des sentiments qu'il partage pourtant. Elle sera vite expédiée après son départ pour le Canada, et presque totalement oubliée dès Shenmue 2. Pas étonnant que son nom signifie "vœu" en japonais.
Bonus non-japonais
Elizabeth
Bioshock Infinite | PlayStation 3 / Xbox 360 / PC (2013)
Elle est l'alpha et l'oméga du scénario, la clé au sens propre comme au figuré. De cause faible à protéger, Elizabeth devient conséquence sage et hégémonique à travers un final magistral.
Ezio Auditore
Assassin's Creed 2 / Brotherhood / Revelations | PlayStation 3 / Xbox 360 (2009-2011)
Il est le seul véritable protagoniste du jeu vidéo à se dévoiler de la naissance à sa mort. Sa construction est incroyable de réalisme : de dragueur fougueux et rebelle, il devient déterminé et résilient, puis humble en proie au doute. Bien que simple réceptacle, il expulse Desmond de par son charisme. Ne nous abaissons même pas, alors, à le comparer avec Connor.
J’analyse tout cela en détails dans l’article La fin d'Assassin's Creed Revelations.
Nathan Drake (Uncharted)
Uncharted | PlayStation 3 (2007-2011)
Marco Polo des temps modernes, toutes les épreuves glissent sur son ironie. Le tableau aurait été idyllique s'il s'était construit sur un flegme british, mais Drake reste un Amerloque d'aventurier en jean moulant, pantin des femmes dans l'ombre de Lara Croft.
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Et selon vous, quelles sont vos personnalités les plus marquantes de l'histoire du jeu vidéo ?