Bayonetta (test)
C'est un fait difficilement réfutable : Sonic n'en finit pas de crever dans les abîmes de la médiocrité. En 12 ans, Sega n'a toujours pas compris que la greffe 3D est ludiquement rejetée par le hérisson. Pour s'en sortir, la firme capitalise donc sur ses licences passées (les horreurs Sega Superstars Tennis ou All-Stars Racing, les multiples ressorties de jeux rétro sur consoles virtuelles…) et développe, de temps à autre, une nouvelle franchise qui sort la tête de l'eau. C'est le cas de Yakuza par exemple, MadWorld également et on devine que Bayonetta souhaite en faire partie. Rien qu'à voir la com’ déployée autour du jeu pour sa sortie, au Japon comme en occident, on comprend que le coup à jouer est important pour Sega. Alors, vraie brillance ou coup fourré ?
La grande force de Bayonetta, c'est sa protagoniste Bayonetta, justement. Un érotisme ambiant entoure le personnage via sa démarche féline, dominatrice et lascive au postérieur enroulé, ses yeux qui sentent la braguette et les lunettes de secrétaire salope, sa souplesse déjà légendaire et ses mouvements fluides défiant la gravité, ses postures affriolantes et des gimmicks mi-naïfs / mi-aguicheurs. Pendant féminin d'un Dante carrément ringardisé, Bayonetta emmène l'ambiance du jeu par le travail réalisé autour de son personnage et ses actions. À ce titre, les cinématiques très "Devil May Cry", justement, n'en finissent pas de valoriser la belle. Bref, elle est un élément clé de la réussite du jeu.
Car aussi poseur soit-il, et malgré toutes ses qualités, Bayonetta ne réinvente pas le genre beat'em all. Pour visualiser la comparaison, on pourrait même le rapporter à DMC autant que God of War III surplombe Dante's Inferno. Là où Capcom et Devil May Cry s'encroûtaient dans des racines obsolescentes, Sega sort la grosse artillerie et nous sert un gameplay racé et violent, rythmé et varié, quoi que peu innovant. Mais il faut de toute façon louer une efficacité qui ne s'essouffle pas au long du jeu, sauf à n'éviter parfois une certaine redondance sur la longueur. Et on ne remercie pas non plus les interminables temps de chargement.
Il faut, alors, prendre finalement Bayonetta pour ce qu'il est : un petit plaisir de Hideki Kamiya, au ridicule typiquement japonais (ses musiques d'ascenseur infernales, son scénario pathétique, ses PNJ grotesques, ses séquences cinématiques à faire gerber un caméraman) et qui offre son lot de fun sans gueule de bois. Mais sans souvenir mémorable non plus, hein. Platinum Games a fait mieux, mais ce serait con de bouder son plaisir : qui refuserait de prendre une donzelle aussi charmante entre ses doigts ?