GameFAN : critique du #3
Illustration ci-dessus : couverture du numéro 3, et le manga en prépublication à partir de ce numéro.
Promouvoir un numéro de GameFan pour ses rédacteurs, c'est une présentation en trois temps : allécher avant, noyer de dithyrambes à la sortie, cracher dessus dès l'annonce du numéro suivant. En d'autres termes, un fonctionnement en tout point similaire à celui des gros éditeurs de jeux que l'esprit GameFan condamne, parce que bouh-caca-pas-bien le grand public, quand même hein. Seulement, sans rien s'avouer, le magazine des pro gamers auto-proclamés a toujours plus le cul entre deux chaises. Que vaut la troisième édition ?
Dans la forme, c'est du beaucoup mieux qui est proposé. Le magazine se pare enfin d'une vraie reliure, via un dos carré qui remplace les agrafes fatiguées, et d'une couverture plus épaisse. Les pages intérieures proposent un papier encore un peu souple à mon goût, mais de gros efforts ont été faits, et ils sont à féliciter. Petite conséquence malheureuse de ce choix tardif : les marges intérieures apparaissent un peu rognées par la reliure sur certaines pages, mais l'erreur devrait être corrigée avec le prochain numéro. La couverture se veut beaucoup plus accrocheuse, et ce n'est pas un mal compte tenu des catastrophes marketing précédentes. Le dessin attire autant que les couleurs, merci le changement de dessinateur au profit d'une Gallou bien inspirée, qui laissera pourtant sa place à un Snake crayonné par Recio pour le numéro 4.
GameFan offre toutefois encore trop peu de pages (à peine plus d'une centaine) pour un magazine à peine moins cher que la concurrence, malgré la toujours plus inquiétante quasi-absence de publicité. Et ce ne sont pas les seize pages "gratuites" remplies par la pré-publication douteuse d'un shônen manga à la Française qui aideront à sortir de l'esprit fanzine, renforcé encore par l'absence de rubrique courrier au profit du forum en ligne (et non, je n'ai pas d'adjectif pour le décrire !), ou par le jeu de cache-cache derrière des pseudos très adolescents pour la plupart des collaborateurs.
Si des améliorations sont présentes sur le fond, il faudra d'abord passer par une barrière linguistique pénible et fatigante. En effet, pour le bonheur des amateurs du célèbre philosophe JC Van Damme, GameFan ne se soulage pas d'une technique d'expression générale loin du journalisme et ancrée dans des style pseudo pro gamers (sic), ce qui se traduit par un mélange ridicule de Français / Anglais / Japonais, là où la rédaction ferait mieux de se pencher d'abord sur la masse de fautes d'orthographe et de syntaxe qui subsistent dans leur langue maternelle. Reste qu'un lexique ne serait pas du luxe, car si t'es pas du pro videogame style group, t'es en complete misunderstanding live in Tokyo...
Lettres inversées, mots oubliés, photos trop petites, trop sombres, ou qui mangent le texte... sont encore quelques-unes des petites erreurs de maquette qui subsistent. Ce n'est rien de bien grave compte tenu du travail abattu par un Fabien qui en avait en reprenant les rennes dès le numéro 2. Si le charisme et la patte n'y sont pas encore à fond de cale, la maquette de GameFan reste efficace dans l'ensemble.
Pour le reste, le magazine oscille entre du très mauvais et du beaucoup plus intéressant. Par exemple, la page consacrée à cette "night in Shibuya", qui relate la nuit d'un joueur juillettiste désabusé en plein Tôkyô, intéressera par son côté décalé et original, malgré de lourdes erreurs autour : il n'est pas assez mis en valeur, pas assez explicite, pas assez illustré, pas assez long, et un peu trop obscur dans sa rédaction. Ces écueils sont l'apanage de plusieurs rubriques, telle qu' "Échauffements" en première ligne, qui tombent comme un cheveu sur une soupe en manque de "où ?" et de "pourquoi ?".
Absolument ridicule, lacunaire et mal construit est le "dossier" (seulement deux pages) de blabla sous-analytique écrit par le dictionnaire des synonymes, démago mais pourtant si sexiste et moralisateur, nappé de chiffres sortis d'on ne sait où, et d'une réflexion à peine digne d'une copie de lycée. "Jeux vidéo, relations amoureuses", qu'ils l'ont titré... Pour des essais aussi ratés, on ne repassera pas, GameFan ferait mieux de ne pas marcher sur les plate-bandes de Gaming avant d'avoir le niveau. Ce torchon aura au moins eu le mérite de me faire rire de longues minutes, ainsi je souhaite vous faire partager un des grands moments de cette rédaction :
"Un vrai joueur aime la vie, plus que tout au monde d'ailleurs et plus que quiconque. Il serait dommage de lui donner une fausse impression. Le jeu est une vision du réel, le réel est la vision d'une idée. Et il n'y a qu'une seule idée vraiment valable dans ce bas monde, plus forte que tout le reste : l'amour, aimé et être aimé."
Meilleur que lorsque GameFan fait du médiocre, c'est lorsque GameFan fait du mauvais et là, ça vaut tout les textes FJM du monde. L'article de 4 pages sur le marché de l'occasion n'est qu'à peine plus valable : s'il est toujours aussi hasardeux et contradictoire dans ses affirmations, l'auteur maîtrise un peu plus un sujet qui demande moins d'analyse. Cela n'en fait pas pour autant un article moins puéril et soporifique à lire. L'on se rattrapera alors sur la beaucoup plus intéressante rubrique de Fabien qui nous montre le véritable jeu vidéo 🎮, sorti des gros titres dont tout le monde parlera. C'est à mon goût dans cette voie que GameFan doit s'engouffrer pour parler aux gros joueurs, bien que le public visé atteigne difficilement les soixante mille exemplaires du tirage.
En vrac pour le reste, le système de tests se solidifie grâce à l'attribution des titres aux joueurs rompus à tel ou tel genre. C'est toutefois à double tranchant puisque l'on peut facilement tomber dans la surenchère (de mélioratifs, de dépréciatifs, de langage obscur...). Celle du moment étant de se transformer en PS2 Magazine avec neuf critiques sur dix étant réservées à la machine.
Les parties RPG et Arcade s'avèrent intéressantes (même si cette dernière est trop axée baston à mon goût). Toutefois, j'ai toujours du mal avec ce système de sous-mags là où une séparation en rubriques reste tout aussi efficace et prend moins de place.
L'article de fond sur Gunpei Yokoi m'a beaucoup intéressé. GameFan doit à mon avis oser écrire ce genre de six pages de cette qualité, plutôt qu'une multiplicité de pages uniques qui ne servent à rien, puisque ne pouvant pas rentrer dans le fond du sujet.
Enfin, j'aborde rapidement le thème du manga qui n'a d'autre prétention que de nous présenter le coup d'essai bédéisant de deux dessinateurs offerts à la prépublication sur soixante mille exemplaire. Sans fioriture, elle n'a toutefois rien de bien original mais risque de plaire plutôt aux amateurs de jeux de combat qu'aux connaisseurs des manga.
GameFan semble avoir atteint avec ce numéro 3 ce que l'on pouvait attendre d'un premier numéro : un magazine d'une qualité juste correcte, encore bourré d'incertitudes et de multiples écueils. Il faut à présent continuer dans cette voie et gommer tous les traits de traviole afin de proposer quelque chose d'encore plus cohérent et homogène. Car GameFan se cherche encore beaucoup trop pour prétendre offrir une quelconque alternative au reste de la presse trop bien ancrée derrière Jeux Vidéo Magazine.
Quoi qu'en disent les hardcore real pro gaming style playing boys.
GameFAN : anti-critique du #4
Illustration : ce numéro 4, page 13, je prends cela comme un clin d'oeil (cf. mes anciennes critiques).
En bon désencravaté, je n'en retire aucune fierté, toutefois. Et puis je vous ai laissé les fautes d'accords en petit bonus.
Pour le reste, n'étant pas attiré par les insultes et autres menaces suite à la lecture par certains de mes avis personnels dans ces pages, je cesserai à l'avenir de critiquer Game Fan ici. Une retraite anticipée pour ma part ?