Les salles de jeux au Japon
Les arcades et autres loisirs populaires
Les salles de jeux au Japon désignent les établissements de divertissements populaires auprès des Japonais de tous âges confondus. Reliques du passé en Occident, les salles d'arcade ou Game Centers sont le fer de lance de ces loisirs en milieu fermé, même si ces dernières subissent depuis 2020 un déclin accéléré dû à la crise du Covid.
La vie sociale occupe une majorité du temps disponible au Japon et il est commun de passer quelques heures après sa journée en semaine avec ses amis ou collègues de travail, avant de rentrer au domicile familial plus tard dans la nuit. En plus des bars izakaya où l'on s'installe pour boire et partager de bons petits plats, il existe les fameuses salles de jeux en intérieur équipées d'installations diverses pour se divertir à plusieurs. Véritables vecteurs de lien social où les uniformes tombent, ces temples du loisir font partie du paysage de la culture populaire japonaise depuis leur essor dans les années 1980.
Le pays des salles d'arcade
Quand on pense "salles de jeux au Japon", on fait référence en priorité aux salles d'arcade, que l'on nomme en japonais ゲームセンター gemusenta, c'est-à-dire l'adoption nationale du terme anglais Game Center. On trouve ces établissements, aux couleurs criardes et à la musique assourdissante, dans les quartiers électroniques des grandes villes et aux abords des gares dans les campagnes. Les grandes enseignes facilement reconnaissables qui se sont spécialisées dans ce secteur sont Taito, Bandai-Namco, Adores ou encore Round 1, pour ne citer que les plus connues. Il existe également quelques PME indépendantes qui se sont fait une place là où la concurrence était moins rude.
Un Game Center occupe la plupart du temps plusieurs étages d'un haut bâtiment, qui sont aujourd'hui répartis comme suit :
- Le rez-de-chaussée et les premiers niveaux attirent les passants avec des rangées de machines à pinces Ufo Catcher, car elles représentent un chiffre d'affaire conséquent pour les exploitants. Pour 100¥ (~0,61€) la partie, on tente d'attraper ou de faire tomber dans le réceptacle une peluche, une figurine à collectionner ou tout autre produit otaku dont la valeur est généralement comprise entre 2000¥ (~12,12€) et 6000¥ (~36,36€). Attention, la prise s'avère très difficile et l'on ne peut appuyer qu'une fois chaque bouton pour un déplacement transversal puis longitudinal de la pince.
- Les étages supérieurs hébergent les bornes d'arcade regroupées par thèmes, par exemple les jeux vidéo en ligne, de combat, de tir, de sports et bien évidemment les populaires jeux musicaux qui nécessitent une certaine dextérité et un sens accru du rythme. Certains établissements possèdent par ailleurs d’impressionnants simulateurs de jeux de courses hippiques.
Des distributeurs à gashapon sont également disposés à tous les étages pour permettre aux amateurs de compléter leurs collections de jouets kawaii en capsule. Et l'on trouve sur place de nombreux distributeurs automatiques de monnaie afin que les clients ne manquent pas de pièces pour utiliser les machines.
Certaines salles sont spécialisées dans les jeux vidéo 🎮 anciens telle que l'enseigne Mikado (ゲーセンミカド) à Tokyo qui possèdent plusieurs établissements dont le plus connu est celui de Takadanobaba. Les fans de retrogaming s'y rejoignent et peuvent participer à des tournois régulièrement organisés. Ces adresses sont de véritables musées vidéoludiques vivants et l'on peut citer également la boutique Super Potato et la salle GiGO Akihabara 5 qui abritent à leur dernier étage un espace dédié aux bornes vintage.
Les Game Centers en voie de disparition ?
En 2019, le Japon comptait à peine plus de 4.000 salles d'arcade alors que son territoire en dénombrait plus de 6 fois plus en 1989. Le marché était donc déjà en décroissance depuis des décennies lorsque la pandémie de Covid-19 🦠 vit le jour. En cause notamment : l'évolution du jeux vidéo et de ses comportements avec le développement des consoles de salon puis des jeux sur mobile, ainsi que l'augmentation régulière du coût de la vie (par exemple la TVA).
À partir de 2020, les périodes de confinements et de fermetures forcées des salles de jeux (qui n'ont d'ailleurs pas été éligibles à l'aide financière du gouvernement contrairement aux bars et restaurants) finissent de plonger le secteur dans une importante crise économique. On observe une série noire de faillites qui touche non seulement les établissements indépendants mais également, de manière plus retentissante, de grandes salles emblématiques comme à Tokyo : Sega Akihabara Building 2, Taito Station Nishi-Shinjuku, Silk Hat Ikebukuro ou encore Adores Akihabara Building 2 ferment ainsi définitivement leurs portes entre 2020 et 2021.
Sega s'est d'ailleurs totalement retiré de la gestion des jeux d'arcade au Japon et a vendu ses parts à l'entreprise Genda. De cette façon, ses différentes salles toujours en service ont été rebaptisées sous le nom de GiGO. Quelques années plus tôt, ses centres Joypolis avaient déjà fermé successivement et aujourd’hui, seul le site Tokyo Joypolis sur l'île d'Odaiba subsiste. En plus des bornes classiques de jeux d'arcade, le complexe dispose de manèges à sensation et de simulateurs en tout genre afin d'occuper et de satisfaire la plus large clientèle possible.
Les animations en réalité virtuelle VR
La réalité virtuelle est peut-être l'avenir des salles de jeux au Japon. La capitale japonaise développe depuis quelques années déjà une offre grand public en matière d'animations en VR, que l'on peut trouver notamment au sein :
- des Game Centers directement ;
- de certains grands observatoires qui renouvellent l'intérêt des visiteurs par le biais d'expériences immersives additionnelles, comme l'espace eSport RED de la Tour de Tokyo.
Le tarif reste plus élevé qu'une partie à une borne d'arcade mais tout à fait accessible avec des sessions de réalité virtuelle à partir de 400¥ (~2,42€) pour les moins chères.
Les photomatons insolites Purikura
On revient ensuite vers des loisirs plus intemporels comme les photomatons purikura, dont l'expression est tirée de la prononciation japonaise contractée du terme anglais print club et qui restent très appréciés en particulier chez les jeunes femmes japonaises. On pénètre à plusieurs dans une grosse machine à la technologie élaborée pour faire des photos-souvenirs personnalisables et dont le but est surtout d'être non-conventionnelles.
Pour 400 (~2,42€) à 500¥ (~3,03€) en moyenne, on s'adonne à une amusante session de portraits décalés entre amis. La cabine purikura peut en effet accueillir jusqu'à 8 personnes en même temps. Un menu détaillé permet de choisir parmi de multiples options de rendu comme la grandeur des yeux, l'intensité du gommage des imperfections de la peau, les nuances de couleurs, l'accentuation de la carnation ou encore le rose sur les pommettes. Après quelques pauses insolites, on sort de la cabine pour voir le résultat sur écran. À cette étape, il est encore possible de personnaliser dans un temps limité le cliché avec l'ajout d'inscriptions numériques, de petits dessins ou de stickers par exemple. On valide enfin les photos souhaitées pour les imprimer sur papier et en plusieurs exemplaires pour chacun(e) des participant(e)s.
Le vaste magasin baptisé Purikura Land Noa, qui se trouve sur la célèbre rue Takeshita-dori à Harajuku, permet aux touristes de tester facilement ce divertissement insolite et typique.
Les soirées en chanson Karaoké
Très populaires depuis les années 1980, les établissements à karaoké sont omniprésents où que l’on aille au Japon. À la différence de l'Occident, le karaoké japonais ne se pratique pas au sein des bars mais dans des enseignes spécialisées, dont les chaînes les plus répandues sont Karaoke kan, Shidax, Uta Hiroba, Big Echo ou Pasela.
Chaque karaoké occupe plusieurs étages d'un bâtiment et les équipements sont répartis dans des salles privatives et insonorisées. C'est donc bien entourés, entre amis ou en famille, que l’on exprime ses talents de chanteur et non devant une salle remplie d’inconnus. Chaque pièce comporte une table avec une banquette, un système d’éclairage dynamique et bien-sûr l’installation TV, hauts-parleurs et microphones adéquats.
Pour agrémenter ces instants euphoriques, on est invités à commander des boissons, alcoolisées (à partir de 20 ans) ou non, ainsi que des encas à grignoter tels que des beignets de poulet karaage, des pizzas, des rondelles d'oignon frites ou encore des glaces. Une consommation minimum est souvent obligatoire dans ce type d'établissement.
On paie au temps passé dans la salle de karaoké et le tarif horaire varie en fonction du moment dans la journée (matin, après-midi, soir et même nuit) ainsi que du jour (semaine ou week-end). Le coût total de ce loisirs reste vraiment très abordable et son succès ne semble pas prêt de s’arrêter.
Les sports et loisirs adoptés de l'Occident
Le bowling et les batting center sont des loisirs américains à la base, que l'on retrouve également au Japon. Ces 2 activités sportives sont pratiquées en intérieur avec une particularité pour les batting center dont les terrains peuvent être installés sur les toits des hauts immeubles dans les grandes villes. L'on reconnaît alors dans le ciel les grands filets verts qui sont tendus pour limiter les trajectoires des balles.
Face à un lanceur automatique de balles de baseball et équipé(e) d'une batte, on s'entraîne pour frapper le plus loin et le plus fort possible. Parfois, des cibles animées sont présentes pour corser un peu le jeu et donner encore plus l'impression d'être sur un terrain.
Comme dans les pubs anglais, les Japonais aiment s'amuser en faisant des parties de billard ou des concours de jeu de fléchettes. Sur le même principe que le karaoké, on loue à plusieurs un espace dédié sur un temps donné. Les sessions de jeu s'enchaînent, entrecoupées de pauses rafraîchissements. L’ambiance s'y montre détendue et conviviale, les joueurs prenant leur temps et laissant exprimer pleinement leurs exploits à voix haute. On trouve ces divertissements dans certaines salles d'arcade ainsi que regroupés dans des établissements spécialisés.
Les casinos alternatifs Pachinko
Les pachinko sont des casinos à la sauce japonaise, c'est-à-dire sans gain d'argent immédiat car cela n'est pas légal, mais avec l'obtention d'un "lot" (tokushu keihin en japonais) pour le joueur gagnant. Ensuite, et afin de contourner la loi, chaque salle pachinko dispose dans son environ proche d'un bureau baptisé TUC shop et dans lequel on se rend donc pour échanger ledit cadeau contre de l'argent.
Ces casinos alternatifs se repèrent facilement depuis la rue grâce à leurs néons qui clignotent en permanence. À l'intérieur, les machines serrées sur plusieurs allées produisent une véritable cacophonie, parfois à la limite du supportable. Leur fonctionnement se révèle assez rudimentaire à l'image d'un flipper : des billes tombent du haut de la machine et une simple manivelle permet d’influencer légèrement leur chute. Si ces dernières tombent au bon endroit, on en gagne alors d’autres ; le but étant d'accumuler le plus de billes possibles à la fin de la partie. Point d'attention : ce loisir est uniquement réservé aux personnes majeures au Japon, c'est-à-dire à partir de 20 ans. Fréquentés aussi bien de jour comme de nuit, ces établissements attirent ainsi une clientèle plutôt âgée qui peut dépenser une somme plus conséquente.
Les salles de jeux au Japon participent au développement de l'économie locale et à l'animation de la vie nocturne des quartiers dans lesquels ils résident. Le savoir-faire japonais en matière de création de contenus interactifs et divertissants n'est plus à prouver, mais les changements durables de la société ainsi que le contexte économique peu favorable obligent ce secteur de l'amusement à se réinventer, sans quoi il pourrait disparaître en partie.