Gitaroo Man
Si le genre Rythm Game a ses habitués (Konami et Namco en tête), il a également été ponctuellement touché par d'autres, et parfois de bien belle manière, comme Koei et son Gitaroo Man.
De prime abord, ce jeu a tout de la production moyenne sans prétention. Réalisation graphique correcte dont le rendu PS2 scintillé/aliasé ne rend pas vraiment hommage à un character design plutôt sympathique et original. Le scénario bateau 🛥️ nous met en scène U-1, l'inévitable raté froussard, dont l'amour secret de sa vie n'a d'yeux que pour son rival parfait sous tous rapports. Grâce à son petit chien, Puma, il se rendra compte qu'il est le dernier des Gitaroo et nous fera donc une belle leçon de confiance en soi en devenant une sorte de guitariste intergalactique sauveur du monde. Bref, un scénario pas franchement original, mais on n'en demande pas plus d'un jeu musical. Il aura toutefois le mérite d'être bien mis en scène, plutôt rigolo et les quelques images fixes remplies de citations quelque peu "moralistes" en japonais apportent une touche personnelle à l'ensemble. Le jeu sent donc bon le truc sympathique sans plus.
Et puis une fois le pad en main, force est de constater que Koei a bien bossé son bébé en proposant un système de jeu inédit et efficace. Les combats (car c'est bien connu, les conflits se règlent à coup de guitare) se déroulent selon trois phases distinctes. Tout d'abord la charge. U-1 ne dispose que d'une partie de son énergie au départ. Il faudra donc appuyer sur un des boutons au bon moment, le tenir le moment voulu tout en suivant avec le stick gauche une ligne venant de n'importe quel côté de l'écran, et au parcours souvent tortueux, afin de se régénérer. Sans doute confus expliqué comme tel, mais une fois le pad en main, les interrogations disparaissent vite. D'autant que le premier niveau sous forme de tutorial est très bien fait (presque trop, car un brin long et ennuyeux). La deuxième phase est celle du combat pur, qui enchaîne la pression à répétition de touches du pad dans un ordre donné afin d'éviter les attaques des ennemis, à des phases similaires à la charge, mais pour attaquer cette fois. Enfin, la dernière partie, le final, reprend le concept stick+bouton pour achever l'ennemi. Ce concept intéressant trouve toutefois quelques limites dans la conception du Dual Shock 2. La mollesse du stick analogique rend parfois le suivi de la ligne imprécis et l'espacement des boutons est peut-être trop élevé pour pouvoir suivre certaines séquences de touches. D'autant que Koei s'est plutôt lâché sur le niveau de difficulté en proposant un jeu où il faudrait parfois avoir trois pouces pour bien y arriver. Un titre donc nettement moins accessible aux débutants qu'un Space Channel 5 ou un Parappa, mais hautement plus jouissif pour se sentir "Dieu du pad".
La musique reste le pilier central de ce genre de jeux et là aussi, Koei a soigné parfaitement les choses, en nous proposant une bande son agréable et variée. Principalement centrée rock, mais aussi pop, funk ou ballade, chaque niveau a sa propre patte musicale rendant la progression on ne peut plus agréable. Mention spéciale au niveau de Gregorio III, personnage androgyne et glauque à souhait, se déroulant dans une église et dont le thème "Tainted Lovers", nous rappellerait presque un bon Castlevania. Dommage juste que le niveau de difficulté y soit à s'arracher les cheveux.
Avec son Gitaroo Man, Koei m'a totalement surpris et conquis. Malgré son niveau de difficulté parfois rageant, l'on accroche bien à la petite aventure gentillette de U-1. La qualité de la bande son fait qu'on y revient également facilement. Un jeu certes moins connu, mais qui mériterait largement une belle place aux côtés d'un Parappa the Rapper dans votre collection. A découvrir !