Mirai, ma petite sœur
Critique du dernier Mamoru Hosoda
Miraï ma petite sœur est un film d’animation japonais réalisé par Mamoru Hosoda. Sorti en juillet 2018 au Japon et en décembre de la même année en France, ce long-métrage s'avère être un succès critique. L'anime revient sur les relations frère-sœur et comment l'arrivée d'un deuxième bébé transforme l'équilibre familial. Kun-chan, petit garçon de quatre ans, part ainsi à la découverte des membres de sa famille.
Bien évidemment, chaque nouveau long-métrage de Mamoru Hosoda est attendu de pied ferme par la rédaction de Kanpai. Avec des petits bijoux à son actif, parmi lesquels le plus récent et exceptionnel Garçon et la bête, l'artiste revient forcément et de manière récurrente, au côté de Makoto Shinkai, dans la short-list des réalisateurs les plus en vogue dans le paysage du film d'animation japonais.
Toujours centré sur la famille, le thème de prédilection de Hosoda, Miraï ma petite sœur s'inscrit cette fois dans un schéma mononucléaire plus classique voire moderne d'un point de vue japonais. L'angle choisi par le film est celui d'offrir des échappatoires oniriques par le prisme fantasmatique de Kun-chan, le fils de 4 ans logiquement perturbé par l'arrivée de sa petite sœur Mirai au sein du foyer familial.
On est donc immédiatement séduits par cette replongée dans l'univers du réalisateur, son design des visages d'une maîtrise hors pair et sa captation des postures et des mimiques d'un réalisme parfois saisissant, qui ravira forcément tous les jeunes parents. Les couleurs pastels étoffent un environnement plastique agréable que les mouvements 2D étonnamment saccadés, heureusement complétés par de l'animation assistée par ordinateur superbement maîtrisée (et qui confine parfois à la performance technique), ne parviennent pas à gâcher.
Là où le bât blesse, c'est plutôt dans la construction étonnante du film qui s'articule plutôt autour de saynètes successives —presque dans un déroulé à la Mes voisins les Yamada— que dans une véritable épopée dans laquelle Hosoda excelle pourtant. Bien que court (une heure et demie environ), Mirai fait montre d'un manque cruel de rythme et va jusqu'à ennuyer dans certaines séquences interminables comme celles des poupées puis de la gare de Tokyo. Le choix d'avoir quasiment limité le décor des phases réelles à la maison familiale étouffe toute ambition que les passages imaginaires ne parviennent malheureusement pas à relever.
Plus surprenant encore : l'aspect déceptif conséquent du titre originel, littéralement "Mirai du futur", qui portait pourtant à entrevoir un scénario plus vaste que la structure coercitive finalement employée, laisse finalement sur un sentiment de trop peu. Enfin, on sera également gênés par ce casting raté sur la voix du protagoniste Kun-chan, Moka Kamishiraishi, une jeune femme de 18 ans dont les gesticulations vocales n'ont de plus irritant que leur inadéquation au petit personnage.
Si Mamoru Hosoda semble fonctionner sur une œuvre à la cadence "rollercoaster" (les merveilles One Piece Baron Omatsuri, La traversée du temps et Le garçon et la bête ponctuées des plus décevants Summer Wars, Les enfants loups et Miraï ma petite sœur), on ne peut qu'attendre avec impatience sa nouvelle proposition qui devrait en toute logique, souhaitons-le, relever un niveau déjà plus qu'acceptable.