La Traversée du temps
Mamoru Hosoda : Toki wo Kakeru Shôjo
Depuis que les films du studio Ghibli se sont démocratisés en France, on nous sert chaque année une poignée de films de japanimation. Sur les écrans cette année, on a par exemple eu droit à Paprika ou encore Amer Beton. Cet été, c’est La Traversée du Temps qui a débarqué sur les écrans français. Bon, pas de manière aussi prégnante que Transformers mais le potentiel sexuel de leur héroïne lycéenne respective est inversement proportionnel a l’intérêt du film. Makoto, la protagoniste de Toki o Kakeru Shojo, ne respire pas le sexe dès qu’elle regarde la caméra puisque : 1/ elle a été dessinée avec un ordinateur et 2/ le film d’animation prétend en l’occurrence à d’autres sensibilités.
C’est donc le thème des voyages dans le temps qui rythme en filigrane l’action du film. Adapté assez librement d’un vieux roman de Yasutaka Tsutsui, La Traversée du Temps s’apprécie comme un savoureux mélange entre un Ghibli « mineur » (ce n’est pas du tout péjoratif, prenez le délicieux Royaume des Chats 🐈 par exemple) et des approches beaucoup plus évanescentes telles que les œuvres de Makoto Shinkai, Hoshi no Koe en tête de liste. Résultat, le film de Mamoru Hosoda glisse assez élégamment du comique au plus touchant, jouant avec justesse sur les temps forts et sur une douce intrigue pour dévoiler progressivement ses qualités.
Tout cela est servi par le studio Madhouse dans un enrobage technique de qualité. À l’image de ses décors et de son animation, le scénario de La Traversée du Temps n’impose rien au spectateur, mais plutôt l’invite délicatement à savourer des teintes douces et pastelles, vous arrachant tantôt un sourire pour mieux vous prendre par les sentiments vers la fin du film. Contrairement à cette adolescente de Makoto qui cherche sa place sans le dévoiler, et cherche surtout à se positionner face à ses deux potes, Toki wo Kakeru Shojo a su se trouver dès son introduction et propose, avec une grande justesse, 1h30 d’un film de japanimation plein de charme et juste ravissant.