Tomb Raider (test)
Lara Croft 2013 (PS3 / Xbox 360)
Donner un nouveau départ à Tomb Raider n'était pas forcément chose aisée. Cela a d'ailleurs été tenté plusieurs fois depuis dix-sept ans que la série existe, sans jamais franchement convaincre la critique. Sa célèbre protagoniste Lara Croft traîne en effet deux boulets avec lesquels il est difficile de composer : une plastique rendue vulgaire par le combo décolleté plongeant / microshort qui l'empêchent d'être prise au sérieux, et un gameplay hiératique qui n'a finalement jamais su vraiment évoluer. Crystal Dynamics a donc fait table rase du passé en imaginant la préquelle de cette saga, dans un système de jeu des années 2010. Dont acte !
Ce Tomb Raider 2013 débute donc sur sa bande-annonce : la jeune et innocente Lara échoue sur une île mystérieusement dangereuse où elle se fait enlever. Démarre alors une aventure entre Uncharted pour le gameplay et Lost / Alan Wake pour l'ambiance, où le personnage va se révéler dans l'adversité de son environnement. La construction de Lara Croft est éblouissante de maîtrise : on la sent souffrir au départ, apeurée, glacée et se motivant à la moindre petite épreuve. Chaque action de sa part est ponctuée de "oh god" voire de cris et gémissements de douleur. Puis au fur et à mesure, sa détermination se développe en parallèle de ses capacités et des stigmates physiques. Le tout sans jamais se débarrasser de son délicieux accent anglais presque posh, interprété par Camilla Luddington (doublée par Alice David dans la version française).
Ce qui surprend dans ce reboot de Tomb Raider, c'est la capacité des développeurs à avoir équilibré les éléments de gameplay et d'histoire. Un petit passage trop fusillade à la moitié du jeu, puis ses retrouvailles avec d'autres passagers de l'épave manquent de le trahir, mais l'identité du game design embrasse une réelle maestria, en particulier dans les longs passages de nuit où Lara doit infiltrer, chasser, explorer et percer les secrets de l'île. Les tombeaux optionnels, véritables petits bijoux d'architecture et de puzzle, viennent compléter les clins d'œil habiles à l'affiliation de la saga. Signalons également un mode multijoueurs permettant de prolonger l'aventure sur des parties en ligne.
Pour les amateurs du Japon que nous sommes, la cerise sur le gâteau se trouve dans les environnements et la plupart de l'intrigue directement inspirés de la mythologie japonaise, puisque l'île en question (Yamatai) se situe tout proche au large du Japon, dans le mystique triangle du dragon. Le mélange avec l'archéologie d'aventure n'a jamais été aussi évident, et certains passages fleurent bon l'inspiration de destinations telles que Nokogiriyama.
Reste une seule petite déception pour cette fin de génération PS360 : le framerate qui n'atteint jamais 60 images / seconde et laisse quelques traces grossières dans l'animation, voire de sévères ralentissements dans un des environnements. Pas une raison suffisante pour bouder notre plaisir sur ce Tomb Raider nouvelle génération, véritable petite perle de fin de vie des consoles actuelles, en attendant The Last of Us.