Kencho-ji
Le plus ancien grand temple Zen de Kamakura
Kencho-ji est un temple bouddhiste de Kamakura, l'ancienne capitale du Japon au début du Moyen Âge japonais (1185-1333), située au sud de Tokyo. Il fait partie des cinq grands temples Zen de la ville, tous construits au XIIIe siècle. Il se distingue par sa taille monumentale et la variété de ses éléments dignes d’intérêts dont certains sont classés Biens culturels importants, ce qui en fait un des incontournables de Kamakura.
Fondé en 1253 par le moine Zen chinois Rankei Doryu (nom japonisé) sur ordre de l’empereur Go-Fukakusa, le temple Kencho-ji appartient à l’école de bouddhisme Zen Rinzai. Celle-ci met en avant la pratique du koan, un raisonnement s'appuyant sur une logique non conventionnelle.
L’ensemble comprenait au départ sept bâtisses principales et quarante neuf sous-temples, mais beaucoup ont brûlé aux XIVe et XVe siècles. Ils furent en partie reconstruits plus tard et il reste aujourd’hui une dizaine de sous-temples et dix autres bâtiments principaux. Plusieurs d’entre eux sont classés Biens culturels importants du Japon, dont :
- la porte Sanmon, reconstruite en 1775 ;
- le Butsuden, qui abrite l'image principale du temple ;
- le Hatto, ancien lieu de pratique du zazen ;
- la porte Karamon.
Un condensé de témoignages historiques
La grande porte Sanmon accueille le visiteur et l’impressionne par sa taille monumentale. Dans sa partie supérieure inaccessible, sont conservées des statues de Shaka Nyorai et de ses 16 disciples Rakan, ainsi que de 500 moines ayant étudié et s’étant élevés spirituellement dans ce temple. Le ton est donné : on entre dans un lieu chargé d’histoire.
S’en suit une belle allée d’arbres, dont un majestueux genévrier de Chine de 760 ans qui aurait été planté par Doryu lors de la fondation du temple. Juste en face, le Butsuden, ou pavillon de Bouddha, abrite une grande statue de Jizo Bosatsu, le protecteur des enfants et des voyageurs. L’édifice date du XVIIe siècle et se caractérise par son plafond à caisson "dans son jus" de l’époque Momoyama (1573-1603) qui provient du temple Zojo-ji de Tokyo.
Le Hatto est la troisième grande bâtisse du site, mais aussi le plus grand édifice de ce type dans la région du Kanto. Le bâtiment actuel a été reconstruit en 1814, et on y vénère à présent Senju Kannon (Kannon aux mille bras). On peut notamment y admirer :
- Unryu-zu, une sublime peinture de dragon ornant son plafond. Elle a été réalisée en 2003 pour célébrer les 750 ans du temple par le peintre et céramiste Koizumi Junsaku (1924-2012) ;
- une statue représentant Bouddha en cours de jeûne, caractérisé par son aspect décharné, juste en-dessous.
Il s’agit certainement de la salle la plus joliment décorée de tout le Kencho-ji.
Un lieu dédié à la pratique du Zen
Plus loin, la porte Karamon, transférée du Zojo-ji en 1647, donne accès au bâtiment principal Hojo où ont lieu les services religieux. Les dorures de la porte contrastent avec la sobriété de la grande salle du Hojo couverte de tatamis. Anciennement dévolu au logement des moines, l'édifice abrite à présent leur pratique du zazen, à laquelle on peut participer depuis un espace spécialement dédié.
De l’autre côté du bâtiment, un splendide jardin Zen organisé autour d’un étang se laisse contempler. L’atmosphère calme et apaisante, seulement troublée par les sons de la nature environnante, offrent une pause bienvenue avant de continuer l’exploration des lieux.
Le début de la randonnée Tenen
Le temple Kencho-ji est niché dans une vallée au fond de laquelle plusieurs volées d’escaliers mènent sur les hauteurs du site, dans une montée éprouvante mais très gratifiante :
- le premier palier signale l'entrée du sanctuaire Hansobo gardée par de sublimes statues de Tengu, des guerriers de la mythologie Shinto, disséminées à flanc de montagne ;
- un peu plus haut, une aire de repos bien située offre par temps clair une vue à la fois sur l’océan Pacifique et sur le Mont Fuji.
Un petit torii ⛩️ en pierre, duquel partent de nouveaux escaliers, marque le début du sentier de randonnée Tenen. Il parcourt la forêt et rejoint la partie est de la ville de Kamakura. Un dernier joli point de vue sur le Kencho-ji et la nature aux alentours peut être admiré tout en haut des marches.
Le temple Kencho-ji est un passage obligé, que ce soit pour les amoureux de temples japonais, les amateurs de randonnée ou ceux recherchant un petit havre de paix. Incontournable de Kamakura, il est de ces sites qui restent profondément gravés dans la mémoire.