Engaku-ji
Le grand temple de l’esprit Zen à Kamakura
Engaku-ji est l’un des plus importants temples Zen du Japon, situé au nord de la ville de Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa. Installé au pied de collines verdoyantes, il possède de nombreux pavillons majestueux dont certains sont classés, et qui s'étendent à flanc de la montagne.
On doit la fondation du Engaku-ji en 1282 à deux hommes de haut rang :
- Hojo Tokimune (1251 - 1284), 8ème régent shikken du gouvernement militaire de Kamakura et donc dirigeant du Japon à l'époque. Il est surtout connu pour avoir avoir réussi à repousser les invasions Mongoles de 1274 et 1281 ;
- et Mugaku Sogen (1226 - 1286), moine bouddhiste né en Chine et invité par Hojo Tokimune en plein cœur de la guerre contre les Mongols. Il occupe d'abord le poste de prête en chef du temple Kencho-ji.
Lieu de repos éternel et de méditation Zen
Le temple est dans un premier temps érigé afin d’honorer les âmes des nombreux combattants morts au champ de bataille, qu'ils soient Japonais ou Mongols. Après différentes périodes de déclin et de destructions accidentelles, un nouvel élan est donné à Engaku-ji vers la fin de l’époque Edo (1603 - 1868) par le moine et poète Seisetsu Shucho (1745 - 1820) qui engage une rénovation de grande ampleur.
Durant l’époque Meiji (1868 - 1912), les maîtres Zen de l'école Rinzai Imakita Kosen (1816 - 1892) puis Shaku Soyen (1860 - 1919) encouragent les prêtres bouddhistes bozu à venir en retraite au temple Engaku-ji, qui devient ainsi le principal centre de méditation Zen du Kanto. Cette réputation qui perdure aujourd'hui, avec l'organisation régulière de séances et séminaires Zen, lui vaut le surnom de "temple de l’esprit".
Une succession de pavillons remarquables
À une centaine de mètres à peine de la sortie de la gare de Kita-Kamakura, on trouve la première porte Somon qui marque timidement l'entrée du temple. Il faut attendre de contempler la seconde et imposante porte Sanmon à 2 étages pour se rendre compte de l'importance des lieux. Entièrement en bois sculpté et reconstruite en 1785, elle est ornée d’un cadre gravé du nom du temple "Engaku Kosho Zenji", d’après une calligraphie de l’empereur Fushimi (1265 - 1317). Son étage supérieur abrite une statue de Kannon aux 11 visages entourée de 16 sages.
Du côté gauche de la porte Sanmon, on aperçoit le hall Senbutsu-jo, qui est un ancien dojo de méditation pour les moines et toujours utilisé pour différents rituels. Au centre de l'esplanade, on ne manque pas le pavillon principal baptisé Butsuden qui date de 1964 et dont la taille reste impressionnante. Il consacre le Bouddha Hokan Shaka Nyorai dont on contemple la représentation en bois en intérieur après s'être déchaussés. On admire également au plafond la sublime peinture d'un dragon blanc réalisée par l'artiste peintre japonais Tadashi Moriya (1912 - 2003).
On arrive ensuite devant le Daihojo, un autre pavillon imposant qui était à l'origine la demeure du maître du temple. Il sert désormais pour diverses cérémonies religieuses, séances de méditation ou encore de lieu d'exposition des trésors du temple, évènement qui a lieu chaque année en automne à la période des koyo 🍁. La visite des principales salles est possible et l'on profite au passage de la vue offerte sur le petit jardin intérieur ainsi que le plan d'eau Myoko-chi.
Plus loin dans l'enceinte, on peut contempler de l'extérieur d'autres monuments classés, notamment :
- le Shariden, un beau bâtiment en bois brut sacré censé abriter une dent de Bouddha ;
- ou bien le pavillon à toit de chaume Kaikibyo, mausolée dédié au fondateur Hojo Tokimune, reconstruit en 1811.
L'ascension physique et spirituelle
On conseille fortement pour les amateurs de grimper les escaliers qui entourent l'esplanade principale et serpentent à travers les collines. On s'éloigne ainsi de la vie quotidienne des moines pour retrouver une certaine solitude au milieu de la nature abondante. Un grand cimetière s'élève sur le flanc nord-ouest du temple et offre un très joli point de vue en hauteur sur les toits des pavillons bouddhistes et, au loin, la ville de Kamakura.
À l’opposé, du côté sud-est, un haut escalier permet d'accéder au petit temple Benten-do dédié à la déesse Benzaiten, l'une des 7 Divinités du Bonheur étroitement liée à l’île d’Enoshima, située non loin sur la côte balnéaire du Shonan. Juste à côté, on trouve la grande cloche Ogane qui a été fondue en 1301 à la demande de Hojo Sadatoki (1271 - 1311), 9ème régent du shogunat de Kamakura, afin de prier pour la paix et l’harmonie dans le monde.
La visite du temple Engaku-ji se montre incontournable lorsqu’on vient visiter Kamakura. On apprécie l'étendue de l'enceinte qui s'élève à flanc de montagne et regorge de pavillons Zen qui ont harmonieusement pris place en ces lieux vallonnés. Les cinéphiles auront également le plaisir de visiter la tombe du réalisateur japonais Yasujiro Ozu (1903 – 1963) signalée par une stèle gravée de l’idéogramme 無 mu signifiant le "rien" de la philosophie Zen.