Pavillon de purification temizuya (ou chozuya) au Tsurugaoka Hachimangu à Kamakura

L'architecture des sanctuaires shinto

Composition typique d'un lieu de culte shintoïste

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L'architecture asiatique est facilement reconnaissable à ses toits parfois courbés, ses portes gigantesques ou les cordes shimenawa souvent apposées aux sanctuaires. Chaque pays possède ses propres caractéristiques ; ainsi au Japon, l'architecture shinto a commencé à se développer après que le bouddhisme s'y est installé. Avant cela, le pays n'avait pas de lieu de culte permanent. Les Japonais construisaient des sanctuaires pour un événement ou pour célébrer un culte à un moment donné. Par son aspect ancien (l'architecture est restée quasiment la même depuis les premiers temples fixes), on présente souvent le Japon comme un pays où l'ancien et le moderne contrastent de façon plus visible que dans d'autres pays.

Un peu d'histoire

Un jinja est un sanctuaire où réside un kami, un dieu-esprit japonais. Au départ, alors que les structures étaient temporaires, on les créait pour attirer les dieux et apporter bonne fortune au village. À l'arrivée du bouddhisme, les Japonais ont découvert le principe des temples fixes. Une fois les lieux de cultes usés par l'épreuve du temps, ils étaient reconstruits à l'identique, d'une part pour montrer l'attachement à l'architecture du pays, et d'autre part pour représenter le renouveau cyclique propre aux idées de renaissance à l'identique et de la réincarnation.

Les bases communes

Un sanctuaire shinto rassemble en réalité plusieurs infrastructures qui font de cet espace un lieu de visite non seulement religieux mais aussi esthétique. En ce sens, il ressemble aux monastères français : composé de plusieurs bâtiments, statues, mais aussi d'un jardin, ou encore de lieux de célébrations et de cultes. On retrouve généralement dans tous les sanctuaires des éléments similaires, bien que ça ne soit pas une obligation en réalité.

L'objectif principal étant de vénérer une déité, quasiment tous les sanctuaires possèdent en leur sein un bâtiment fermé appelé honden qui ''retient'' le kami, lui-même représenté par un objet shintai qui peut être une statue, une pierre sacrée ou un miroir. Strictement réservé à la divinité, le honden est protégé par une clôture tamagaki et ne peut donc être visité par le grand public. Par ailleurs, il donne le "la" concernant le courant architectural du site. On dénombre une quinzaine de styles différents dont les plus fréquents s'appellent nagare-zukuri, kasuga-zukuri, ou les plus anciens taisha-zukuri et shinmei-zukuri.

Une porte appelée torii marque l'entrée du sanctuaire. Haute de plusieurs mètres et très reconnaissable, elle est en bois et souvent peinte en vermillon et noir. À ses pieds, des statues de chiens de garde ou de lion appelées komainu l'accompagnent. Puis, des lanternes 🏮 en pierre toro bordent le chemin d'accès principal sando.

Torii au Kasuga Taisha à Nara

Dès le seuil franchi, il est de coutume de se purifier en se lavant les mains et la bouche à une fontaine en pierre, abritée sous un pavillon baptisé temizuya ou chozuya. De manière générale, deux bâtiments précédent la pièce sacrée dédiée au kami :

  • l'édifice de cérémonie appelé haiden,
  • puis parfois la salle des offrandes heiden.

Positionnés face à l'oratoire haiden, les fidèles peuvent prier de la façon commune, c'est-à-dire : l'on s'incline deux fois, puis l'on tape deux fois dans les mains et l'on s'incline une dernière fois. Un coffre en bois saisen pour les aumônes, positionné sous une cloche à faire tinter, complètent fréquemment la prière.

Cloche au Yasaka-jinja à Kyoto

On peut trouver des stands où acheter des augures, morceaux de papiers sur lesquels sont écrit des prédictions pour l'année à venir. On peut aussi accrocher des ema, une plaquette en bois sur laquelle on aura écrit un vœu. Par exemple, les étudiants y écrivent des souhaits de réussite scolaire ou d'entrée dans une bonne université.

En infrastructures annexes, l'on retient le bureau administratif du complexe shamuso et les répliques miniatures de pavillons appelées sessha.

Un lieu de vie et de célébration

Dans le culte shinto, on célèbre la vie et non la mort. C'est donc près ou au sein de ces sanctuaires que se déroulent les matsuri, et autres grandes fêtes populaires.

Setsubun au Heian-jingu à Kyoto

Le Nouvel An est célébré par les Japonais au sanctuaire, qui achètent des prédictions à 100¥ (~0,60€), et prient pour une année meilleure si elle s'avère négative. Les feux d'artifice 🎆 sont lancés et une nouvelle année commence sous ces bons auspices.

Plus qu'un lieu de culte, le sanctuaire shinto est un endroit où se retrouver en famille, entre amis ou en couple, qui habite autant la vie des Japonais que n'importe quelle autre institution. L'architecture ancienne permet de conserver des rites vieux de plusieurs siècles. C'est aussi pour ces raisons qu'on peut retrouver des modèles de sanctuaires basiques sur les bords des routes, et que des maisons sont construites à leur image, avec pour matériau principal le bois.

Mis à jour le 15 février 2022 The architecture of Japanese Shinto shrines