Près d'un Japonais sur deux se considère otaku
Hors des frontières du Japon, il y a un long débat qui règne depuis des années autour de l'étymologie du terme "otaku" en japonais. En réalité, il n'a plus vraiment lieu d'être puisque la langue de Musashi a tranché depuis bien longtemps : si la racine お宅 signifie littéralement "chez vous", l'homophone オタク désigne formellement ces individus passionnés par un genre ou un art.
Cette dérive japonaise en katakana semble s'inspirer de l'abus de langage occidental. Il y a une quinzaine d'années, être otaku au Japon c'était passer pour un antisocial. Aujourd'hui, ce statut peu envieux a dérivé vers "kimo-ota" (pour kimochi warui otaku, maniaque voire pervers) puis jusque "hikikomori" dans les cas les plus extrêmes de ceux qui ne sortent plus de leur chambre.
Depuis les années 2000, au Japon comme ailleurs dans le monde, être otaku c'est avoir une passion sincère (et certes parfois aveugle), être fan ou tout simplement expert d'un domaine. Le marché l'a bien compris et la société japonaise du produit dérivé (on dit グッズ goods en japonais) s'est adaptée à la demande en renforçant toujours plus l'offre. Pour d'autres, le terme otaku reste toujours très connoté, et donc tout aussi mal employé que lorsque certains Occidentaux se revendiquent "geek" à l'achat de leur premier smartphone 📱.
Contrairement à une idée reçue, l'otaku japonais ne l'est pas seulement pour la culture populaire (animés et manga en particulier) mais pour tout un tas de sujets possibles, notamment : jeux vidéo 🎮, sport, drama, trains 🚅 ou encore une idole / célébrité (on les appelle alors "wota"). Les quartiers de Nakano et Akihabara à Tokyo, ou encore Den-Den Town à Osaka ne sont donc pas le seul apanage des passionnés de japanimation.
Histoire de chiffrer cette récente catégorisation, la question "vous considérez-vous otaku dans un domaine en particulier ?" à été posée à 137.734 Japonais à travers ce sondage. De manière plus ou moins surprenante, 42,2% ont répondu oui (45,7% chez les hommes et 38,1% chez les femmes). Par tranches d'âge, cela donne :
- de dix à vingt ans : 62%
- vingtenaires : 55,6%
- trentenaires : 46,4%
- quarantenaires : 44,8%
- cinquantenaires : 36,7%
- sexagénaires : 26,9%
- septuagénaires : 23,1%
- octogénaires : 23,3%
Naturellement, les otaku représentent une part moins importante de la population au fur et à mesure de l'avancée en âge, puisque le temps consacré aux loisirs diminue face à celui pour le travail ou encore la famille. Il faut noter également que pour beaucoup de Japonais, parmi les plus âgés, le terme オタク représente un néologisme qu'ils ne comprennent pas forcément.
Image de une : Kojima Haruna des AKB48, groupe de j-pop au plus grand nombre de fans actuellement