Dororo, le film
Alors attention, je préfère vous prévenir de suite. Ce n'est pas parce que je voue Orange Days aux nues du genre drama que j'ai regardé Dororo. Bon d’accord, si... au moins un peu. Car de manière assez amusante, on retrouve le même binôme comme couple de protagonistes du film. Anecdotique, car Tsumabuki Satoshi et Kou Shibasaki sont parachutés dans un univers complètement opposé à celui du drama. Même Eita viendra les rejoindre, dans la deuxième partie du film, avec une coiffe historique et un rôle aux antipodes de ce qu’il fait habituellement. Allez, j’arrête avec le côté Perez Hilton…
Dororo est évidemment tiré de l'œuvre du père du manga actuel : Osamu Tezuka. Pour rappel, on lui doit quand même Astro Boy (dont le film d’animation 3D sort ces temps-ci), Le Roi Léo, Bouddha, Les 3 Adolf, Black Jack et encore pas mal d’autres petites histoires… Dororo a été publié en 1967, puis adapté en animé de 26 épisodes en 1969, et porté sur PS2 comme un beat’em all superfétatoire il y a 5 ans (essayé au Tokyo Game Show 2003 d’ailleurs). Son adaptation live est en fait une trilogie réalisée par Shiota Akihiko. Ce premier film, tourné en Nouvelle Zélande, est sorti en 2007 au cinéma au Japon et y a connu un gros succès.
L’histoire de Dororo est celle de Kagemitsu Daigo, un chef de clan de l’ère Muromachi en quête de pouvoir. Pour arriver à ses fins, il pactise avec les démons et fait offrande de 48 parties du corps de son nouveau-né, avant de l’abandonner. Il est recueilli par un sorcier qui lui greffe les membres et organes manquants (notez la métaphore du chirurgien, toujours très cher à Tezuka). Le jeune garçon développe des pouvoirs étranges et apprend à maîtriser les armes ajoutées dans son corps. Vingt ans plus tard, Hyakkimaru part en quête des 48 démons pour récupérer les parties de son corps et se venger de Daigo.
Au cours de son périple, il rencontre un voleur orphelin qu’il surnomme Dororo. Jeu de mot de la langue japonaise, puisque « voleur » se dit « dorôbo ». Au passage, dans le film, le voleur en question devient une jeune femme élevée comme un homme pour faire face à l’adversité de sa condition. Parce qu’il faut bien ajouter un soupçon de romantisme dans ce couple, et surtout parce que cela tombait à une époque où on supputait que les deux acteurs étaient ensemble. Et puis entre nous, comme jeune voleur androgyne, on a vu plus dégueulasse que Shibasaki Kô ! Ce qui permet d’ailleurs de lubrifier les quelques longueurs du film (2h20).
Au-delà de ça, ce film Dororo est plutôt fidèle à l’œuvre originale. On regrettera seulement la pauvreté des effets spéciaux et des marionnettes utilisées pour faire les monstres. Autant les Japonais sont les rois incontestés de l'animation 2D, autant les CG, rien à faire, ce n'est pas leur truc. Là, on est plus proche du sentai à la Bioman que des effets spéciaux version Hollywood (même d'il y a 10 ans). Heureusement, les décors sont de bonne facture et participent, avec le filtre numérique, d’une ambiance plutôt bien retranscrite.
Au final, Dororo est assez amusant à voir. Certes, il faut passer outre le côté un peu désuet des combats et du bestiaire, mais rien que pour voir se trémousser une bande de chanteurs de j-pop en kimono 👘 d’époque, on lui donnerait le bon dieu sans confession.