Evangelion 2.0 You Can (Not) Advance - film
Enfin! Quasiment un an après sa sortie au cinéma au Japon, le deuxième film de la tétralogie de remixes HD Evangelion a enfin débarqué en Blu-Ray / DVD au Japon. Hideako Anno revient donc sur le devant de la scène, avec son Studio Khara qui emboîte le pas de Gainax sur la production, depuis le premier Rebuild of Evangelion. Pour la sortie française, il faudra encore patienter quelques mois...
Pour fixer le petit point sémantique en japonais, comme je l'avais fait dans mon article sur le premier film, ce Shin Gekijôban Evangelion 2.0 est sous-titré « ha », du kanji de la vague (qui se lit aussi « nami »). Nami, comme dans One Piece, mais aussi et surtout comme dans le patronyme des 3 pilotes féminines de cet opus : Rei Ayanami, Asuka Shikinami (tiens tiens, un nouveau nom, comme par hasard…) et la petite nouvelle Mari Makinami. De là à y voir une supériorité féminine des Children pour ce film, il n’y a qu’un pas.
Autant le premier film d'Evangelion était un remix de luxe des 6 premiers épisodes de la série, autant cette fois, on sort du cadre originel pour introduire de nouveaux protagonistes et explorer des Eva inédites. On note donc l'arrivée d'Asuka « fan-service » Langley dans l'intrigue, de Kaji, de Kaoru et certaines relations sont chamboulées. En fait, comme Resident Evil Rebirth s'y amusait en son temps, Rebuild of Evangelion se sert de notre connaissance de l'animé originel pour déconstruire et adapter le nouveau propos. On souhaitera donc la bienvenue, encore mystérieuse, à une Mari qui pilote l'Eva-05. Mais les humanoïdes souffleront jusqu'à leur huitième itération...
Visuellement, le film est très riche, plus chargé encore en animation et en effets spéciaux que le premier. L’animation est d’une beauté à couper le souffle avec une mise en scène racée qui montre encore et toujours ce travail de Khara sur l'adaptation, pour un résultat qui est une énorme réussite. Les shito (anges) sont de plus en plus beaux et impressionnants, tout comme la nature des Eva ainsi que l'architecture et la topographie des lieux qui constituent un ensemble homogène. Il faut louer un souci du détail ahurissant dans la représentation des environnements, du plus vaste au plus intimiste, et l'intégration parfaite des protagonistes dans cet ensemble.
Mais c'est surtout dans l'émotion transmise que la technique fait très fort. Car elle s'avère au service total de l'intrigue et sait ne pas déborder sur le contenu. Résultat : les combats sont d'une puissance de mise en scène et d'une intensité narrative époustouflantes. Beaucoup des séquences, d'enquête et plus encore d’action, sont chargées et prennent vraiment aux tripes. Au niveau musical aussi, il y a eu un gros travail, entre les reprises des thèmes liés à l’histoire de la série et de nouvelles compositions haletantes censées accompagner les scènes fortes de ce film Evangelion 2.0. Bref, une mission accomplie avec brio de bout en bout !
Dans le déroulement scénaristique, le film fait de même, posant une rythmique sûre qui gère l’absence intelligente de temps mort et dévoile une grande maturité des auteurs autour d’une œuvre qu’ils chérissent depuis 15 ans. Libérés des contraintes techniques qui les bloquaient dans l'animé, on peut désormais profiter d'une proximité charnelle avec les Eva et leur univers toujours plus passionnant. Celles-ci montrent d'ailleurs un côté animal voire bestial, qui sème plus encore le doute sur leur vraie nature et trouve son point d'orgue avec le réveil de l'Eva-01 entre Shinji et Rei.
Mais... « You Can (Not) Advance », et contrairement au premier film (« You Are (Not) Alone »), cet Evangelion 2.0 ne peut éviter une issue sombre. Les protagonistes y luttent désespérément, chacun à leur niveau, pour chercher à se sortir de leur condition. Shinji, Rei et Asuka tentent de s’ouvrir aux autres, de progresser dans leurs relations et d’avoir plus confiance en la vie. Mais les anges, la NERV, la SEELE et des plans qui les dépassent littéralement ne font que les attirer à nouveau dans leur complexe. Tout est écrit, l’était déjà d'ailleurs dans l'animé et le film 2.0, s’il tente d’ouvrir sur un échappatoire, ne pourra les libérer de leur étreinte.
Et dire qu'on a encore près de 2 ans à attendre avant de pouvoir goûter au troisième volet (Evangelion 3.0 - Quickening) et supposément 4 ans pour une éventuelle sortie du dernier film, qui serait une redite complète du final de la série… si jamais il sort. En attendant, Evangelion 2.0 - You Can (Not) Advance est une friandise forte en bouche mais délicieuse, impactante et souple, qui accueille une fois de plus la maturité incandescente qu'elle méritait naturellement depuis le début. Avec ces films, l'animation japonaise touche certainement au génie.