Rebuild of Evangelion 1.01
You Are (Not) Alone
Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, Evangelion est une œuvre sinon majeure, au moins importante dans l’histoire de l'animation japonaise. C’est factuel et ce, qu’on lui voue un culte ou qu’on l’abhorre. Si vous vous êtes intéressés un tant soit peu à cette série, vous savez que le dénouement a été difficile, dans le ressenti public comme du côté de ses créateurs. Dix ans après la fin de Death And Rebirth et The End of Evangelion, la saga revient dans une tétralogie. 4 films pour réécrire Evangelion, lui donner une claque technique et enfin la conclure définitivement. Sur ce dernier point, quelque chose me dit que ce n’est pas gagné… Mais si les forums ne bouillonnent pas d’engueulades au sujet de la fin d’Eva, le monde ne tourne plus rond !
Bref, pour l’occasion, Hideaki Anno a "quitté" Gainax pour fonder un nouveau studio, χαρα (prononcer « Khara »). Et puisque les graphies ont l’air de l’amuser le monsieur, il a également réécrit le titre de la série, en utilisant 2 vieux katakana : pour les amateurs, ヱヴァンゲリヲン, ce qui n'a pas d'impact au final sur la prononciation effective. Bref. Le premier des 4 films –You Are (Not) Alone– est sorti en septembre 2007 dans les salles japonaises et le second –You Can (Not) Advance– il y a à peine un mois. Le troisième –Quickening– n’a pas encore de date de sortie donc ne parlons même pas du Final.
Les trois premiers film remixent la série de son début jusqu’à l’épisode 24, alors que le quatrième s’occupera des épisodes 25-26 et des films de 1997. Autant dire que c’est lui qui aura la plus lourde tâche, car il est promis que la fin sera « définitive et compréhensible ». Certains diront qu’il est temps, vue la complexité des 2 derniers épisodes et du Revival, que beaucoup n’ont pas cherché à analyser. Dans tous les cas, vue la qualité monstre de ce que nous venons de voir dans le 1.01, on ne peut qu’attendre les 3 suivants.
Ce prologue de Rebuild of Evangelion s’attaque donc aux 6 premiers épisodes de la série, pour se terminer sur l’opération Yashima. On a donc 3 anges / shito abattus, et pas encore l’ombre d’Asuka. En revanche, on découvre Kaoru à la fin du film, dans un twist intéressant mais que nous ne vous révèlerons pas. Dans l’ensemble, l’histoire est évidemment très proche de l’œuvre originale, mais que certains détails ont été dépoussiérés : par exemple Shinji qui ajoute, au début, que son portable ne capte pas… bien vu ! On ressent surtout que le scénario va prendre des itinéraires bis à partir du film 2 : déjà, avec l’apparition de Mari Makinami, une nouvelle pilote (oui !) et son Eva 5, mais aussi grâce à divers indices que nous vous laissons le plaisir de découvrir.
À propos, une fois que vous aurez vu ce premier Rebuild, n’oubliez pas d’aller lire cet excellent article de DarkSoul sur Maido-Rando qui s’attaque aux différences et aux nouveautés avec une patience que nous n’aurions pas. Car même si l’on veut nous faire croire que ces films ciblent aussi bien les connaisseurs que les néophytes, ces derniers n’accèderont qu’à une petite partie du plaisir contenu dans ces remakes. Certaines séquences entières sont juste copiées-collées, des plans de mise en scène aux bruitages et aux voix, et d'ailleurs ce n’est pas plus mal tant elles sont référentielles. D’autres passages innovent ou jouent le clin d’œil, le fan-service, bref titillent le connaisseur comme s’ils lui faisaient une belle gâterie. C'est toujours un plaisir !
Mais c’est techniquement que Rebuild of Evangelion explose tout. En HD 1080p, l’image est une putain de tuerie, d’une qualité époustouflante et à l’animation sans faille. Bien sûr, encore une fois, on ne jubile pas autant si l’on n'a pas suivi l’œuvre originale mais wouw… quelle claque technique ! Le redesign des Eva est fabuleux, la mise en scène dopée aux hormones, la débauche d’effets spéciaux explose les rétines et le montage a ce style et ce rythme absolument parfaits. En plus, la 3D omniprésente est d’une incrustation exemplaire, ce qui est pourtant un traditionnel point faible de l’animation japonaise. Seuls indices de sa présence : les perspectives parfaites, la fluidité sans faille et les reflets magnifiques. Il n’y a qu’à voir Ramiel, l'ange en forme de forteresse bleue volante : tout en 3D, il virevolte et se transforme dans des effets à couper le souffle. Non, on a beau chercher, la plastique de Rebuild of Evangelion est tout simplement sans défaut.
On notera également une palette de couleurs plus feutrée, plus évanescente, renforcée par une mise en scène de haute voltige qui offrent de concert une ambiance d’une profondeur encore jamais atteinte dans un produit Evangelion. Avec tout ça, c’est presque dommage que la bande-son n’ait pas été upgradée elle aussi, surtout quand on voit les excellentes compositions symphoniques réalisées pour le concert Kôkyôgaku. Heureusement, tous les seiyû (doubleurs) de la série originale ont récupéré leurs rôles respectifs, et même Utada Hikaru a repris du service et pousse la chansonnette à nouveau au générique de fin.
Nous lisions que la saga Evangelion a déjà fait 150 milliards de Yen 💴 de recettes au Japon, goodies inclus. Quelque chose nous dit qu’avec ces Rebuild of Evangelion, le score va encore grimper en flèche. Car cette tétralogie n’est pas qu’un simple remake, mais plutôt une redéfinition habile des tenants et aboutissants de la série. Vivement les suites… Juste, vivement !