Gran Turismo Portable
Je n'ai jamais été très fan de Gran Turismo. Il suffit de voir le nombre d'articles qui leur sont consacrés sur Kanpai : à part GT4 Prologue, la série est aux abonnées absentes dans nos pages. La version portable, elle, est l'une des plus grosses arlésiennes de l'histoire du jeu vidéo 🎮 : présenté en 2004, Gran Turismo PSP sort enfin, coïncidant avec la mise sur le marché de la PSP Go (émissaire du jeu dématérialisé). Ça pue donc le projet prêt depuis un bail et qui attendait une bonne occasion pour que le marketing de chez Sony daigne le proposer à la vente. Première piste de cette théorie : le jeu était offert pour toute précommande de la nouvelle PSP.
Et cette désagréable impression est renforcée par des touches très obsolètes une fois le jeu en main. On constate donc des problèmes récurrents d'aliasing très prononcé, de jointures de textures disgracieuses, de pop-up ou encore d'une désagréable rémanence (mais pour ce dernier point, c'est peut-être dû à l'écran de ma PSP première génération). Bref, côté technique, ce n'est pas aussi impressionnant que ce que j'ai pu lire dans certains tests. La boutique responsable vend sa came comme du poisson 🐟 sur un marché, à grands renforts de chiffres : 800 voitures et 35 circuits. Ok, mais dans le factuel, le jeu est surtout très hiératique : on nous ressert la même soupe à base de séquence d'intro en images de synthèse, d'un gameplay qui n'a pas bougé ou presque depuis de longues années, de la même musique toujours un peu jazzy / techno avec ses médiocres accents d'ascenseurs. Mais c'est surtout la même absence de tripes qui dérange lorsqu'il s'agit de parler IA, de dégâts ou de conditions météo, là où des concurrents féroces comme Need for Speed, Colin McRae et surtout Forza ont fait des bons de géant pendant que Polyphony modélisait à la perfection leur 657ème voiture 🚙.
Où Polyphony Digital invente, ainsi, la machine à remonter le temps : en lançant Gran Turismo PSP, on se retrouve projeté de manière assez crue dans les débuts de la génération PlayStation. Et croyez-moi, pour le game design, ce n'est pas un compliment. Il n'y a qu'à voir les temps de chargement juste interminables. La venue du jeu offre au moins une bonne nouvelle : celle de penser que GT5 n'est finalement peut-être pas qu'un mirage et qu'il pourrait, cette fois, vraiment sortir en mars 2010... On peut toujours rêver. Mais à force de se la jouer diva depuis trop longtemps, ça finit par méchamment se voir. Gran Turismo est une grosse cartouche pour Sony, et j'ai peur qu'elle ait pris l'humidité, depuis le temps qu'il fallait la tirer.
Pour GT Portable : quand le fan veut du vrai, du lourd, et qu'on lui sort un opus obsolète sans mode carrière après 5 ans d'attente, il se demande si on n'essaye pas de lui refaire le coup de Prologue. C'est peut-être du déjà dit, mais s'il a déjà payé 40€ pour la démo de Gran Turismo 5, il s'est déjà acoquiné avec la vaseline. Chat 🐈 échaudé, craint l'eau froide.