Jet Set Radio
Jet Grind Radio (test Dreamcast JSR)
Présenté dès le Tôkyô Game Show d'Automne 🍁 '99, Jet Set Radio n'a été réellement mis en avant qu'à partir de l'édition Printemps 🌸 2000. Depuis, c'est une foule d'infos et d'images qui déboulaient toutes les semaines sur les sites japonais. Jusqu'au 29 Juin… jour fétiche !
D'entrée de jeu, Jet Set Radio dévoile son côté hip-hop très marqué, tant dans l'habillage graphique que dans l'environnement sonore. Les développeurs, très jeunes, emmenés par KAWAGOE Takayuki, se sont inspirés d'une certaine culture urbaine du roller sans pour autant plonger dans l'underground. Le soft se veut accessible mais profond. On démarre une partie rapidement, après avoir constaté à l'écran-titre que JSR se joue tel un jeu d'aventure. En effet, le menu ne vous laisse guère le choix qu'entre "new game" et "continue". Pas de "free race" et c'est bien dommage, quoi que le soft nous réserve peut-être quelques surprises par la suite… Le jeu démarre par une cinématique en full 3D absolument géniale, où le DJ Professor K vous explique le principe du jeu (l'animation de DJ K est à tomber). Ensuite, les vraies séquences d'action démarrent réellement à l'issue d'un Tutorial. Sachez également que chaque Tutorial vous permettra d'obtenir un nouveau personnage.
Le principe du jeu est très simple. Il s'agit en gros d'une guerre de gangs dans la ville de Tôkyô-to (les districts sont d'ailleurs repris de la véritable Tokyo : Shibuya, Shinjuku et Tsukushima ont pour l'occasion été légèrement "retouchés"). Chaque gang, constitué d'une dizaine de membres, doit faire régner son nom à travers les différents quartiers de la ville, à l'aide de ses propres graffs. C'est Professor K qui vous file les infos par sa radio pirate, la Jet Set Radio. Yo ! Votre principal objectif dans JSR sera donc de recouvrir les graffs adverses de vos logos, puis de tagger le territoire, en échappant bien sûr aux griffes des forces de l'ordre. Vous devrez récupérer des bombes de peinture, disséminées un peu partout, et partir à la recherche de flèches qui vous indiqueront où tagger (par terre, sur un mur, sur des bus ou des camions, etc). Une barre de vie est gérée, et le temps est limité (on vous offre en général entre 400 et 999 secondes de jeu par mission). L'ambiance de rue est très bien rendue, et offre à Jet Set Radio un certain cachet que n'ont pas les autres jeux de glisse.
La première "mission" démarre donc doucement. Vous êtes largué dans le quartier de Shibuya-chô, mais votre aire d'exploration est limitée. Très vite, on se rend compte que Jet Set Radio est facile de prise en main. Tout d'abord, sachez que seuls trois boutons sont utilisés. Le stick sert à déplacer le personnage. L'analogique permet différentes vitesses de glisse, et vous pourrez également faire des dérapages ou des freinages rapides uniquement grâce au joystick. Le bouton R permet des accélérations soudaines mais pendant un court laps de temps. Le bouton L, lui, permet de recentrer la caméra derrière le personnage (à la manière de Zelda sur Nintendô 64) mais également d'amorcer un graff' - nous y reviendrons par la suite. Enfin, le bouton A concerne les sauts. JSR se révèle donc très simple d'accès, et dès la première mission vous savez manier correctement le personnage. De plus, les nombreux tutoriaux vous enseignent les mouvements ou combos les plus délicats.
Cependant, malgré le faible nombre de boutons utilisés, chaque personnage peut effectuer une foultitude de mouvements différents. Ainsi, les protagonistes pourront par exemple s'accrocher derrière les voitures pour se protéger des attaques adverses ou tout simplement parcourir la ville sans se fatiguer. Concernant les slides, tout se fait automatiquement : il suffit juste de sauter sur un rail, un bord de trottoir, de voiture 🚙, ou une rampe d'escalier pour que le protagoniste glisse dessus. Les virages en grind se prennent automatiquement. Idem pour les wall-grind, sautez vers un mur pour le rider quelques secondes. Pour ce qui est des figures, c'est la polémique. En effet, suivant la vitesse et la hauteur du saut, le personnage effectuera lui-même une figure, un grab ou une rotation au hasard (il y a 12 figures par perso). Il suffit juste de sauter pour qu'une figure se déclenche. Alors, bien sûr, cela allège et facilite grandement la jouabilité, puisqu'il y a déjà de nombreux éléments à gérer. Mais on aurait parfois aimer choisir sa rotation et son grab… En outre, il est possible d'enchaîner les figures. Ce qui donne des combos très intéressants comme slide, wall-grind puis rotation avec grab. Excellent ! Enfin, pour "le faire", n'oubliez pas de rider à l'envers - c'est très hype même si ça vous ralentit…
L'équipe de développement a énormément travaillé sur les graffs. Sachez tout d'abord qu'il en existe trois tailles. Les "small" se taggent en appuyant simplement sur le bouton L ; ils peuvent se faire dans le feu 🔥 d'une figure. Par contre, pour tagger les "large" et "X-large", vous pressez L et votre personnage s'arrête devant le mur. Le jeu passe alors en phase de graff', et vous devrez effectuer une série de mouvements affichés à l'écran pour dessiner votre œuvre (3 bombes pour les L, et 7 pour les XL) ; les directions sont du genre bas, demi-cercle, etc. Par ailleurs, il existe dans le jeu 90 graffs déjà enregistrés, alors que vous n'en possédez que 3 au début. Vous pouvez récupérer des nouveaux graffs dans les niveaux ; ils sont représentés par des items (les Graffiti Soul) souvent bien cachés. Vous pourrez même éditer vos propres graffs, puis les uploader sur le site officiel avec votre Dreamcast… Faites g(r)affe à bien récupérer des bombes de peinture disséminées dans les niveaux, sinon vous ne pourrez plus tagger.
Bien entendu, graffer dans une ville comme Tôkyô n'est pas très " politiquement correct ". Alors vous serez fréquemment ennuyés par les forces de l'ordre, qui ne vous veulent pas vraiment du bien. Au fur et à mesure de vos progressions, la police vous coursera à pied, puis à moto, ensuite l'armée déboulera avec des parachutistes, des tanks et même des hélicos munis de roquettes. Dites-vous que vous n'aurez alors rien vu, puisque quand la mafia déboulera vous aurez affaire à des ennemis autrement plus destructeurs. On peut alors se dire que c'est intéressant, que ça offre du piment au jeu, et que ça permet de casser la monotonie. C'est vrai. Mais parfois ces forces adverses se font beaucoup trop pressantes, et vous empêchent même de jouer correctement. Bien sûr, il est rare que ce soit vraiment pénible, mais cela arrive quand même.
Jet Set Radio se révèle donc vraiment original, ne montrant de surcroît presque aucun défaut. Et puis il y a surtout sa réalisation. Et là, ça calme tout le monde. L'équipe de Smile Bit (ex-AM6) a réalisé une véritable prouesse. Déjà, avec les graphismes, qui ont sacrée classe ! Franchement, depuis la claque Shenmue, on n'avait jamais vu ça. La 3D est franchement magnifique. Grâce au cel-shading, les éléments principaux ont une réelle carrure. Il s'agit en fait d'appliquer aux personnages et voitures des protagonistes un effet "dessiné" avec des contours plus épais et des aplats de couleurs. On se rapproche clairement du charme de la 2D, et on reste en plus en full 3D ! Ensuite, avec l'animation carrément hallucinante. La motion capture fait des merveilles, et crée des mouvements incroyablement réalistes. Il faut voir son personnage démarrer, accélérer puis ralentir ou déraper ; on reste scotchés au fauteuil. L'ensemble de la réalisation laisse furieusement penser à un dessin animé moderne. J'adore ! Enfin, terminons par l'environnement sonore qui dépasse les frontières du rap et du hip-hop pour parfois même s'aventurer vers la techno ou le rock. Hormis deux ou trois morceaux assez étranges (supa brotha !), la bande-son est carrément démente et colle parfaitement à l'ambiance du jeu. Ecoutez bien le mixage des chansons, on entend du scratch.
Un petit mot pour conclure concernant l'interface générale du jeu. L'ambiance est une fois de plus au rendez-vous, lorsqu'on choisit par exemple son personnage parmi les dix proposés dans un garage (un peu à la manière de 1080° sur N64). De plus, la typo utilisée dans Jet Set Radio se veut très stylisée, très "carrée" pour se rapprocher du graffiti. Sachez cependant qu'il sera beaucoup plus difficile de lire les kana, et je ne vous parle même pas de déchiffrer les kanji. M'enfin, ça n'empiète jamais sur le plaisir de jeu, et c'est le principal.
Jet Set Radio plaira bien entendu aux skaters, mais aussi à un public plus large, friand de renouveau. C'est une véritable bombe, très accessible, très fun, qu'on ne peut pas lâcher avant de l'avoir fini. Importez-le !