Kiki la Petite Sorcière (critique)
Hayao Miyazaki (Ghibli)
De l'intéressante production Ghibli, Majô no Takkyûbin, connu ici sous le titre Kiki la Petite Sorcière, reste depuis sa sortie en 1989 un des films les moins mis en avant, derrière des très ambitieux et très réussis Princesse Mononoke, Le Tombeau des Lucioles ou encore Nausicaä. Cela ne signifie pas qu'il est médiocre, mais plutôt qu'il ne joue définitivement pas dans le même registre, et ne s'adresse pas non plus au même public.
De l'avis de beaucoup, en effet, Kiki serait à réserver aux plus jeunes voire aux tout-petits, de par son accessibilité et son scénario relativement limité. Comme Si tu tends l'oreille, il n'est pas question de grand méchant ou de quête initiatique, mais plutôt d'une fable mélancolique et intimiste, celle d'une petite sorcière qui doit faire face au passage à l'adolescence, et rencontre des difficultés quotidiennes.
Bien entendu, Miyazaki oblige, le thème récurrent de la fuite dans les airs tient une place prépondérante dans le scénario, puisque l'aventure de Kiki se résume à arpenter les cieux pour son travail de livraison. L'occasion, bien entendu, de voler avec elle et d'apprécier le travail graphique sur les décors (très typés capitale européenne d'il y a un petit siècle), mais également de faire face à quelques longueurs.
A ce sujet, si le film ravit et offre sa dose de poésie, il n'oublie pas d'ennuyer sur certains passages. A cet ennui, plusieurs causes : le travail sur les personnages n'est pas exceptionnel, en-dehors du protagoniste ; si la majorité des scènes séduisent et enchantent, il faut reconnaître qu'il ne s'y passe pas grand chose ; on n'a pas eu l'impression de beaucoup progresser à la fin du film, bien qu'ayant été charmé quasiment tout le long.
Je conseillerais donc plutôt Kiki la Petite Sorcière, soit aux plus jeunes, soit aux amoureux transits de Miyazaki, qui y retrouveront de toute façon la magie et le charme de tous ses films. Les autres, je n'invente rien, chez Ghibli il y a plusieurs perles à voir en priorité.