MadWorld (test)
Alors oui je sais, ça va faire un peu vieux con de dire ça, mais depuis la fin de vie de la Dreamcast, Sega n’est plus que l’ombre de lui-même. Entre les rééditions flemmardes (Virtual On et tout ce qui traîne sur console virtuelle…), les melting-pots peu inspirés voire imbéciles (Mario & Sonic aux JO 🏅, Sega Superstars Tennis…) ou les fausses suites désastreuses (Nights…), l’éditeur mythique semble même vouloir tuer sa mascotte. Sonic et le Chevalier Noir, sur Wii, finit d’enterrer une série qui n’a pas connu de belles heures depuis bientôt 10 ans. Seuls quelques titres (Yakuza bien sûr, les Virtua Tennis et quelques autres) semblent surnager dans cet océan de médiocrité. Difficiles sont les choix d’un éditeur qui veut redresser la barre et oublier ses vieux démons. Et pourtant, malgré ce tableau bien terne, deux jeux annoncés en 2008 ont retenu notre attention : Bayonetta et MadWorld. Alors que le premier devrait sortir ces prochains mois, le second vient de débarquer. Verdict.
Tout d’abord, on ne parle bien sûr pas de la chanson de Gary Jules sur Gears of War. MadWorld est un beat’em all ultra-violent qui tire sa palette colorimétrique des essais à la Sin City. Les graphismes ne sortent du monochrome que pour tapisser des gerbes de sang ou lâcher quelque onomatopée cartoon (les plus vieux se souviendront de Comix Zone du même Sega). Pour le reste du design, on nous sert du cell-shading, inventé encore une fois par Sega avec Jet Set Radio. Premier point : ça claque ! La technique est agressive mais le parti-pris graphique est une franche réussite. On regrettera juste le choix incompréhensible du 50Hz pour la localisation PAL. Du coup, le jeu n’est pas aussi propre et plénier qu’il l’est dans sa version originale. Syndrome 1995, quand tu nous tiens… Côté technique, seule la bande-son stylée tente de nous faire oublier cette déception impardonnable.
C’est en tout cas dans le gameplay que MadWorld devait séduire. Inscrit dans une longue filiation de beat’em all qui remonte à Golden Axe, le jeu pouvait aussi souffrir de la relative décrépitude du genre. Il s’essaye cependant à une approche sensiblement évoluée, construite autour du « deathmatch » et de nombreux finishes. Les (innombrables et originaux) éléments du décor serviront à ces actions dans une course au point inscrite en fil rouge. Plutôt amusant au début, ce choix de gameplay essaye de se renouveler tout au long du jeu, parfois avec talent, ailleurs sans trop d'originalité. Les commentateurs, façon catch très second degré, auront d’ailleurs vite tendance à énerver. Peut-être surtout pour leur vague tentative, façon second degré, de dénonciation de la violence dans les jeux vidéo 🎮 ou les shows télévisés.
Premier jeu de Platinum Games (ex- Clover Studio), Madworld remplit assez correctement son contrat de beat'em all brutal. Assez proche des délirants No More Heroes et God Hand dans sa vision du jeu, il reste cependant loin de l’exceptionnel Okami. La faute à une certaine répétitivité dans son déroulement et certains passages un peu abscons (merci la caméra capricieuse). Encore et toujours, on attend donc sur Bayonetta pour savoir si celui-ci pourra relever une fois pour toutes un genre de plus en plus difficile à magnifier. Streets of Rage est encore dans nos esprits. Reste Mad World, un jeu fou, une expérience encore réussie malgré tout pour les anciens de Clover, comme pouvait l’être Viewtiful Joe en son temps.