Yakuza, suite de Shenmue
Ryu ga Gotoku = Shenmue 3 ?
Le premier épisode de la série Yakuza, connue au Japon sous le nom de Ryû ga Gotoku (« comme un dragon ») est sorti il y a 3 ans sur PlayStation 2. Les fans en attendaient déjà un nouveau Shenmue, mais ils furent rapidement déçus de s’apercevoir que le titre n’est qu’un vague mélange entre la série mythique et GTA. Curieusement, et malgré un développement coûteux (on parle de 21 millions de dollars), le premier Yakuza a eu un succès suffisant pour que 2 suites voient rapidement le jour : Yakuza 2 et Yakuza Kenzan. Cet épisode, premier à sortir sur PS3, a été considéré à tort comme le troisième opus avant que le véritable Yakuza 3 ne soit dévoilé récemment au Tokyo Game Show. Après un bref passage par l’ère des samurai, Ryu ga Gotoku fera donc son retour dans un Shinjuku moderne dès le printemps 🌸 2009.
On sait bien que les Japonais adulent leur mafia autant qu’ils la craignent. C’est en tout cas ce qui se traduit de leur présence dans les médias nippons. Beat Takeshi Kitano s’est fait une spécialité de décrire leurs états d’âme et leur vie quotidienne dans ses films. Et on ne compte plus le nombre de manga ou drama qui leur sont consacrés. Rien que sur Kanpai, on a déjà parlé de Tokyo Eyes, My Boss My Hero ou encore Ikebukuro West Gate Park. Ryu ga Gotoku n’est donc qu’un prisme supplémentaire dont le truchement romancé met en lumière lui aussi la vie d’un gang. Mais Kazuma Kiryû, le héros de Yakuza, a un passif un peu particulier. Car on peut dire avec une assurance certaine qu’il a été Ryo Hazuki, le protagoniste de Shenmue, dans une vie antérieure.
Yakuza est bâti comme un drama. Il reprend donc tous les clichés du genre : l’environnement à la Kabukichô, un héros valeureux, une histoire d’amour plus ou moins avouée et des combats sanglants qui signeront des décès importants. Et pour bien toucher un large public, on ratisse au maximum : Kiryu va à la plage 🏖, au conbini, parle avec des salary-men, etc. Tout le monde va pouvoir s’y retrouver et d’ailleurs, avec les améliorations techniques, Yakuza et son désormais photoréalisme se rapprochent de plus en plus du feuilleton. C’est un grand théâtre de marionnettes dans lequel la caméra fait des gros plans sur les visages cicatrisés qui témoignent d’une vie difficile. Les méchants yakuza, boss et sous-fifres, y sont finalement plus nobles et respectent un code d’honneur plus juste que beaucoup de personnes dans la population « normale ». Mais surtout, Yakuza est une suite spirituelle à peine déguisée du grand Shenmue.
Rappelons à l’attention de tous que Shenmue est sans doute la plus grande série inachevée de l'histoire du jeu vidéo 🎮. Élevée au rang de mythe parmi les fans de la grande époque SEGA / Dreamcast, la série a été un flop commercial sur à peu près tous les marchés, et un gouffre financier pour les producteurs du talentueux Yu Suzuki (qui aujourd’hui semble s’être retiré du marché…). Même Shenmue Online, censé redonné le sourire (et une mi-molle ?) à tous les fans de la saga, n’a finalement pas vu le jour. Et devant l’incapacité du hérisson bleu à faire ressortir du Shenmue, la série Ryu ga Gotoku s’inscrit bel et bien en tant que lettre d’excuse grandeur nature de SEGA à ses fans.
Alors certes, Yakuza est un mélange un peu bâtard entre beat’em all, RPG et aventure. Il emprunte maladroitement à des concepts forts pour en faire un mélange parfois disgracieux. Son gameplay est, pour certains, à la limite de l’obsolète alors que des choses nouvelles nous arrivent ces temps-ci (et que Shenmue innovait assez intelligemment à son époque). Mais… Yakuza, c’est une affaire qui roule et qui, en dépit de son classicisme, respire l’efficacité à tous coins de rue. Pas étonnant que Microsoft lorgne sur l'une des dernières grosses exclus PS3.
Mais c’est surtout aux fans de Shenmue qu’il s’adresse. Arrêtez donc d’attendre une suite à la saga des miroirs ; vous ne saurez jamais comme ShenFa a soulevé cette épée sans la toucher ! Autant savoir comme Kiryû gère son orphelinat à Okinawa. L’un dans l’autre, je ne suis même pas sûr qu’on y perde…