PlayStation 3 : premiers pas en détail
Et voilà, elle est enfin là. Après nous l'avoir gentiment repoussée pour des raisons de production, puis amputée de son Emotion Engine, la PlayStation 3 arrive chez nous dans une ambiance tenant plus de l'énervement et de la haine que de l'euphorie. Et il y aurait de quoi, si l'on tient compte encore d'un prix de vente de 599€ plus du tout grand public. Toutefois, malgré un acharnement de la presse et des joueurs à l'encontre du monolithe noir nouveau, je me suis quand même laissé embarquer dans l'aventure. Un lecteur blu-ray doublé d'une console de jeu prometteuse, à ce prix-là et pour autant que l'on soit intéressé, ça ne se refuse pas. Récit donc de mes premiers moments en compagnie de la bête noire (dans tous les sens du terme) du marché du jeu vidéo 🎮.
325mmx98mmx274mm, 5kg, un beau bébé
Au déballage, on peut constater que Sony n'a pas suivi la tendance de Microsoft et Nintendo de soigner également l'intérieur de la boîte. De simples cartons maintiennent la console ainsi que les accessoires. L'emballage de 7kg est plutôt fourni, avec un pad SIXAXIS, un câble USB pour le charger, un câble d'alimentation, un câble ethernet et un câble vidéo… composite. Si je ne doute pas qu'une partie des acheteurs de la PS3 vont sans doute la brancher avec ce câble, vendre une console qui mise tout sur la haute définition fournie avec le câble le plus médiocre que l'on puisse trouver relève un peu de la faute de goût. Un câble composite/composante comme celui fourni avec le pack Premium de la Xbox 360 aurait été préférable, voir un câble HDMI.
Sortie de son écrin, la machine montre, comme ce fut le cas avec la PS2, des formes peu communes pour une console de jeux.Mêlant habilement arrondis et arrêtes affûtées, la machine a beaucoup dérangé en photo et ne laisse pas indifférent une fois dans les mains. D'autant qu'elle n'est pas du genre petite, avec un volume supérieur à une Xbox 360. Mais avec sa finition noire laquée finement translucide, ses chromes, ses touches tactiles et son mange disque, la machine fait clairement classe et high-tech. Ça brille, c'est beau tout en restant sobre et ça s'offre même le luxe de donner un bon coup de vieux à sa concurrente directe, en la rendant tout de suite assez quelconque. Et avec son alimentation interne, la console ne s'encombre pas d'un bloc volumineux et souvent énervant à placer à cause de câbles trop courts. On appréciera aussi l'interrupteur à l'arrière de la machine permettant de ne pas laisser en permanence la console en veille. Parce que mine de rien, c'est qu'elle est gourmande en énergie avec sa consommation de 380 watts.
Au premier démarrage, la machine requiert quelques étapes de configuration. Très vite, l'utilisateur de PSP retrouvera ses marques, puisque l'interface est strictement la même. Une fois ceci fait, on découvre pour la première fois la séquence de démarrage de la machine. Et pour ne jamais avoir eu la curiosité de voir à quoi cela ressemblait sur le net, j'ai été assez surpris. Snobe, la PS3 s'ouvrira sur quelques notes de musique classique. D'un côté assez étonnant, pour un produit se voulant résolument haute technologie et, de l'autre, pas vraiment surprenant pour un produit que l'on pourra qualifier de "luxe". Côté Cross Media Bar (XMB pour les intimes), peu de changement par rapport à la PSP donc. On aime ou on déteste la navigation au sein de celle-ci, toujours est-il que chaque chose est bien à sa place et que l'ensemble reste assez intuitif. On notera aussi la disparition bienvenue, lors de la mise à jour au firmware 1.6, du clavier visuel façon téléphone 📱 portable au profit d'un véritable clavier. Le fond d'écran n'est pour l'instant pas personnalisable, mais les couleurs changent en fonction des mois et l'intensité de celles-ci en fonction des heures, donnant ainsi à la console une sorte de cycle jour/nuit sympathique.
Où est mon Fantavision 2 ?
priori, le line up de lancement de la PS3 n'avait pas grand-chose pour m'enthousiasmer. Entre les jeux opportunistes d'EA, Activision, Ubisoft et les autres déjà sorti chez la concurrence, ou un choix de jeux très orientés course et FPS chez Sony, il ne restait guère que Virtua Fighter 5 comme exclusivité pour me faire craquer. Mais voilà, au départ, la PlayStation 3 m'intéressait aussi surtout pour son lecteur de blu-ray, donc cela m'était assez égal. Et puis j'ai craqué pour trois titres, Motorstorm, Virtua Tennis 3 et Virtua Fighter 5. Je vous surprendrai sans doute pour le choix de Virtua Tennis 3, vu qu'il aurait été plus sensé de le prendre sur Xbox 360 pour son mode Live. Mais comme je ne joue pas assez en ligne pour justifier l'achat d'un abonnement, ce n'était pas un critère décisif. Et puis c'est un jeu pour lequel j'apprécie plus la réactivité d'une croix directionnelle et celle du SIXAXIS me convenait mieux. Pas grand-chose d'ailleurs à redire sur ce pad qui n'ait pas déjà été dit ailleurs. On a en gros un Dual Shock 2 qui ne vibre plus, avec de vraies gâchettes analogiques, assez confortables, bien que certains les trouvent un peu glissantes, un bouton PlayStation supplémentaire qui s'apparente plus au bouton Home de la Wii qu'au bouton Xbox Guide, le tout pour poids plume. Le pad est tellement léger qu'on en vient à se demander la première fois s'il ne s'agit pas d'un dummy. Gros avantage par contre, il contient une batterie au lithium à la charge ultra-rapide pour une bonne trentaine d'heures de jeu. La fonction de détection de mouvements reste par contre à l'heure actuelle un gadget assez inutile.
Pour en revenir aux jeux, objectivement, bien qu'il n'y ait finalement pas énormément de quoi m'enthousiasmer, le line up reste des plus correcte pour une personne qui n'aurait pas de Xbox 360. De plus, les trois titres de Sony sont de bonne qualité. Resistance Fall of Man, bien que très classique, reste un bon FPS, Motorstorm est une réelle surprise pour moi et Formula One ravira les fans sans pour autant enthousiasmer les autres. Je passerai par contre sous silence un Ridge Racer 7 qui ne révolutionne pas son monde et l'insipide Genji Day of Blades. La PlayStation 3 peut toutefois aussi faire tourner les jeux PSone (qui s'en soucie encore) et une partie des jeux PS2 (merci l'ablation de l'Emotion Engine). À ce sujet, j'ai testé l'émulateur avec Klonoa 2 et Kingdom Hearts (ils étaient côte à côte dans mon étagère), l'un censé passer parfaitement, l'autre avec des problèmes notables. Si Klonoa 2 n'a pas montré de faiblesses, Kingdom Hearts aura lui tendance à faire perdre ses textures à Sora par quelques courts instants. Il faudrait faire des tests plus poussés pour juger pleinement de la qualité de cet émulateur, mais comme je dispose toujours d'une PS2 en état de marche, vous ne m'en voudrez pas si je ne m'y atèle pas.
Life in blu
Outre le jeu vidéo, dont ce n'est d'ailleurs plus réellement l'activité principale, la PS3 fait également office de petit Media Center. Photo, musique, vidéo, navigation internet 📶, tout est possible sur PS3. Il suffira juste de transférer les différents médias sur la machine via le lecteur de carte mémoire, ou les CD pour la musique et prier pour que cela soit compatible. Car derrière l'apparente souplesse, il est possible que certains fichiers ne soient pas reconnus. Mais n'ayant pas testé en profondeur ces fonctions, j'y reviendrai si nécessaire. D'autant que même si la PlayStation 3 semble taillée pour laisser toutes les portes ouvertes à des services de distribution digitale, pour l'instant, l'important pour Sony est surtout de nous faire acheter des blu-ray. Et me voilà donc contraint d'aborder le point hardware sensible de la machine, à savoir la présence du lecteur blu-ray.
L'ajout est clairement coûteux et il ne fait aucun doute qu'équipée d'un lecteur de DVD, la machine aurait pu être proposée à un prix inférieur. De même son intérêt reste à démontrer pour ce qui est du jeu vidéo. Après tout, la Xbox 360 propose de nombreux jeux de qualité qui tiennent chacun (exception faite de Blue Dragon) sur un simple DVD 9. Mais en dehors des discours marketing de chaque clan et des éternels débats de fanboys sur la capacité de stockage que l'on traîne depuis la nuit des temps (cartouche vs. CD, CD vs. GD-ROM, GD-ROM / mini-DVD vs. DVD, etc.), cela sera surtout aux développeurs de nous montrer la différence. Différence qui ne se fera (ou pas) que sur la durée, avec la maîtrise de nos hardware HD. Condamner l'utilité du blu-ray aujourd'hui me semble donc assez prématuré, mais il est clair qu'il devra encore faire ses preuves auprès de nous, joueurs.
Pour Sony, par contre, la question de l'inclure ou non n'a pas dû se poser très longtemps. D'une part, cela permet de faire de la PS3 un excellent Cheval de Troie dans la guerre face au HD-DVD de Toshiba. D'autre part, cela permet de produire lecteurs et disques en masse, afin d'en réduire au plus rapidement les coûts. Donc certes, ils n'ont pas fait l'unanimité avec ce choix, mais il est totalement cohérent et nécessaire à la stratégie globale de l'entreprise.
Qu'en est-il alors de la PS3 en tant que lecteur de blu-ray vidéo ? Et bien mon premier bilan est quelque peu en demi-teinte. N'ayant pas d'autre lecteur HD chez moi, je ne pourrai pas dire si oui ou non la PlayStation 3 se défend aussi bien pour la lecture de blu-ray que ce que la presse veut bien dire. Toutefois, si la technologie est prometteuse sur le papier, les premiers films testés ne sont vraiment pas à la hauteur de mes espérances. Monster House, The Lady in the Water, Syriana et Layer Cake sont tour à tour passés dans la console et je me dis que je n'ai pas du tout fini d'acheter des DVD. Le problème ? Si le niveau de détail semble parfois là, les couleurs se montrent belles et le son est d'une clarté rarement atteinte, l'image est beaucoup trop granuleuse à mon goût. Je me heurterai peut-être à certains cinéphiles, mais je suis plutôt du genre à vouloir une image propre et nette à l'extrême, quitte à ce qu'elle passe pour être quelque peu artificielle. On attendra donc les prochaines vagues de films, à commencer par Casino Royale et Open Season (dont les bandes-annonces présentes sur le PlayStation Store pour le premier et sur le blu-ray de Monster House pour le deuxième semblent un cran au-dessus en qualité d'image) pour se faire un avis plus tranché sur la technologie. Mais après comparaison entre les versions DVD et blu-ray pour Layer Cake et The Lady in the Water, le saut qualitatif, bien qu'existant, n'est pas aussi grand qu'escompté. Dommage…
Un autre point noir concernant la lecture de blu-ray, inhérent au hardware cette fois, vient du bruit produit par la machine. Clairement, ce n'est pas autant agressif que sur Xbox 360. Mais non, malgré ce qui se dit, la PlayStation 3 n'est pas, pour moi, silencieuse. Et vu ce qu'elle embarque, je ne vois pas comment elle pourrait tourner sans avoir recours à son ventilateur. Reste qu'il n'est pas extrêmement bruyant, assez proche du bruit que faisaient les premières PS2. Donc on ne l'entendra pas en situation de jeu, ni lors de dialogues d'un film. Par contre, lors de silences ou de scènes très calmes, on l'entend quand même un peu trop, ce qui est assez ennuyeux.
Et le réseau dans tout ça ?
Quand Sony nous a présenté son PlayStation Network, c'était un peu comme nous présenter un copier-coller du Xbox Live, avec toutefois une différence de taille, le jeu en ligne ne devait pas forcément être payant (je préfère cette tournure à "il est gratuit mais certains jeux seront payants quand même"). Avec Microsoft qui a placé la barre très haut, Sony est aujourd'hui encore loin d'égaler le service de Microsoft. Rien qu'à l'inscription, sans être insurmontable, la procédure s'avère plus pénible que sur Xbox 360. Pareil ensuite pour l'intégration même du online dans le système. Ce n'est pas quelque chose d'accessible partout en tout temps, comme c'est le cas sur Xbox 360. Bref, une belle marge de progression est encore à faire. Toutefois, pour la qualité du service une fois dans une partie en ligne, c'est tout à fait satisfaisant. N'ayant que Motorstorm comme jeu jouable en ligne, j'ai été surpris d'avoir une expérience multijoueurs tout à fait conforme à l'expérience solo, sans lag, mais à laquelle il faudra être un peu patient avant de démarrer une course (j'y reviendrai prochainement dans une critique du jeu). Donc globalement, de par sa gratuité, le PlayStation Network ravira ceux qui ne jouent en ligne que trop occasionnellement pour justifier la prise d'un abonnement. Et pour la suite, il faudra surtout attendre l'arrive de PlayStation Home pour voir des améliorations significatives du service, notamment vis-à-vis de tout ce qui est communautaire, et aussi pour distinguer des éléments se démarquant de ce que propose sa rivale.
Côté PlayStation Store, la navigation se fait par une interface basée sur le navigateur internet de la machine. Dès lors ce n'est pas aussi fluide et rapide que ce que l'on connaît avec le Xbox Live Marketplace sans toutefois connaître la lenteur de la chaîne boutique Wii. Toutefois, l'interface est beaucoup plus sympathique, avec de nombreuses icônes et onglets. Reste à voir si cette manière de faire sera toujours autant pratique une fois le contenu du magasin plus étoffé. Quoique d'ici là, nous aurons peut-être une belle boutique virtuelle dans l'interface PlayStation Home où notre avatar naviguera dans les rayons pour trouver son bonheur. Le téléchargement des démos / vidéos / éléments de jeux se fait de manière totalement transparente, en arrière plan (jusqu'à six téléchargements simultanés). La vitesse de téléchargement ne semble pas avoir été bridée et j'ai même été surpris de la rapidité avec laquelle j'ai téléchargé certaines démos de plusieurs centaines de Mo, alors que sur Xbox 360, j'ai l'impression qu'il faut une éternité pour avoir nos fichiers. Les démos devant toutefois être installées après avoir été téléchargées, je ne serais guère étonné que le fichier téléchargé soit en fait une version compressée pour un téléchargement plus rapide. À voir… Reste qu'avec un Tekken 5 Dark Resurrection en haute définition pour les fans à moins de 10€ ou un Gran Turismo HD Concept limité, mais gratuit, sans oublier les increvables Lemmings, ainsi que les démos des principaux jeux distribués par Sony et plein de vidéos haute définition, le Store affiche un contenu assez intéressant dès le lancement. Ne manquent que les jeux PSone pour PSP, malheureusement toujours pas disponibles en Europe.
En parlant de la PSP, en attendant une connectivité plus complète, j'ai essayé la très inutile fonction de lecture à distance. Avoir accès à son contenu multimédia à distance, sur le petit écran de la PSP est une bonne idée. Toutefois, son exécution n'est pas terrible, avec une qualité d'image juste dégueulasse pour les vidéos et un son de piètre qualité également.
Ce n'est encore que le début…
Voilà un petit tour de mes premiers jours avec la PS3. Globalement je suis satisfait par l'objet. En fait, en termes de produit pur, je trouve que non, Sony ne se moque pas de ses clients. Avec un hardware performant à la finition assez exceptionnelle, offrant une belle palette de possibilités et en étant résolument tournée vers l'avenir, la PlayStation 3 est un investissement certes onéreux, mais qui peut valoir la peine. La politique tout en un (on vous force le blu-ray, on zappe le pack 20go, wi-fi forcé également, etc.) peut faire grincer des dents, compte tenu de son impact sur le prix de vente du produit. Personnellement je préfère cette solution à celle de proposer un contenu de base, puis de nombreux add-on, souvent plus coûteuse à long terme et un peu bancale. Les joueurs purs et durs me diront sans doute qu'on n'en a rien à faire du blu-ray ou autre contenu multimédia, que l'essentiel c'est le jeu et ils auront sans doute raison. Mais ça serait oublier qui est Sony et l'importance de ce contenu pour eux, ou le fait qu'ils avaient déjà bien préparé le terrain avec la PS2 et la PSP. Et côté jeux, la machine est promise à un bel avenir. Certes les exclusivités seront plus rares que sur la génération précédente et la bataille avec Microsoft plus rude. Toutefois, en 12 ans de jeux vidéo, Sony a su apprendre le métier et dispose aujourd'hui de quelques-uns des développeurs les plus talentueux au monde. Il y aura ainsi sans doute de quoi s'attendre à quelques indispensables de leur côté.
De belles perspectives donc, bien que je comprenne qu'on puisse trouver l'investissement dans une PlayStation 3 un peu risqué aujourd'hui. Les jeux sont prometteurs, le service online est encore basique, mais devrait s'étoffer prochainement, et enfin la technologie utilisée doit clairement faire ses preuves. Toutefois, elle semble vraiment taillée pour le long terme et si vous en avez les moyens (et accessoirement le matériel nécessaire), je ne vois pas en quoi elle pourrait être un achat regrettable. Parce que mine de rien, c'est quand même un sacré beau produit !