Presse jeux vidéo des États-Unis
Play Magazine
PLAY n'est autre que le petit dernier de Fusion Publishing, âgé de moins de trois ans. Malgré son jeune âge, transfuge qu'il est du dénommé Game Fan (l'original, pas la récente version de nos contrées), PLAY démontre avec panache que qualité de fond et de forme sont cumulables, sur une ambiance informative mais proche des joueurs. La recette du succès combinée à un niveau textuel d'une perfection presque improbable : du jamais vu ?
Ce qui choque en premier lieu, c'est la qualité du papier glacé, d'une telle rigidité qu'on a l'impression de tourner les pages deux par deux, voire trois par trois. Combinée au format réduit du magazine, avec ses deux centimètres manquants dans la hauteur, à la manière des parutions japonaises, avoir PLAY dans les mains c'est savourer l'intérêt d'un agréable de tous les instants.
Au fil des pages, une autre qualité nous frappe : la définition incroyable des photos, qui sont manifestement triées sur le volet pour ne proposer aux lecteurs que les plus propres et nettes possible. On est clairement à un autre niveau que ce qui est vu ailleurs, et ce sans l'aspect "retouché par Photoshop" qui fait le malheur des quatrièmes de jaquettes des jeux Sony première génération.
Il est plus qu'appréciable de tourner des pages dures agrémentées de photos d'une rare qualité, mises en pages intelligemment grâce à une maquette classieuse d'une efficacité rare. Le texte, écrit petit, n'est pas lourd ou difficile à lire, et complète bien la divine propreté des visuels que l'on savoure parfois sur une voire deux pages entières. Techniquement, PLAY est impeccable et c'est un ravissement que de l'avoir entre les mains.
Mais ce qui fait plus encore de ce magazine une petite merveille, c'est la compréhension parfaite du terme de journaliste par ses intervenants. La petite équipe responsable de PLAY a réellement compris ce qu'il nous fallait dans un magazine de jeu : un lien entre les professionnels du milieu et les joueurs qui sont leurs lecteurs. Dans la pratique, l'on aura aussi bien des rencontres avec les créateurs que des rapports ténus entre les rédacteurs et les lecteurs, groupes qui représentent tous deux les mêmes joueurs amoureux.
Exemple probant s'il en est : PLAY ne sacrifie pas au traditionnel et éreinté trio vedette des "news / previews / reviews". Le mag nous parle du marché, nous livre des sensations, celles de véritables joueurs qui comme nous aiment le bon jeu, et le font savoir en nous offrant leurs impressions de VIP du milieu, distillées dans cet imbroglio de rubriques parfaitement claires. Des journalistes qui ne s'attardent pas sur un verdict mais sur une sensation, qui nous livrent leurs véritables impressions et nous font vivre par procuration, discutent du marché avec nous comme ils le feraient avec de vieux potes autour d'une bonne bière 🍺.
Lire PLAY, c'est (re ?)découvrir le plaisir d'avoir entre les mains un magazine racé autant sur le fond que dans la forme, qui régale les yeux comme les méninges et élève notamment le jeu vidéo 🎮 au rang de ce que l'on attendait depuis des lustres : le journalisme de la belle ouvrage. Enfin.
Game Informer
Par Julien
Game Informer pourrait être caractérisé comme une sorte de Joypad (du moins celui d'antan) US. Un magazine qui se veut grand public, mais qui reste quand même apte a intéresser aussi les passionnés, en particulier grâce à ses nombreuses exclusivités mondiales et ses immenses dossier. Par exemple, dans le numéro 135 (juillet 2004), ce ne sont pas moins de 10 pages qui sont consacrées à Metroid Prime 2 : Echoes. Et plus incroyable encore, l'article s'avère au final bien écrit et très instructif. D'autres dossiers ponctuent encore le journal, tout comme les interview qui sont légions. Les previews disposent également d'un espace assez appréciable au sein du magazine. Réellement, il y a de quoi lire dans Game Informer. Cependant, tout ceci empiète sur ce qui représente souvent la catégorie dominante d'un magazine : les tests. D'une manière général condensés sur une page, voir une demie page, ils vont droit au but, sans trop de fioritures avec une note à la fin, des commentaires sur quelques points du jeu et un deuxième avis. Un peu trop expéditif, mais en même temps, au final, on sait s'il l'on achète ou si l'on n'achète pas.
Le ton du magazine se veut sérieux et déconne à la fois. Les articles, généralement bien écrits et intelligents montrent un grand professionnalisme de l'équipe. Mais cette équipe sait aussi se lâcher quand il le faut. On s'informe et on rigole avec Game Informer. On notera en particulier des légendes de photos souvent hilarantes, à mille lieux des classiques et peu inspirés "le bouton "A" vous permet de sauter" que l'on trouve bien trop souvent dans la presse française.
Le contenant suit le contenu. On reste sur la ligne "grand public, mais soigné quand même". En magasin, la couverture est vite repérée, avec toujours bien mis en avant la grosse exclusivité mondiale et quelques accroches qui feront vite craquer. Le format du magazine est, comme son "rival" Play, raccourci en hauteur. Une fois ouvert, l'on découvre une maquette certes classique, mais claire et sobre, afin de rendre la lecture agréable. Elle n'est pas originale, mais l'on peut parfois se demander si elle n'a pas servi de modèle à certains magazines français. Le grammage du papier est standard mais la qualité d'impression reste de très bon niveau, surtout pour les photos.
Cependant, avoir des rédacteurs des qualité et une réalisation technique de bon niveau engendre des coûts, coûts que les $5.99 du magazine ne pourraient couvrir sans une bonne dose de pub. Dose qui frôle malheureusement souvent l'overdose. Par exemple, 8 pages de publicité sont présentes entre la couverture, et le sommaire. Assez inquiétant. Et ne croyez pas que parce qu'ils ont tout condensé au début, la pub est moins présente par la suite. Le gros défaut du magazine donc, d'autant plus que, d'un point de vue pûrement personnel et subjectif, la publicité américaine n'est pas toujours très inspirée, ni de bon goût.
Mais malgré ceci, Game Informer reste un magazine qui porte bien son nom. Il informe, souvent avant ses concurrents, de ce qui se passe dans le milieu du jeu vidéo, de manière intelligente, soignée, avec une bonne pointe d'humour. Même s'il n'est idéal, Game Informer reste un grand magazine, un de ceux dont on aimerait bien voir pointer le bout de leur nez dans nos contrées.