Prince of Tennis
Tennis no Ôjisama
Je crois que le sport est, avec le shônen, le genre de la japanimation le plus connu parmi les néophytes de ce côté-ci du globe. Et ce pour la raison simple que le « Club Dorothée » nous a matraqué, entre deux épisodes de Sailor Moon et Dragon Ball, du Captain Tsubasa (Olive & Tom) et du Attacker YOU! (Jeanne & Serge). C'est, pour beaucoup, le couple d'arbres qui cache une forêt plantée par des mangaka dont l'imagination n'a de limite que la quantité de sports existant effectivement dans la vie réelle (mais si, celle où les personnages ne sont pas sur des cellulos). Le genre semblait s'essouffler logiquement, après être passé par le basket, les différents types de boxe ou encore le tennis de table. Mais début 2000, un petit dernier est apparu avec le succès qu'on lui connaît et tous les dérivés connexes, à commencer par des dizaines de tankôbon et près de deux-cents épisodes animés.
Comme ses grands-frères, Tennis no Ôjisama utilise tout un tas de codes propres à la japanimation en général et au genre en particulier. Du coup, le héros est un gamin plus-mature-que-les-autres-malgré-ses-12-ans, il a des grands yeux de chats 🐈 et cette apparence androgyne qui permet aux nanas de se cosplayer en lui. Le reste des protagonistes remplit parfaitement les quotas d'identification appuyés par l'éditeur : le bourrin, le gay, le tacticien, le ténébreux, le blagueur, l'acrobate, etc. On est presque sûrs de n'avoir rien oublié en route et, mieux encore, vous n'aurez même pas besoin de lunettes de soleil pour vous protéger des saturations sur leurs couleurs de cheveux.
L'animé commence comme on aurait pu l'écrire nous-mêmes. Premier chapitre / premier épisode : Ryoma, le héros dont-on-est-sûr-qu'il-aura-du-poil-au-pubis-avant-les-autres, revient de plusieurs années aux États-Unis. Il défie un senpai qu'il massacre de la main droite alors qu'il est gaucher. Ouah, *trop fort*, cœurs dans les yeux, culotte mouillée, tout ça. J'avoue, je me suis demandé comment, en balançant un tel rebondissement (aha) dès le premier épisode, ils pourraient conserver une bonne marge de progression. Mais c'est le genre de la maison nippone qui veut ça. Je suis sûr que si un Japonais avait imaginé Fight Club en manga, il aurait expliqué dès le premier chapitre qui est Tyler. Pour en revenir à Tennis no Ôji, cette marge existe bel et bien et j'y reviens dans très peu de temps.
Bref, le reste du manga/animé va dans le même sens que cette première séquence : les Seigaku (l'équipe de Ryoma) passeront de local à régional à national, face à des adversaires toujours plus puissants qu'ils battent à l'arraché grâce à des ressources pour le moins farfelues. Car si la série débute tranquillement, elle dévoile rapidement des coups spéciaux insoupçonnés venant des joueurs : effets spéciaux, tempêtes, coups avec effets impossibles... l'auteur nous a sorti la totale, s'inspirant de meilleurs délires de Captain Tsubasa en les mêlant aux furies made in SNK. Heureusement, c'est techniquement bien fait et les matches s'avèrent particulièrement dynamiques.
A la question de savoir si vous devez vous lancer dans Tennis no Ôjisama, je n'ai pas vraiment de réponse. Tout dépend si vous avez 178 x 25 minutes à perdre pour un animé aussi redondant que son genre l'impose et dont la fin part en sucette, face à un manga qui est toujours en cours d'édition. La série a au moins le mérite de nous livrer un bon condensé dans son film d'une heure, qui a l'immense mérite de démontrer également que le ridicule ne tue pas. Sinon, l'équipe qui dessine des super sayajin en train de jouer au tennis serait morte et enterrée bien profond.