PS4 et Xbox One : le saut de puce
Paris Games Week 2013 : test des jeux de nouvelle génération
La soirée presse du Paris Games Week, hier soir, avait deux particularités pour le moins déroutantes. D'une part, le nombre de personnes pouvant y accéder avait de quoi surprendre pour ce pré-évènement normalement réservé aux médias spécialistes (qu'y faisaient alors des enfants ?!). D'autre part, les deux zones forcément les plus attirantes cette année, les stands PlayStation 4 et Xbox One, nécessitaient elles-mêmes des "invitations dans l'invitation", l'occasion du coup d'écrémer ceux qui n'avaient rien à y faire. Malgré cela, la soirée m'a offert la possibilité de tester plus en profondeur les deux consoles de nouvelle génération qui débarquent ces prochaines semaines, ainsi que plusieurs de leurs jeux respectifs pendant un moment.
Dans cet article, je ne parlerai donc pas des nouveaux jeux Wii U dont les démos du PGW étaient grosso-modo identiques à celles de l'évènement privé du mois de juin. Mon compte-rendu complet de l'époque se trouve ici : Évènement Nintendo Wii U et 3DS 2013-2014.
Une mise à jour technique timide
Abordons rapidement la question hardware avant de nous lancer dans les jeux en eux-mêmes. La PS4 s'avère moins miniaturisée que je ne l'imaginais, en revanche je confirme adhérer à son design résolument moderne. Mais surtout, sa Dual Shock 4 confirme une excellente mise à jour, en particulier dans l'ergonomie qui évolue enfin depuis 1994 et la première manette PlayStation (les sticks analogiques apparus en 1997 n'avaient rien changé fondamentalement à sa prise en main). Côté Xbox One, on est donc bel et bien face à un monstre proche du Betamax dont le bloc secteur séparé ajoute encore à l'espace nécessaire. Quant à Kinect qui nous scrute en permanence, cela reste toujours dérangeant, comme si HAL9000 nous accompagnait "pour notre bien". J'ai également été moins séduit par la manette XBone, dont les vibrations par zones sont tout de même impressionnantes d'agrément, mais je lui trouve globalement moins d'identité et sa croix directionnelle (à base de clics) s'avère étonnamment désagréable. Après, la préférence des manettes reste clairement propre à chacun(e) mais à mon goût celle de la PS4, très naturelle une fois en main, s'impose presque comme une évidence.
Au-delà du matériel, j'attendais également beaucoup de la capacité technique en elle-même pour les jeux, en particulier cette promesse jamais atteinte d'un vrai Full HD 1080p à 60 images par seconde. Fin 2013, il serait peut-être enfin temps. Las ! Seul Forza 5 se libère réellement de la contrainte 720p / 30fps, tous les autres fléchissant sur l'une ou l'autre des caractéristiques. Sur les minuscules moniteurs Xbox One, et même côté PS4 dont la gamme d'écrans ne les magnifie pas, il est certes délicat d'en juger formellement mais n'espérez pas oublier pour de bon aliasing et framerate passable. Pire encore : les temps de chargement, notamment sur X-One, ont de quoi faire hurler. Les plus optimistes espèrent que c'est la faute aux versions alpha, mais l'empirisme ne nous incite pas à les soutenir dans cette réflexion.
Concrètement, j'ai pu tester :
- Forza 5 (Xbox One - au lancement), sans grosse surprise mais extrêmement léché et convaincant, si ce n'était cette récente baisse de résolution ;
- DriveClub (PS4 - début 2014), son concurrent direct qui peine à convaincre face à lui malgré toute sa bonne volonté ;
- Killzone Shadow Fall (PS4 - au lancement) qui offre une profondeur de champ incroyable et une belle fluidité, malgré quelques petits scintillements ;
- Knack (PS4 - au lancement), clairement réalisable sur PS3 si ce n'était pour la physique des multiples éléments qui composent son protagoniste, et encore ;
- Ryse (Xbox One - au lancement) dont la démo ne laissait rien préjuger, enfermant le joueur dans une arène bien pauvre ;
- et quelques jeux multi-plateformes (Assassin's Creed 4, Fifa 14...) dont les optimisations techniques sont si minimes qu'elles ne cachent même pas le master des itérations 2013 sur génération actuelle, logiquement pour la dernière fois.
Quant à WatchDogs, *la* tête de gondole retardée, il a été joué en direct devant nos yeux au cours d'une longue présentation, mais nous n'avons pas pu le prendre en main. Développé directement pour PlayStation 4 et Xbox One, il s'avère naturellement très beau et vivant certes, notamment dans ses effets de lumière et sa fluidité constante, mais ne parvient pas à masquer quelques désagréables et décevants effets de popping dans les distances, et ce quelle que soit la vitesse de jeu.
Un niveau qualitatif en berne
On le sait, les catalogues de sorties de consoles n'ont plus été foufous depuis les années 1990. C'est plus que jamais vérifié avec cette nouvelle génération qui débarque en novembre.
Forza 5, bien qu'enfonçant un Gran Turismo 6 terriblement obsolète, n'innove certainement pas dans le fond. Idem pour Killzone Shadow Fall qui, au-delà de sa promotion graphique, ne réinvente pas la poudre (mais le niveau d'exigence voire les choix intellectuels de certains joueurs de FPS en face reste tout relatif...). Knack, qui devait servir de plateformer gentillet, livre plutôt une douche froide et semble terriblement moyen, sans doute plus encore que Kameo à l'époque. Killer Instinct ressuscite la licence, malheureusement en free-to-play et surtout le "casualise" donc le trahit largement. Quant à la démo de Ryse, est-elle limitée à une simple arène pour cacher la misère d'un beat'em all sans âme qui repose trop sur des QTE ? Et ne parlons même pas des portages fainéants de cross-génération, qui devraient durer de la sorte pendant une fenêtre d'au moins les quelques premiers mois de leur vie. Le plus excitant était évidemment Watch Dogs, qui ne cesse malgré tout de paraître clairement extrait de la méta-histoire d'Assassin's Creed, tout comme AC lui-même n'était au départ qu'un Prince of Persia. Les récentes révélations et ponts dans AC4 confirment cette filiation à demi-mot ; espérons qu'Ubisoft ne jouera pas trop avec le feu 🔥 pour transformer une nouvelle fois les joueurs en vaches à lait.
Tout cela reste bien traditionnel voire logique pour des sorties de consoles, il faut en convenir. Et tout n'est pas morose pour autant, puisque certaines fonctionnalités ont de quoi relever la barre de l'innovation : le crossplay et la décentralisation par exemple sur PS Vita, les fonctions share, le prêt de jeux dématérialisés (surtout sur PS4 d'ailleurs, même si tout ne sera pas prêt au lancement). Mais il manque des évolutions pourtant très attendues et presque naturelles sur PC, telles que la 4K qui nous semble désormais terriblement loin. Du coup, il ne faut surtout pas s'attendre à un gap auquel quasiment tous les précédents changements de génération nous ont habitués. Signalons enfin pas mal de bugs côté Xbox One, plusieurs consoles éteintes, un multijoueurs local qui ne fonctionnait pas et même des freezes. Espérons pour Microsoft que ses vieux démons ne refassent pas surface.
Plus que jamais, à la lumière de toutes ces constatations, il est prudent de ne pas acheter l'une ou l'autre des consoles dès leur lancement. À mon sens, il est tout à fait justifié d'attendre au minimum WatchDogs au printemps 🌸, qui devrait sonner le réel début d'exploitation de ces nouvelles machines. Pour l'heure, à moins d'être un early-adopter prêt à débourser au minimum 450€, le jeu de la next-gen n'en vaut pas encore la chandelle.
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Pour celles et ceux qui souhaitent tester de leurs yeux et de leurs mains les nouvelles consoles et leurs jeux, le salon Paris Games Week est ouvert au public d'aujourd'hui à dimanche inclus, moyennant tout de même 14€ par jour et une bonne dose de patience.